Protocole commotion au rugby : c'est quoi ? Quand ? Quelles question posées ?
C'est désormais devenu fréquent au cours d'un match de rugby : voir des joueurs rentrer au vestiaire en raison du protocole commotion. Avec des gabarits qui ne cessent de croître au fil des saisons et l'évolution du sport d'évitement vers un sport de collision, l'ovalie est régulièrement le théâtre d'impressionnants chocs entre joueurs sur un terrain. Plaquage à l'épaule, déblayage tête contre tête, percussion le coude en avant… Les situations dangereuses sont légion. Et si cela impressionne ou inquiète le public, la santé des joueurs est surtout en jeu. Ainsi, en vue d'assurer une meilleure protection des professionnels (mais aussi des amateurs), le protocole commotion a été mis en place. Qui décide quand il s'applique ? Quel est le processus ? Que se passe-t-il dans les vestiaires à l'abri des caméras ? Explications.
Dans quels cas le protocole commotion est-il engagé ?
Le règlement de World Rugby prévoit que le protocole commotion s'applique dans plusieurs situations. Selon le fait de jeu, une sortie a minima momentanée pour une évaluation de l'état de santé du joueur est décidée. Elle peut aussi être directement définitive. La plupart du temps, c'est en vue d'une évaluation que le processus est engagé. Cela trouve son origine dans l'une de ces situations, dont les deux premières sont les plus courantes, notamment après un déblayage dans un ruck ou un plaquage trop haut par exemple :
- Évènement d'impact à la tête sans diagnostic apparent immédiat
- L'événement à l'origine de la blessure est perçu comme susceptible de déboucher sur une blessure commotionnelle
- Changements de comportement éventuels
- Confusion éventuelle
- Signe temporaire possible d'un symptôme entraînant une sortie définitive (liste ci-après)
- Autres symptômes ou signes suggérant une suspicion de commotion cérébrale
Par ailleurs, World Rugby a donc établi des situations dans lesquelles la sortie du joueur est, de facto, définitive :
- Suspicion de perte de connaissance
- Convulsions
- Crise tonique posturale
- Troubles de l'équilibre / ataxie
- Clairement hébété
- Désorientation du joueur : temps, lieu ou personnes
- Clairement confus
- Changements de comportement évidents
- Signes oculomoteurs (par ex nystagmus spontané)
- Identification sur le terrain d'un signe ou symptôme de commotion cérébrale
- Joueur de moins de 19 ans
Qui peut demander une évaluation en vue d'un protocole commotion ?
Le règlement de World Rugby prévoit qu'un protocole commotion peut être demandé par le personnel médical de l'équipe du joueur concerné, l'arbitre ou le médecin indépendant prévu par World Rugby. Tout membre médical de l'équipe adverse ne peut pas faire de demande.
Qui réalise le protocole commotion ?
Le protocole est ensuite réalisé soit par le médecin d'équipe, assisté du médecin indépendant de World Rugby. Ce dernier peut réaliser l'évaluation tout seul si le médecin d'équipe lui en confie la mission.
Quel est le protocole dans les vestiaires ? Quelles sont les questions posées ?
Lorsqu'un joueur sort momentanément sur protocole commotion, celui-ci doit se soumettre à un certain nombre de questions. Les résultats entraîneront son retour ou nom sur le terrain. L'évaluation passée dans les vestiaires s'appelle SCAT5 (Sport Concussion Assessment Tool – 5th Edition, soit Outil d'évaluation des commotions sportives – 5e édition).
Lors de son arrivée dans le vestiaire, le joueur doit remplir une grille d'évaluation de divers symptômes, de 0 à 6 (maux de têtes ; douleur dans le coup, vision trouble, sensibilité à la lumière ou au bruit, problèmes de mémoire…). Ensuite, un examen cognitif est réalisé grâce à des questions (quel jour/semaine/mois/année sommes-nous ? quelle heure est-il ?), puis un exercice de mémoire immédiate : une liste de cinq ou dix mots est dite par le médecin puis le joueur doit la répéter, peu importe l'ordre. Un exercice similaire avec une liste de chiffres et de mois à redire dans l'ordre inverse est également à faire.
Le médecin procède ensuite à un examen neurologie, avant de soumettre le joueur à un test d'équilibre. Le protocole se conclut par un exercice de mémoire différée, à savoir que le joueur doit répéter la liste des mots évoquée précédemment. A l'issue de l'ensemble de ces examens, le médecin décide du retour ou non en jeu du joueur.
Combien de temps le protocole commotion dure-t-il ?
Le protocole commotion dure 12 minutes fixes. C'est-à-dire que ce sont 12 minutes de temps réel et non pas de temps de jeu. Lorsque, au cours du match, le chronomètre est arrêté, le délai ne s'arrête pas pour le protocole commotion. Par ailleurs, un joueur apte à reprendre sa place sur le terrain ne peut pas à nouveau rentrer en jeu avant la fin de ces 12 minutes.