Top Chef : la défense maladroite d'Hélène Darroze et Philippe Etchebest après la polémique Michelin
L'annonce devait faire événement et elle l'a fait, à la fin du mois de janvier. Mais elle a aussi provoqué la polémique. Top Chef revient en 2025, ce mercredi 26 mars, avec une nouveauté qui fait prendre un véritable tournant au concours culinaire : un partenariat avec le Guide Michelin qui va envoyer ses examinateurs juger les candidats puis, si le niveau est assez bon, décerner une étoile au vainqueur du télécrochet. Si ce mariage du vénérable Michelin avec Top Chef a fait un effet boeuf dans la presse, il s'est aussi attiré les critiques de nombreux observateurs, et notamment du milieu de la gastronomie.
Intégrer le Guide Michelin, réputé pour son sérieux, à une émission de divertissement comme Top Chef serait, selon les critiques, une atteinte à son image et à son intégrité, mais aussi un bras d'honneur aux chefs qui ont consacré une partie de leur vie à décrocher une étoile, alors qu'il suffit désormais de réussir une recette ou deux à la télévision pour l'obtenir. Même Michel Sarran, ancien membre du jury de Top Chef, s'est fendu d'un commentaire acerbe sur cette idée, dictée selon lui par le marketing.
Face au tollé, il a bien fallu que les autres têtes de gondoles de Top Chef montent au créneau. En conférence de presse et dans les médias, Hélène Darroze, Paul Pairet et Philippe Etchebest ont ainsi défendu l'association du programme et du Guide Michelin. Pas toujours avec habileté.
Un mot clé pour Top Chef et le Guide Michelin : la "légitimité"
D'abord "surpris" de leur propre aveu, les cinq jurés de cette saison 16 de Top Chef ont tous défendu un partenariat qui "a du sens" (Philippe Etchebest) et qui serait "tellement évident" (Hélène Darroze) qu'il ne poserait même pas question. Le tout a été enrobé dans des éléments de langage, déclinés dès la conférence de presse de présentation, en janvier dernier.
"Maintenant qu'on a tourné, on peut se dire que c'était un partenariat qui avait du sens dans la mesure où c'est l'association de deux très belles marques qui représentaient la gastronomie de façon très complémentaire", assure ainsi Philippe Etchebest, quand Paul Pairet estime que "le Guide Michelin est plus discret, mais a une vraie légitimité dans le jugement culinaire, tandis que Top Chef est un accélérateur de carrière qui a pris de la légitimité".
Pour Hélène Darroze, faire venir le Michelin dans Top Chef donne d'ailleurs "une légitimité incroyable" au programme et serait "une belle opportunité" pour les candidats, qui pourront ainsi "se voir juger par des professionnels". On pensait que c'était déjà le cas compte tenu des chefs présents au casting, mais passons.
Etchebest met le pied dans le plat, puis s'enfonce
Les jurés de Top Chef ont bien tenté d'anticiper les "préjugés", le "débat", voire la "polémique" que le mariage de Top Chef et du Guide Michelin allait soulever, ils ont beau avoir expliqué que tout cela était "plutôt bien amené et bien construit" dans cette saison, ils ont tout de même eu du mal à convaincre. "Certains se diront que c'est frustrant qu'un jeune candidat, au bout de deux mois, va pouvoir potentiellement décrocher une étoile alors que certains, pendant des années, n'y arrivent pas ou ont réussi après plusieurs années", a ainsi pointé Philippe Etchebest, mettant le pied dans le plat directement.
Puis il s'est un peu enfoncé, en indiquant que, contrairement à l'examen des restaurants qui se fait incognito, le Guide Michelin a cette fois participé à Top Chef sans se cacher. "La différence, c'est que les candidats savaient que le Guide Michelin allait goûter les plats, ce que l'on ne sait pas dans nos cuisines, et qu'ils sont dans des conditions de concours. Ça rajoutait une difficulté supplémentaire", estime le chef étoilé. On aurait pensé au contraire que c'était un avantage.
Hélène Darroze n'a pas fait mieux. Vantant un jugement des plats au millimètre par les examinateurs du guide rouge, la cheffe landaise a livré quelques détail sur la méthode : "Là où nous mettions 3 minutes à juger une assiette, ils en mettaient 15. C'est d'une puissance et d'une précision !" Délivrer une étoile sur une poignée d'examens de 15 minutes, c'est en effet une prouesse qui en étonnera plus d'un...
