D'où vient votre fascination
pour les aurores boréales ?
En 2002, j'ai eu envie de recommencer la photographie de
création, après un arrêt de plus de 20 ans. Je voulais explorer
la photographie de nuit, tels que les édifices, les ponts illuminés.
J'ai récupéré un 35 mm Minolta srt201. Dominic Cantin, un expert,
me parla de photos d'astronomie et d'aurores boréales. Il m'avertit
de prochaines aurores boréales à Saint-Michel de Bellechasse,
au Québec, et j'y ai vu un spectacle tout simplement
fantastique, caractérisé par des couleurs vives,
des rubans, des piliers verticaux et du mouvement indescriptible.
C'était ma première aurore boréale. Je suis resté passionné
par ce phénomène : recherches scientifiques, photos de photographes
scandinaves, techniques de prise de vue. Je suis devenu un chasseur
d'aurores boréales, toujours épaulé par Dominic Cantin.
Quels détails cherchez-vous à capturer lors de la prise de
vue de cette lumière ?
Ma signature artistique est caractérisée
par ces avant-plans : granges, marinas, quais. Les lentilles
permettent d'accentuer ma touche en faisant de légères déformations
volontaires de l'image. Mes prochaines photographies seront
axées sur des "corona", c'est-à-dire des manifestations
boréales directement au ciel, alors que ces collisions chimiques
dans l'atmosphère produisent des combinaisons de couleurs et
des mouvements.
Les particules solaires deviennent tout simplement divines,
du rosé, en passant par l'orangé et le pourpre.
Quels sont vos conseils pour observer des aurores boréales ?
A l'automne, les nuits longues et moins nuageuses sont propices
à l'observation, mais les mois de juin et de juillet
nous réservent de très belles surprises. Je serais comblé d'aller
faire des séjours en Norvège, en Alaska ou à l'extrême nord
du Québec pour y voir des nuits d'aurores boréales. Le Québec
est quand même favorisé et nous ne sommes pas si loin du pôle
Nord. L'arrivée d'Internet a été importante
: les éruptions solaires deviennent connues, ainsi que la vitesse
et la densité des vents solaires, son impact avec la terre puis
sa localisation près du pôle Nord puis tout près de nous. Les
sites de météo spatiale et de prévision aurorale sont des guides
d'intervention, mais il reste encore des efforts à faire : se
rendre à ces lieux de guet à des heures tardives, être solitaire
et patient ; parfois, le retour est sans trophée.
"Saisir sur pellicule" un tel phénomène paraît difficile.
Quelle est votre technique ?
Après avoir vu plus de 60 aurores boréales, dont
2 orages magnétiques majeurs, j'ai rapidement développé ma signature
en utilisant des lentilles spéciales, une Peleng 8mm et une
Zenitar 16mm, et également des lentilles 24mm et 28mm. J'utilise
des films pellicule Fujifilm 200 et 400 ISO et j'ai commencé
depuis peu l'expérience du reflex numérique. Un simple appareil
réflex 35mm avec la fonction "B" (ouverture prolongée) fait
de l'excellent travail. J'utilise 3 appareils 35mm Minolta,
le tout complété par des trépieds et des câbles souples. Pour
une petite aurore boréale en forme d'arc, un temps de pose d'environ
20 secondes sera nécessaire. Si l'aurore boréale se manifeste
rapidement et devient très lumineuse, le temps de pose baissera
à 12 à 15 secondes, ainsi que dans des cas de compositions multiples
de formes variées et rapides. Des ennemis à surveiller : les
nuages et les pleines-lunes, le temps humide ou très froid qui
mettront de la buée sur les lentilles. Ne pas oublier sa lampe
de poche et sa boussole (horizon nord-est) pour les lieux inconnus.
Patience et patience, l'aurore boréale demeure discrète et timide
pendant des heures mais lorsqu'elle se manifeste, le spectacle
dure entre 30 et 45 minutes. Courage aussi, si vous êtes seul
en pleine clairière ou dans un bois tout noir. Les reflex numériques
sont maintenant utilisés et je débute dans cette option. La
vieille méthode a un cachet plus personnalisé.
Quels sont vos projets ?
Les gens aiment entendre parler du phénomène des lumières
du nord, c`est tellement intrigant pour eux. Les projets ne
manquent pas : des expositions, un calendrier pour 2007, et
je vais continuer à améliorer le côté artistique de mes photographies,
des "couronnes" et la recherche d'avant-plans particuliers,
pourquoi pas des cimetières et des gens observateurs.
En savoir plus
» Le site Internet de Gilles
Boutin www.banditdenuit.com
» Le site Northern-lights.no
(en anglais) contient de nombreuses informations sur les aurores
boréales.
Découvrez les fonds d'écran
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Gilles
Boutin est un photographe canadien. Il se définit lui-même
comme un "chasseur d'aurores boréales", passionné par
ce phénomène naturel et sa représentation visuelle, dont
il tente de saisir les moindres détails.
