Jin Shirayama, l'artisan derrière les logos et les couvertures de vos mangas préférés
                                                                                                                                                                
                                                                                        
                    
                         
                        
Derrière chaque couverture de manga mémorable, il y a un regard attentif, un assemblage de couleurs équilibré, un logo conceptualisé avec soin, un choix de typographie en harmonie avec l'œuvre. Pour des centaines de mangas, c'est Jin Shirayama, designer au studio Bay Bridge, qui a façonné ces identités visuelles uniques.
Logos de mangas ou de magazines, couvertures, PLV (publicités sur lieu de vente)… Le designer émérite a donné vie, au fil de sa carrière, à une myriade de designs iconiques.
Collaborant avec des maîtres tels que Mitsuru Adachi, Rumiko Takahashi et Gôshô Aoyama, Jin Shirayama allie exigence et sensibilité pour capter en un coup d'œil l'intérêt des lecteurs, tout en restant d'une lisibilité sans reproche. Ses créations ont remporté de nombreux prix et inspirent toute une génération de lecteurs et de designers.
Dans cette interview exclusive, l'artiste révèle à Linternaute.com comment il traduit l'univers d'un auteur en image et partage ses anecdotes et souvenirs, offrant une plongée rare dans l'art du design manga.
Comment êtes-vous arrivé à ce métier de designer de logos et couvertures de mangas ?
Jin Shirayama : Depuis l'école primaire, je m'intéresse à la conception de magazines et de livres. J'appréciais particulièrement les couvertures des ouvrages Niji-Iro Tôgarashi et Slow Step de M. Mitsuru Adachi. Après avoir rejoint l'entreprise Bay Bridge Studio, j'ai appris que le président de notre société avait conçu la couverture de Niji-Iro Tôgarashi, ce qui m'a beaucoup réjoui.
 
Quand avez-vous pris cette décision et quelles études avez-vous réalisées ?
Lorsque j'étais au lycée, je nourrissais le désir de me consacrer au design de revues et d'ouvrages. Après l'obtention de mon diplôme de fin d'études secondaires, je suis entré dans une école spécialisée afin d'y étudier le design graphique.
Parmi les divers domaines que recouvre le design graphique, c'est pour le design de revues et de livres que mon inclination était la plus vive ; j'ai choisi un établissement proposant un cours de design éditorial.
D'où vient votre amour des mangas ?
Le déclic est arrivé alors que j'étais écolier. C'est en découvrant l'anime Touch, qui était diffusé à cette époque, que tout commença. Devant ma passion pour cette œuvre, mes parents m'ont offert les mangas ainsi que divers produits dérivés.
Est-ce que vous vous souvenez du premier logo que vous avez désigné ? Et de la première couverture ?
Il me semble que mon premier logo est celui du manga Moshida de maître Taishi Mori. Et pour la première couverture de manga, il s'agit d'Idejû !, du même mangaka. J'étais tout simplement ravi d'avoir reçu cette commande de design.
Ces deux mangas sont des œuvres qui étaient sous la responsabilité éditoriale de monsieur Takenori Ichihara. Par la suite, M. Ichihara m'a également confié les commandes pour les logos et couvertures de Cross Game, Q and A et Mix de Mitsuru Adachi. Ainsi que les couvertures des magazines Weekly Shônen Sunday et Gessan.
 
Vous avez créé le logo du magazine Gessan Sunday. Quelles sont les principales difficultés lorsque l'on crée un logo dans un univers déjà existant ? (la charte graphique du magazine Sunday)
Gessan est une revue appartenant à la marque Sunday, mais je me souviens que, lors des réunions préparatoires, on m'avait indiqué qu'il n'était pas nécessaire d'accorder une attention excessive au logotype du Weekly Shônen Sunday. De ce fait, il me semble qu'il n'y eut pas de contraintes particulières.
À titre d'anecdote, au stade du projet initial, Gessan portait encore le titre Gessan!. À l'occasion du lancement de Gessan, j'ai élaboré de nombreux projets de logotypes ainsi que des esquisses de couvertures. En vérité, cela aurait dû me laisser des souvenirs empreints de difficultés ; cependant, tant à l'époque qu'aujourd'hui encore, je ne garde guère l'impression d'un labeur pénible.
Je pense que c'est parce que la personne en charge, M. Ichihara, veillait avec une grande sollicitude à ce que je ne ressente pas les pressions provenant de divers horizons, en tenant compte de mes besoins tant dans ses requêtes de design que dans l'organisation du calendrier. Je lui en suis reconnaissant.
 
