Laura Tenoudji a-t-elle profité d'une subvention de son mari Christian Estrosi ? L'affaire qui embarrasse France TV
Le maire de Nice Christian Estrosi et sa femme Laura Tenoudji, journaliste et chroniqueuse dans l'émission Télématin sur France 2, font partie de ces couples mêlant médias et politique et qui se trouvent régulièrement sous les projecteurs. Et le dernier épisode en date concerne autant la presse people que la chronique judiciaire. Jeudi, le Figaro rapportait que des perquisitions avaient été menées le jour même, à la mairie et la métropole de Nice, ainsi que dans les locaux parisiens d'une "filiale" de France Télévisions.
Non citée dans l'article, la société France TV Studio serait visée. Elle produit pour France Télévisions de nombreuses séries (Alex Hugo, Candice Renoir), documentaires et autres programmes comme Télématin, le Téléthon, ou encore l'Eurovision.
En cause, de possibles irrégularités dans l'attribution de subventions de la ville de Nice à deux événements, produits par la société, et dans lesquels Laura Tenoudji était impliquée : l'Eurovision Junior 2023 et le "Nice Climate Summit" dont France Télévisions était partenaire. Le parquet de Marseille a ouvert une enquête à l'été 2024 pour "détournement de fonds publics, prise illégale d'intérêts et recel, faux et usage de faux", après des signalements d'élus de l'opposition dénonçant un possible conflit d'intérêts.
Dans le détail, les enquêteurs cherchent à faire la lumière sur les conditions d'octroi, par la ville de Nice, de 605 000 euros pour l'Eurovision Junior et 526 175 euros pour le sommet sur le climat. En creux, il est reproché à Christian Estrosi d'avoir fait adopter ces subventions, alors que sa femme travaillait pour ces deux événements.
Laura Tenoudji, la femme de Christian Estrosi au coeur de l'affaire
Laura Tenoudji avait animé la cérémonie d'ouverture de l'Eurovision Junior en novembre 2023, retransmise en direct sur France 2, depuis l'hôtel Négresco à Nice. La journaliste devait également présenter deux tables rondes du "Nice Climate Summit", événement qu'elle avait promu, avant de se rétracter au dernier moment face à la polémique naissante.
D'autres irrégularités ont été pointées du doigt par les élus écologistes concernant ce sommet sur le climat, co-organisé avec le média La Tribune. Ils dénoncent notamment le fait que Christian Estrosi ait pris part au vote d'une convention de partenariat avec le journal, sans mentionner l'implication de son épouse. Une "mention mensongère" indiquant que le maire n'avait pas participé au vote a même été relevée dans le compte-rendu, alors que les images du conseil métropolitain prouveraient le contraire.
"Sous prétexte que je suis la femme de mon mari..."
Contacté par le Figaro, l'avocat de Christian Estrosi assure que le maire est "totalement étranger" au choix de France Télévisions de confier l'animation de la soirée d'ouverture de l'Eurovision à sa femme, par l'intermédiaire d'une filiale. Laura Tenoudji s'est pour sa part dite "consternée" par ces accusations dès le mois de décembre 2023. Dans Mediapart, elle avait assuré ne pas avoir été rémunérée pour l'Eurovision junior. "Sous prétexte que je suis la femme de mon mari, on voudrait me retirer le droit d'exercer mon métier et on se permet au passage de me faire passer pour une incompétente", avait-elle réagi dans les colonnes de Nice-Matin.
La mairie de Nice conteste toute infraction et assure qu'elle transmettra aux enquêteurs "l'ensemble des éléments utiles à l'enquête". Alors que Christian Estrosi est d'ores et déjà candidat à sa propre succession aux prochaines élections municipales, pas moins d'une dizaine de perquisitions ont eu lieu depuis deux ans dans les locaux de la municipalité niçoise, dans le cadre d'enquêtes distinctes. Mi-mars, les domiciles parisien et niçois du maire avaient même été perquisitionnés dans un dossier de statues qu'il aurait reçues de l'artiste Richard Orlinski, un proche ami de son épouse Laura Tenoudji.