Test Assassin's Creed Shadows : une aventure nippone à couper le souffle
Chaotique et sinueux : voilà deux adjectifs qui qualifieraient parfaitement le développement de Shadows, le tout dernier épisode d'Assassin's Creed. Entre licenciements de masse, reports successifs et fuite massive à quelques semaines du lancement officiel... Ubisoft n'a pas connu un long fleuve tranquille.
Nous avons pu tester le temps de quelques semaines le tout nouveau Assassin's Creed Shadows, autrement dit le jeu de la dernière chance d'Ubisoft. Le studio français a-t-il réussi son pari ? Est-il parvenu à redorer son blason ? Notre test répondra à toutes ces questions.
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Un scénario entraînant qui innove
Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'Ubisoft a bien fait de décaler à plusieurs reprises son jeu Assassin's Creed Shadows. Ces multiples reports se ressentent dans la qualité de narration du titre, qui nous plonge dans une histoire travaillée et correctement racontée. Le studio français donne une grande importance à son scénario.
De fait, Shadows nous introduit dans son monde par une longue introduction de trois heures, au cours de laquelle les joueurs ne tiennent que très peu la manette entre leurs mains. Ubisoft prend le temps de poser le cadre de son histoire, présentant ses personnages, leurs caractères, leurs enjeux et les menaces auxquels ils devront faire face.
Durant ces trois premières heures d'Assassin's Creed Shadows, les joueurs seront surtout spectateurs. Les cinématiques s'enchaînent à n'en plus finir, cumulant dialogues et scènes de présentation. Nous seront parfois amenés à jouer pour effectuer quelques déplacements limités sur la carte, mais aussi pour combattre. Car si les discussions sont nombreuses, Ubisoft ne manque pas de laisser place à l'action.
En effet, Shadows prend place pendant le Japon féodal, plongé dans une guerre de sang et de flammes impitoyable. Les joueurs sont rapidement introduits dans le chaos de la bataille. Ubisoft nous plonge dans le feu de l'action tout en nous apprenant les bases du combat, sans aucune touche d'ennui. Nous avons beaucoup aimé ce "tutoriel", aussi animé que dynamique.
Cet opus d'Assassin's Creed nous donne, une nouvelle fois, l'occasion de jouer deux personnages différents : Yasuke et Naoe. Le joueur est surtout amené, au début, à incarner cette dernière. Naoe se présente comme une jeune shinobi, qui, très vite, assiste à la mort de son père par onze assassins masqués. L'orpheline est naturellement animée par une vengeance féroce et part à la recherche de l'Onryō, la ligue des mystérieux meurtriers.
Yasuke, quant à lui, est un esclave et serviteur d'origine africaine servant des missionnaires jésuites portugais. Venus au Japon pour s'entretenir avec le seigneur de guerre Oda Nubunaga, ces derniers cherchent à répandre le christianisme sur les terres nippones. Yasuke, malgré son statut, est repéré par le dirigeant japonais et devient samouraï.
Les deux personnages principaux d'Assassin's Creed Shadows disposent donc d'un parcours de vie et d'ambitions tout à fait différentes. Leurs caractères et leur histoire aident à construire des personnalités reconnaissables et réalistes, envers qui nous éprouvons compassion et empathie. Les personnages secondaires, qui nous accompagnent au gré des missions, profitent eux aussi d'une identité propre et reconnaissable. Un vrai bon point pour Ubisoft.
À noter que le scénario peut légèrement varier selon les joueurs, Ubisoft ayant mis en place pour Shadows un système de choix lors de certains dialogues. Si la proposition est innovante, elle apparaît quelques fois futile. Il n'est pas rare en effet de constater que les diverses réponses proposées se ressemblent comme deux gouttes d'eau. Si le scénario final n'est aucunement impacté par vos décisions, le sort de certains personnages peut diverger selon vos choix.