Pour ce qui est du logotype de la revue Gessan, deux versions furent retenues : l'une simple, l'autre agrémentée d'un contour. J'ai considéré que ce choix reflétait parfaitement le concept propre à Gessan, une revue certes destinée à la jeunesse, mais que les lecteurs adultes pouvaient également apprécier.
 
Quand vous créez un logo de manga ou une couverture, de combien de temps disposez-vous ?
Entre la tenue des réunions préparatoires et le moment où je présente les esquisses de design, il m'est généralement accordé un délai d'environ dix jours. Aussi bien pour un logo que pour une couverture.
Est-ce que vous discutez avec le mangaka ou le tantô pour cerner l'essence de l'œuvre ?
Lorsqu'il s'agit d'une œuvre nouvellement sérialisée, je m'efforce, dans la mesure du possible, de lire le manuscrit du premier chapitre. De plus, je veille toujours à interroger l'éditeur à propos de l'image de design qu'il souhaite voir réalisée. Dans le cas où l'auteur lui-même possède une vision précise, il m'arrive également de recueillir auprès de lui des indications détaillées concernant le design désiré.
Entre police de caractères ou logo stylisé, comment choisir quel type de logo créer ?
Quand je crée le logo d'un manga, je réfléchis à ce qui convient à l'œuvre, à ce qui pourra réjouir les lecteurs, ainsi qu'à ce qui favorise une lecture aisée.
Comment vous est venue l'idée d'ajouter une icône de trèfle à quatre feuilles dans le logo de Cross Game de Mitsuru Adachi ?
Lors de la réunion préparatoire, il m'a été demandé de réaliser un design incluant un " × " (croix). De plus, on m'a exprimé le souhait de voir également une version comportant une icône dont le centre des feuilles du trèfle formerait un " × ".
 
Je me souviens avoir été très heureux lorsque j'ai lu le premier chapitre et que j'ai vu que le logo Cross Game que j'avais créé ressemblait beaucoup à celui du Café Clover qui apparaissait dans l'œuvre.
 
Après un événement dans le manga, le logo évolue et une des feuilles change de couleur. Comment avez-vous eu cette idée ?
Il me semble que cette idée vient soit de maître Mitsuru Adachi, soit de M. Takenori Ichihara, l'éditeur chargé du titre.
Lors des réunions avec M. Ichihara concernant la page en couleur de Cross Game destinée au Weekly Shônen Sunday, il y eut un moment où l'on m'exposa le déroulement futur de l'intrigue, et c'est à cette occasion que j'ai entendu l'idée de faire évoluer le logo.
Je crois que cette discussion a eu lieu lors de la préparation de la page en couleurs du quatrième ou du huitième chapitre.
Je me souviens avoir été profondément surpris de prendre connaissance, si peu de temps après le début de la série, de certains éléments qui allaient constituer le cœur de l'intrigue à venir.
À l'occasion du lancement de la deuxième partie de Cross Game, dans le numéro 40 de 2005 de Weekly Shônen Sunday, tant la couverture du magazine que la page en couleurs virent la teinte de l'une des feuilles du logotype modifiée.
 
Quand il y a plusieurs éditions : tome normal (tankôbon), tome double (first wide), perfect edition, vous retravaillez le logo. Pourquoi cela ?
Le logo de la série que je conçois initialement est souvent un logo voyant et accrocheur destiné à se démarquer lors de la publication dans le magazine. Étant donné que la page comporte le titre de l'œuvre ainsi que des accroches publicitaires ou des textes promotionnels, il est fréquent de privilégier un style flamboyant.
Il se peut toutefois que l'usage direct de ce "logo de sérialisation" pour la publication en volume relié rende le design trop voyant. Dans ce cas, il m'arrive de concevoir un "logo de tomaison".
Pour les éditions wide (tome double, NDLR) et les éditions bunko (poche, NDLR), les éditeurs nous demandent souvent de créer des designs destinés à un public adulte. Nous modifions alors le logo en fonction de ces exigences.
Il arrive également que, par souci de respecter le ressenti des lecteurs de l'époque, on choisisse délibérément de conserver le "logo de série".
J'ai également eu l'occasion de réaliser le design des œuvres de maître Mitsuru Adachi pour le produit exclusif aux supérettes My First Wide. Dans certains cas, il m'est arrivé de solliciter, auprès de la personne en charge (M. Matsui), l'autorisation d'utiliser le logotype de la série originale, en lui demandant expressément cette faveur. Je remercie le responsable d'avoir obtenu l'autorisation d'utiliser le logo auprès du designer de l'époque.
 
