Après l'avoinée de son patron en coulisses, Léa Salamé passe sous surveillance
C'est une bourde qui continue de faire des remous dans les couloirs de France Télévisions. Lundi, les journaux de 13 heures et 20 heures de France 2 ont commis une erreur de taille en affirmant que le professeur Dominique Bernard avait été assassiné en 2023, après avoir "montré des caricatures de Charlie Hebdo" à ses élèves. Une confusion avec les circonstances de l'assassinat de Samuel Paty en 2020, également tué par un islamiste.
C'est le JT de 13 heures, présenté par Julian Bugier, qui a commis la première bourde, le lancement sur Dominique Bernard ayant ensuite été copié-collé pour le 20 heures, alors que l'erreur avait été remontée entre temps. Si France TV plaide l'erreur collective, Léa Salamé, déjà ciblée depuis sont arrivée aux commandes du JT pour plusieurs déconvenue, se trouve en première ligne. "C'est une faillite collective et c'est Léa Salamé qui prend", s'est agacé un cadre de l'info dans Le Parisien cette semaine, qui regrette que la présentatrice soit victime d'un "tir aux pigeons".
Les remontrances du patron de l'info par mail
Léa Salamé, comme Julian Bugier, ont rapidement présenté des excuses publiques mardi en corrigeant l'erreur, mais la polémique n'en est pas retombée pour autant. Car cette bévue intervient après plusieurs dérapages et choix éditoriaux questionnés ces dernières semaines dans les JT de la chaîne publique. L'interview maladroite de Marion Cotillard par Léa Salamé ou sa couverture contestée d'une manifestation du mouvement "Bloquons tout" le 10 septembre avaient déjà fait grincer des dents.
Mercredi soir, l'absence remarquée de Gaëlle Paty, la sœur de Samuel Paty qui devait initialement être l'invitée du journal pour parler de son livre "Au nom de mon frère", a encore un peu plus jeté le trouble. Officiellement lié à un retard de train selon France 2, ce lapin a alimenté les rumeurs d'un possible malaise. Et en interne, cette accumulation commence à faire tanguer le navire amiral.
Dans un mail interne dévoilé par l'AFP, le directeur de l'information Alexandre Kara a secoué ses équipes, reprochant une "erreur d'importance". "Ce type d'erreur ne peut pas se reproduire. Je rappelle donc l'ensemble des équipes rédactionnelles à une vigilance renforcée", a écrit le chef réclamant "la plus stricte vigilance" à ses équipes, assurant qu'"il en va de la crédibilité de l'information de service public".
Après la bourde du 13 Heures et du 20 Heures de France 2 sur les conditions de lassassinat du professeur Dominique Bernard, Alexandre Kara, le patron de linfo de France Télé, appelle dans un mail collectif à une vigilance renforcée après une erreur dimportance . pic.twitter.com/ELVfZiYAYS
— Benoît Daragon (@bendarag) October 14, 2025
"Nous allons devoir encore améliorer la chaîne de contrôle éditoriale des textes de nos éditions, pourtant importante, mais visiblement pas suffisante", prévient-il, rappelant qu'il "existe une charte du rectificatif qui doit être impérativement appliquée, toute erreur doit être corrigée dès son identification, en cours même d'édition s'il le faut". Alexandre Kara a aussi annoncé une analyse de "la chaîne des événements qui a conduit à ce ratage". Un recadrage en bonne et due forme pour Léa Salamé et les équipes en charge de l'info.
Léa Salamé et l'info de France TV critiquée par les syndicats
Pour certains observateurs, le mal est plus profond que le seul couac du 13 octobre. Dans un communiqué cinglant, la CGT de France Télévisions a jugé mercredi que "le 20h est en train de couler" à cause d'un "cocktail toxique" mêlant "ploutocratie, méritocratie, endogamie, réseau, élitisme". Le syndicat pointe "une faillite d'un système forgé pendant plusieurs dizaines d'années au sein de l'antenne de France 2". "Les dérives éditoriales qui s'accentuent depuis la rentrée sont le signe d'un système arrivé à bout de souffle", estime la CGT dans son communiqué au vitriol. "Ce ne sont plus les journaux de la rédaction, mais du petit groupe de décideurs éditoriaux."
Le syndicat des journalistes SNJ a lui dénoncé "une faute impardonnable" et "des dysfonctionnements internes très inquiétants", réclamant une réunion avec la direction. "Comment la même erreur, grossière, a-t-elle pu être commise deux fois le même jour ?", s'est interrogé le syndicat des journalistes.
Traduction : une uniformisation des sujets et des traitements pointée du doigt, avec "aucune diversité, récurrence de sujets sur des thématiques autour du fait divers, de la consommation et du people, unicité des approches et de la pensée". Autant dire que Léa Salamé est désormais plus surveillée que jamais à chaque prise d'antenne, du lundi au jeudi à 20 heures.