Des graphismes à couper le souffle
Il s'agit sans conteste d'un des atouts les plus solides de Shadows : ses graphismes. Impossible de ne pas traverser une plaine, un village ou une forêt sans être émerveillé par votre environnement. Le monde de cet épisode Assassin's Creed est beau, magique et envoûtant. Plonger de cette manière dans le Japon du XVIe siècle a été un plaisir inoubliable.
Shadows nous laisse vagabonder au travers d'une carte très large que nous avons adoré fouiller de fond en comble. Rizières, rivières, temples, prés, ports, villages traditionnels… L'épopée proposée par ce nouvel opus d'Assassin's Creed regorge de beautés et d'endroits à couper le souffle. Nous n'avons pas pu nous empêcher d'enregistrer des photos de ces lieux tous les trois pas, tant nous avons été ébahi par le charme de la carte de Shadows.
Chaque village se pare d'une identité qui lui est propre et aucun lieu ne ressemble à un autre. Ainsi, Shadows ne devient jamais rébarbatif, malgré les dizaines d'heures passées devant votre écran. Chaque espace dégage une énergie qui lui est propre, avec ses lumières, ses ambiances et ses bruitages, qui en font un lieu vivant et unique.
Des lieux d'autant plus vivants que ceux-ci sont soumis au cycle des saisons et de la météo. Au fil de l'aventure, la carte se transforme, optant parfois pour un tapis de neige ou des sakuras en fleur. La météo changeante renforce puissamment l'immersion du joueur. L'ambiance change du tout au tout selon s'il fait grand soleil ou pluie battante et fait disparaître une nouvelle fois le sentiment de redondance (comme dans les anciens jeux de la licence). Difficile parfois de jouer correctement sous les reflets de la lune, tant la nuit est épaisse et obscure. Même constat pour les grottes et autres lieux sombres.
Si errer parmi les forêts de bambou et les rizières a été une expérience formidable, il est bon de noter que les cinématiques profitent quant à elles de graphismes moins travaillés. Un point noir d'autant plus important que les cinématiques occupent une grande place dans l'aventure de Shadows. Les décors semblent en effet plus lisses et moins réalistes, tandis que les visages des personnages apparaissent parfois inexpressifs ou plastiques.
Nous n'avons pas manqué de repérer quelques bugs visuels qui ont quelque peu décrédibilisé l'immersion de Shadows. Mention particulière pour les cadavres, qui adoptent bien souvent une position incongrue et ridicule. Néanmoins, ces surprises ont été rares.
Un gameplay intense et immersif
Des combats plus réalistes que jamais
Au fil des épisodes, il est clair que les combats sont devenus on ne peut plus essentiels dans les jeux Assassin's Creed. Un constat auquel Shadows n'échappe pas, en particulier lorsque vous interprétez Yasuke. Armés de sabre, de katanas et même de la fameuse lame secrète, les protagonistes se livrent à des combats très plaisants à jouer. L'ambiance purement nippone qui se dégage des confrontations est tout simplement exceptionnelle.
Ubisoft semble avoir pris son temps pour parfaire les phases de combat de Shadows. Nous avons particulièrement apprécié les interactions avec les décors, qui changent radicalement de visage au cours d'une confrontation avec un ou plusieurs ennemis. Nul objet ne saura résister à votre coup de sabre, qu'il s'agisse de pots, de paniers, d'étagères, de barrières ou encore de portes. Tous les éléments sont susceptibles d'être sauvagement brisés, y compris les buissons, les bambous ou les touffes d'herbe, qui servent en premier lieu de cachette pour votre personnage.
L'interaction avec le décor est très poussé et renforce l'impression que le monde de Shadows est vivant. Notez que si vous préférez la jouer furtif, vous avez la possibilité d'éteindre les sources de lumière qui vous entourent, comme les bougies et les lampes sur pied, afin de vous tapir dans l'ombre et exécuter vos ennemis en silence. La météo extérieure comme les saisons sont des facteurs à prendre en compte lors de vos affrontements. De simples détails, comme les stalactites pendant aux bords des toits, peuvent trahir votre présence : le moindre mouvement peut les faire tomber et alerter vos cibles.