Chaque édition de Cross Game a un design de couverture différent. Pourquoi ?
Plutôt que de lister et expliquer les différences, je vais vous expliquer mon approche sur chacun des designs dont j'ai été en charge.
Pour les premiers volumes reliés, je souhaitais utiliser des couleurs que je n'avais guère employées jusqu'alors (orange et vert), tout en respectant le style des illustrations de maître Mitsuru Adachi. Ce design s'inspire notamment des couleurs du trèfle. Je me souviens également d'avoir discuté avec la personne responsable, M. Ichihara, afin de marquer une différence avec l'œuvre précédente, Katsu! (rouge et bleu).
Lorsqu'on m'a confié la réalisation de l'édition de poche, j'avais des illustrations que je tenais absolument à utiliser. Il s'agit des illustrations figurant dans les tomes 1, 5, 10 et 11 de l'édition de poche. Je me souviens d'avoir insisté fortement auprès de la personne responsable, M. Matsui, afin qu'elles soient adoptées. Cross Game possède de nombreuses illustrations magnifiques, ce qui a rendu la création des designs particulièrement agréable.
C'est la même approche pour d'autres séries ?
J'ai également été chargé du design des éditions de poche de Jinbé et Bôken Shônen, ainsi que des produits My First Wide. Pour les éditions de poche et My First Wide, je n'utilise pas d'illustrations inédites mais sélectionne des illustrations dans les archives de pages couleur. Le processus de choisir des illustrations parmi un grand nombre de dessins est très plaisant. C'est un plaisir différent de celui que je ressens lorsque je conçois des designs pour des œuvres en cours de sérialisation.
 
Pour les couvertures de Mix, vous avez décidé d'un design épuré et mis la table des matières sur la couverture. C'est un choix super original. D'où vous est venue cette idée ?
J'aime beaucoup les titres de chapitre créés par maître Mitsuru Adachi. Ces titres reprennent toujours une réplique marquante de l'épisode correspondant. Je me suis dit que de nombreux fans de maître Adachi appréciaient également ces titres, et c'est en gardant cela à l'esprit que j'ai conçu le design.
Comment est né le design des couvertures de Mix ?
Pour le design de couverture, j'ai soumis plusieurs propositions. M. Ichihara, l'éditeur, en a soigneusement sélectionné quelques-unes, qu'il a ensuite présentées à maître Mitsuru Adachi. Après avoir examiné les esquisses, maître Adachi a donné son avis : " Avec ce design, je pourrai peut-être dessiner sans aucune contrainte ", et c'est ainsi que le design de couverture actuel a été décidé. J'ai énormément de plaisir à découvrir l'illustration de couverture réalisée spécialement pour chaque volume.
Le logotype de Mix a été conçu à partir du motif de la lettre " M " figurant sur la casquette de baseball dans Touch. Cette référence provient du fait que Mix et Touch partagent le même cadre narratif, l'école Meisei.
 
Vous avez réalisé des logos et des couvertures pour les plus grands mangakas (Mitsuru Adachi, Rumiko Takahashi, Gôshô Aoyama, Naoki Urasawa, etc.). Est-ce que vous avez ressenti une certaine pression en travaillant avec ces génies ?
Lorsque je travaille sur les œuvres d'auteurs que j'adorais avant de devenir designer – tels que Mitsuru Adachi, Takashi Shiina, Rumiko Takahashi ou Kôji Kumeta –, je ressens une pression considérable. Cependant, je ressens encore plus de joie à l'idée que mon rêve se réalise. C'est un plaisir immense.
(Je n'ai pas conçu le logotype pour Yashahime: Princess Half-Demon, uniquement le design de la couverture.)
 
Est-ce que vous avez des anecdotes à nous raconter ?
Lors de la fête organisée pour le 10e anniversaire du magazine Gessan, j'ai eu l'occasion de rencontrer M. Adachi, par l'intermédiaire de M. Tanba, l'éditeur chargé de l'œuvre. Lorsque M. Tanba m'a présenté, il a déclaré : " Voici M. Shirayama, un grand admirateur de M. Adachi, qui s'occupe toujours de la conception graphique. " À ce moment-là, M. Adachi m'a regardé dans les yeux et m'a dit : " Je ressens toujours votre affection à travers vos créations. " C'est un souvenir que je chéris encore aujourd'hui.
Aujourd'hui, on voit des titres de séries de plus en plus longs, surtout avec les adaptations de light novels. Comment est-ce que cela impacte votre travail de création de logos ?
Je ne reçois que rarement des commandes pour des œuvres aux titres très longs, donc je n'ai pas une très grande expérience sur ce sujet.
Dans le cas de l'œuvre Sternbilder no Toorimichi, sérialisée dans le Weekly Shônen Sunday, j'ai réalisé un design utilisant plusieurs polices au sein d'un même titre.
 