"Des chefs avec une étoile qui n'ont pas le niveau des deux finalistes" de Top Chef
Face aux lecteurs du Parisien ce dimanche, les jurés de Top Chef en ont remis une couche avec encore quelques mots qui pourraient avoir l'effet inverse de celui souhaité. Ils ont d'abord voulu rassurer en expliquant que le Michelin n'attribuerait qu'une "étoile éphémère, si tant est qu'elle soit attribuée", sachant que la finale n'est pas encore tournée.
"On savait que ça allait faire causer. Bien sûr, des gens attendent des années avant d'obtenir une étoile, certains n'en ont jamais", a également redit Philippe Etchebest. Et pour défendre le travail des inspecteurs du Michelin, il a indiqué que "les inspecteurs vont goûter huit fois les plats des candidats, on peut rapprocher ça aux 2, 3 ou 4 visites dans l'année pour accorder une distinction… Globalement, et là ça a du sens", a-t-il estimé.
Etchebest rappelle aussi que "beaucoup d'anciens de Top Chef ont gagné leur étoile". Mais c'est Stéphanie Le Quellec, juré pour la seconde fois cette année, et Hélène Darroze qui ont sorti les punchlines les plus violentes contre les critiques. La première en indiquant avoir "plusieurs fois dégusté des plats d'un niveau qu'[elle] ne retrouve pas dans certains une-étoile", la seconde en jugeant "qu'il y a des chefs avec une étoile qui n'ont pas le niveau des deux finalistes de cette saison". Le Michelin et ses étoilés apprécieront.
21:09 - Une autre nouveauté plus consensuelle dans Top Chef
La plus grande surprise de cette édition 2025, en dehors du Guide Michelin, concerne sans conteste "La Brigade cachée". Après Hélène Darroze puis Pierre Gagnaire, ce sont deux chefs triplement étoilés qui reprendront cette fois les rênes de ce concours parallèle, permettant de repêcher un candidat éliminé : le confirmé Éric Frechon, déjà aperçu à plusieurs reprises dans Top Chef, et la révélation Fabien Ferré, qui est devenu à 35 ans le plus jeune chef trois étoiles de France. Un duo inédit et prestigieux.
20:06 - A lire : Top Chef et le Guide Michelin n'ont pas laissé de bons souvenirs à Michel Sarran
L'association de "Top Chef" et du Guide Michelin, énorme nouveauté de la saison 16 du programme culinaire, a été vivement critiquée par son ancien chef Michel Sarran... On comprend que ce mariage passe mal.
19:04 - Top Chef 2025, "menu entrée-plat-déceptions"
Parmi les autres critiques contre Top Chef, Libération titrait début février un billet acerbe titré "menu entrée-plat-déceptions", pointant les failles de ce partenariat. "D'un côté, une émission qui arrive sur sa seizième saison, dont les audiences l'année dernière ont été les plus mauvaises de son histoire, et qui ne sait plus trop quoi inventer pour convaincre les spectateurs de passer trois heures devant leur télé chaque mercredi soir. De l'autre, un guide régulièrement décrit comme en perte de vitesse, souffrant de la concurrence d'autres listes internationales et peinant à se débarrasser d'une image vieillotte pour bourgeois bedonnant de province, Bibendum oblige, malgré des conseils que l'on trouve souvent pertinents", pouvait-on lire.
18:02 - Qu'est-ce qui ne passe pas dans l'association de Top Chef et du Guide Michelin ?
Sur les réseaux sociaux, des professionnels ont dénoncé dès le mois de janvier une alliance qui risque de dénaturer l'esprit du célèbre guide, en encourageant un peu plus la starisation des chefs. Certains ont fait part de leurs craintes de voir les célèbres étoiles désormais "guidées" par la télévision. Même Michel Sarran, ancienne figure de Top Chef, s'est montré très critique sur ce partenariat, dénonçant avant de nuancer ses propos. "Pour obtenir l’étoile, on nous disait qu’on était jugé sur la régularité, l’identité du chef, la qualité du produit, les techniques… Mais aujourd’hui, c’est devenu la Star Ac", avait-il notamment dénoncé sur les réseaux sociaux.