Yasuke et Naoe sont également capables d'effectuer des attaques spéciales redoutables. En plus d'être cruciales lors d'un combat, ces attaques sont visuellement exceptionnelles. L'écran se pare de couleurs noires et certains éléments ressortent dans une couleur rouge puissante. Les animations de combat sont en règle générale très travaillées et immersives.
Mais un bon Assassin's Creed ne serait rien sans la furtivité et la discrétion. Si le concept semble avoir disparu au cours des derniers opus, Shadows a tenu à y redonner de l'importance. L'épisode nous offre d'innombrables cachettes, à l'intérieur comme à l'extérieur, afin de surprendre nos ennemis et de les éliminer en toute discrétion. Coffres, armoires, planques souterraines, touffes d'herbes, buissons... tout est bon pour passer inaperçu.
Rester discret est malheureusement assez simple. Les adversaires, sans être tout à fait aveugles, ne font pas état de votre présence malgré votre proximité avec eux. Nettoyer des camps d'ennemis s'avère plutôt rapide, puisqu'il suffit de s'éloigner de quelques centaines de mètres pour que ceux-ci vous oublient et vaquent à leurs occupations comme si de rien n'était. Malgré ces quelques points noirs, l'infiltration est une véritable partie de plaisir.
Le parkour, peut mieux faire
Fluide, propre, réaliste... le parkour occupe une place primordiale dans cet épisode d'Assassin's Creed. Avec Naoe, jeune shinobi nippone, les déplacements furtifs sont ponctués d'une grâce acrobatique impressionnante. La gesture de la protagoniste est remarquable de beauté et d'équilibre.
La possibilité de jouer avec un grappin a également retenu toute notre attention. Grâce à cet outil, Shadows facilite l'escalade et l'ascension sur le sommet des toits ou des hauts bâtiments. Le grappin permet de traverser un point A à un point B en quelques secondes, mais aussi d'éliminer des ennemis en plein balancement dans les airs.
Si les parkour est un atout historique dans les titres Assassin's Creed, nous déplorons une fois de plus sa rareté chez Shadows. Les péripéties acrobatiques sur les toits n'est réalisable que dans les camps d'ennemis, et nulle part ailleurs. Même les villes et villages éparpillés aux quatre coins de la carte ne sont pas forcément propices au parkour, les rues étant trop espacées et aérées.
Le repaire
Autre grande nouveauté de Shadows : le repaire. Le dernier opus d'Assassin's Creed repose en effet sur le développement et l'amélioration de votre base. Ce qui n'était auparavant qu'une simple ferme deviendra, au fil de votre aventure, un véritable village. Écuries, salle de conseil, forge... vous serez amenés à construire les bâtiments nécessaires pour solidifier votre repaire et améliorer vos propres compétences.
De nombreux éléments de décor, achetables auprès des marchands ou récupérables dans certains coffres, peuvent être disposés selon vos goûts. Les bases d'ennemis regorgent également de ressources, comme le bois et la pierre, qui servent de base pour la construction des bâtiments au sein du repaire.
Au fil de vos missions à travers la carte du jeu, vous tomberez inévitablement sur des civils en danger, que vous pourrez sauver et rallier à votre cause. Votre repaire se remplira et vos alliés se multiplieront, de sorte à constituer une ligue rebelle organisée. Ces habitants que vous sauverez pourront devenir vos éclaireurs. À vous de les envoyer sur la carte pour récolter quelques informations sur vos missions.
Un système d'aventure complexe mais entraînant
Encore une fois, Shadows casse les codes et ne suit pas le même schéma que ses prédécesseurs. Si le titre propose toujours une aventure découpée sous forme de missions principales et annexes, c'est l'ensemble du système de jeu qui a été remodelé en profondeur. Cette refonte est particulièrement réussie, Ubisoft répondant directement aux demandes de ses joueurs.