Pour l'œuvre Kujima Utaeba Ie Hororo (Le Cri du Kujima, disponible au Lézard Noir, NDLR), sérialisée dans le Gessan, j'ai favorisé une mise en page comportant plusieurs sauts de ligne afin de faciliter la lecture, répartissant le titre sur trois lignes.
Je constate parfois que les titres longs nécessitent des efforts particuliers.
 
Est-ce que le magazine de prépublication et donc le lectorat cible ont un impact sur la création du logo ?
Dans le cas des mangas destinés à un public jeune, il existe une règle consistant à ajouter des furigana (kana écrits à côté d'un kanji pour en indiquer la prononciation).
Quel est le logo qui a été le plus dur à visualiser ou à créer ?
Pour chacun des logos que j'ai réalisés, je n'ai gardé en mémoire que le plaisir éprouvé à travailler sur ces œuvres. Je n'ai pas gardé trace d'éventuelles difficultés rencontrées.
Le projet dont la période de conception fut la plus longue fut le logo du magazine Gessan.
Les demandes de design qui m'ont le plus marqué sont les suivantes : Shibuyania Family, l'éditeur responsable, M. Tsubasa Suzuki, m'a demandé un design évoquant soit " l'ambiance de Shibuya ", soit " la diversité ", soit " un aspect proche du futur ".
 
Kongôji-san wa Mendôkusai (" M. Kongoji est pénible ", NDLR), À la demande de l'auteur, j'ai reçu la requête de réaliser un design " ressemblant à un [labyrinthe] ". Il s'agissait ici d'un logotype destiné à la publication en magazine ; il n'a pas été utilisé pour le volume relié. 
 
 
Comment vous est venue l'idée de ce design bicolore pour les couvertures de Kekkaishi de Yellow Tanabe (paru chez Pika) ?
Il me semble que tout est parti du fait que les noms de famille des deux protagonistes étaient " Sumimura " et " Yukimura " (on peut traduire sumi par " suie " ou " encre de Chine " et yuki par " neige ").
À force de travailler avec un auteur, on finit par comprendre sa manière de penser. Est-ce plus facile de créer un nouveau logo pour un auteur avec qui vous êtes familier, comme Rumiko Takahashi ou Mitsuru Adachi ?
Il m'arrive d'entendre, par l'intermédiaire de la personne responsable, des commentaires tels que " l'auteur était très heureux ". Cela me réjouit énormément.
Concernant votre question sur le fait que " la création devient plus facile ", cela n'est pas vraiment le cas pour moi.
Je ne sais pas si cela pourra servir de réponse, mais puis-je vous parler des volumes reliés de maître Minoru Toyoda, dont j'ai la charge depuis longtemps ?
Pour la conception du premier volume du manga Kongôji-san wa Mendôkusai, j'avais réalisé, avant que l'auteur ne commence le dessin, une esquisse de design en lui demandant ce qu'il pensait de cette idée. J'avais utilisé en grand un passage marquant du premier chapitre. Maître Toyoda apprécia beaucoup cette esquisse, qui fut finalement adoptée telle quelle comme couverture du volume relié. J'en fus extrêmement heureux.
J'ai été chargé des volumes reliés des œuvres de maître Minoru Toyoda suivantes :
2011 : Takewo-chan Monogatari, Love Roma Nouvelle Édition, Recueil de nouvelles
2017 : Kongôji-san wa Mendôkusai
2020 : Recueil de nouvelles 2
2021 : Kore Kaite Shine (disponible chez Panini Manga)
Pour ces volumes, j'ai veillé à donner une cohérence au design du dos des livres, afin que les lecteurs ressentent un plaisir esthétique lorsque les ouvrages sont alignés sur une étagère.
 
Je pense que c'est un design que je peux réaliser précisément parce que je m'occupe de ses mangas depuis longtemps.
Vous réalisez les couvertures des magazines Weekly Shōnen Sunday et Gessan depuis un certain temps. Lesquelles vous ont le plus marquées ?
Les couvertures que j'ai conçues pour Détective Conan dans le Weekly Shōnen Sunday – la " couverture connectée ", la " couverture au logo volé " et la " couverture entièrement noire " – m'ont particulièrement marqué.
 
Les couvertures annuelles de Gessan représentant tous les personnages, ainsi que celles de la version primée et de la version non sélectionnée de " Aoi Honoo " par Kazuhiko Shimamoto, sont également mémorables.
 
Les couvertures collaboratives de M. Mitsuru Adachi et M. Gôshô Aoyama pour les magazines Weekly Shōnen Sunday et Gessan sont également très marquantes.
 
Comment choisissez vous les textures et papiers à utiliser pour une couverture ?
Les volumes reliés publiés sous le label SSC (Shônen Sunday Comics) utilisent un type de papier prédéterminé.
En revanche, la jaquette offre davantage de possibilités de choix. Pour Silver Spoon, j'ai proposé un obi (bandeau par-dessus la couverture, NDLR) en papier brun correspondant à l'image de l'œuvre, proposition qui a été adoptée.
En cas de modification du papier, la décision est prise en concertation avec la personne chargée de l'œuvre et le service fabrication de l'éditeur Shôgakukan.
 
 
En parlant d'obi, quelles sont les règles à respecter pour sa réalisation ?
Le traitement de chaque obi dépend des couvertures où on va l'exploiter. Il n'y a pas de règles génériques. Laissez-moi vous donner l'exemple d'un cas particulier.
La couverture du volume 11 de Mix a été illustrée par M. Mitsuru Adachi, représentant les personnages allongés. Afin de conserver l'atmosphère de cette composition, le logo du titre, qui se trouvait jusqu'alors systématiquement en haut à gauche, a été déplacé en bas à gauche pour le volume 11.
En plaçant le titre en bas, nous avons constaté que le logo du titre Mix et le nom de l'auteur étaient masqués lorsque l'obi était fermé.
Nous avons donc demandé à ce que la bande de l'obi soit plus grande que d'habitude et avons opté pour un design où le titre et le nom de l'auteur apparaissent dans une mise en page différente de celle de la couverture.
 
Quand il y a une édition spéciale, par exemple anniversaire, combien de temps en amont la direction éditoriale vous prévient-elle ? Par exemple pour l'édition du Gessan pour les 40 ans de carrière de Mitsuru Adachi ? 
Gessan – 40e anniversaire de la carrière de maître Mitsuru Adachi
Il me semble que l'on m'a confié le travail de design environ trois mois avant.
Touch – Édition complète rééditée en coffret
Je me souviens avoir tenu la réunion préparatoire avec la personne responsable, M. Ogura, environ trois mois avant la sortie du produit. Pour cet article, j'étais chargé du coffret extérieur ainsi que de la reproduction des illustrations originales offertes en bonus. Lors de l'avancement des discussions sur le coffret, on m'a demandé : " Quel bonus pensez-vous approprié ? " J'ai alors proposé : " Serait-il possible d'inclure en bonus la réédition de l'Anthologie des illustrations choisies par maître Adachi ? " Il s'agissait d'une anthologie publiée en 1986 que je n'avais pas pu acquérir à l'époque, étant encore écolier. La personne en charge a obtenu les autorisations nécessaires auprès des différentes parties concernées, et ce bonus a pu être intégré au coffret. J'en fus extrêmement heureux. 
 
Quelle est l'opération de communication dont vous êtes le plus fier ?
Il s'agit d'une publicité pour le tome 14 de Mix, destinée aux vitrines du bâtiment Shôgakukan. En collaboration avec la personne chargé de la promotion, M. Uchiyama, nous avons discuté de l'idée suivante : " Essayons de créer une publicité aussi simple que possible, sans être envahissante. " Lorsque le design a été finalisé, nous avons été ravis de constater que le responsable l'appréciait beaucoup.
 
 
Est-ce que vous discutez souvent avec d'autres designers de logos ou de couvertures ? Si oui, de quoi parlez-vous ?
J'ai souvent l'occasion d'échanger avec les designers au sein de l'entreprise. Il m'arrive de leur présenter l'avancement d'un design afin de recueillir leurs avis. Nous partageons également des informations sur le papier et les encres spéciales, par exemple : " Ce papier pouvait être utilisé dans le cadre du budget, il est adapté à l'impression d'illustrations couleur " ou encore des considérations sur les couleurs complémentaires pour le KP (Keikô pinku, une encre rose fluorescente utilisée en impression à la place du magenta pour obtenir un rendu plus vif et éclatant, notamment pour les carnations ou les teintes pastel délicates, NDLR).
Merci à Jin Shirayama pour sa disponibilité et sa bienveillance. Merci à Takenori Ichihara pour son aide précieuse à l'organisation de cet entretien. Enfin, merci à Hervé Auger pour son interprétariat.
 
            
                            
        
    
    
        
    
 
            