Notons par exemple le fait que les quêtes ne sont plus indiquées avec précision sur la carte, mais inscrites dans une large zone aux contours vagues. Accompagnés de quelques indices, les joueurs sont ainsi contraints de fouiller et d'errer aux alentours. Une manière de nous impliquer davantage dans le jeu et de ne plus nous mâcher le travail, comme ce pouvait être le cas auparavant.
Nous regrettons toutefois l'interface des missions, qui ne sont plus répertoriées sous forme de listes aisément consultables mais éparpillées sur un large panneau (voir ci-dessous). Le joueur est amené à se promener sur l'onglet "Objectifs" et à lire ces derniers de façon imprécise. Les missions sont rangées dans diverses catégories, comme "La Ligue", "Naoe", "Yasuke", "Onryō". Des catégories nombreuses qui, rapidement, nous donnent l'impression d'être perdu. Difficile de suivre une quête précise, car il est rare de la retrouver parmi les multiples sphères apparaissant à l'écran.
Même remarque concernant l'onglet "Maîtrise", qui recense toutes les capacités de Yasuke et Naoe. Comme le montre l'image ci-dessous, les protagonistes profitent de plusieurs arbres de compétences, bien trop nombreux et complexes pour être compréhensibles. Les interfaces de Shadows ne sont définitivement pas instinctives.
Comme il est d'usage dans les derniers Assassin's Creed, la carte de Shadows regorge de collectibles en tous genres qui amélioreront vos équipements et vos tenues. Armes, montures, sabres, chapeaux... le système n'est pas nouveau et rappelle les anciens opus de la licence.
Un véritable amour pour l'Histoire
Qui dit Assassin's Creed dit Histoire. Comme ses prédécesseurs, Shadows ne déroge pas à la règle. Notre aventure sur les terres nippones a été régulièrement ponctuée de points historiques précis et intéressants, toutes répertoriées dans l'onglet "Codex". Comme le montre la capture d'écran ci-dessous, de nombreuses catégories sont listées à gauche de l'écran ("Merveilles du Japon", "Musique et arts", "Religion et croyances populaires"...) et fournissent un savoir historique passionnant.
Afin d'en savoir plus sur l'histoire du Japon, la carte d'Assassin's Creed Shadows est parsemée d'orbes blanc lumineux qu'il convient d'analyser quelques secondes. Une fiche nous est aussitôt transmise et nous en révèle davantage sur un élément du décor, voire même sur l'environnement dans lequel nous nous trouvons.
Shadows est un véritable hymne à l'amour pour la culture japonaise. Un amour qui s'illustre particulièrement au travers des fiches de culture historique répertoriées dans le Codex, mais aussi grâce aux nombreux monuments traditionnels japonais, éparpillés un peu partout sur la carte. Citons par exemple le Temple de Tenno-ji ou encore le château d'Osaka, admirablement reconstitués dans le jeu.
Notre conclusion
Ainsi, Assassin's Creed Shadows est un pari réussi. Le jeu de la dernière chance d'Ubisoft a, semblerait-il, bien fait d'être décalé de plusieurs mois, malgré les protestations des joueurs. Que ce soit les graphismes, l'écriture du scénario ou encore la qualité des phases de combat, le nouvel opus d'Assassin's Creed se présente comme un très bon jeu. L'ennui n'est jamais au rendez-vous, tandis que la découverte et l'admiration vous attendent à chaque virage.
Malgré les nombreux déboires qui ont ponctué le développement de Shadows, la licence Assassin's Creed repart sur une très bonne lancée, placée sous le signe du travail et de la qualité. Les personnages sont attachants, la carte regorge de beauté et la culture japonaise est honorée. Nous ne pouvons qu'espérer la réussite pour Shadows, car ce jeu nous a beaucoup plu.