Test de Lost Records : Bloom & Rage : une première partie qui prend (trop) son temps
L'heure n'est pas vraiment à la fête pour Don't Nod. Principalement connu pour sa série de jeux Life is Strange (dont nous avons pu tester le dernier opus l'an dernier), le studio a enchainé plusieurs succès critiques avec des résultats commerciaux mauvais. Des échecs financiers récents comme Jusant ou Banishers : Ghost of New Eden ont forcé l'entreprise a revoir ses objectifs pour 2025 en se concentrant sur moins de jeux pour concentrer davantage les efforts du studios sur des productions bien précises.
C'est dans ce contexte assez morose que Don't Nod sort aujourd'hui son premier jeu de 2025. Baptisé "Lost Records : Bloom & Rage", ce dernier se découpe en deux parties dont la première est d'ores-et-déjà disponible (tandis que la seconde sortira au mois d'avril 2025). Nous avons pu tester le jeu peu de temps avant sa sortie, mais cette première partie intitulée "Bloom" est à l'image de son titre : un peu lente à éclore. Découvrez notre test de Lost Records : Bloom and Rage.
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Une histoire entre deux étapes, entre deux époques
L'histoire de "Lost Records : Bloom & Rage" nous permet de suivre une bande de quatre amies aux personnalités propres. Ces quatre personnages, Swann, Autumn, Nora et Kat, se rencontrent durant l'été 1995 et finissent par former un groupe de musique baptisé du nom du jeu "Bloom and Rage". Alors que nos protagonistes pensent passer le meilleur été de leur vie avec leur nouveau groupe d'amies, leur vie s'apprête à changer en étant témoins d'événements surnaturels.
Sur le papier, l'histoire de "Lost Records" donne envie. Les influences sont clairement à chercher du côté de la série "Stranger Things" avec tout le côté nostalgie des années 90, mais également du côté de la saga "Life is Strange" dont le studio est responsable de deux opus (et un spin-off). Vous allez passer régulièrement votre temps à alterner entre deux époques :
- L'été 1995 où vous assistez à la rencontre entre Swann et les autres filles du groupe. Une partie surtout basée sur la découverte des personnages principaux de l'aventure lors de leur jeunesse jusqu'à vivre des événements surnaturels et sur la passion de Swann pour le cinéma et l'enregistrement avec sa caméra de poche.
- L'époque actuelle avec la réunion du groupe où vous passerez la quasi totalité du temps à enchainer des dialogues avec des choix et conséquences sur le reste de l'aventure.
Malheureusement, si beaucoup de joueurs s'attendent effectivement à un mélange entre "Stranger Things" et Life is Strange", il leur faudra prendre leur mal en patience. Pour arriver jusqu'au premier élément "hors du commun" lors de notre partie, il nous a fallu un peu plus de trois heures, montre en main. Le début de l'aventure est donc extrêmement long et se contente surtout de présenter les personnalités de Swann, Nora, Kat et Autumn. Un rythme bien trop lent et qui n'en est que plus frustrant lorsque les personnages de notre époque ne font que de mentionner "les étranges événements survenus en 1995" que vous allez mettre un bon moment avant de découvrir et que le titre finit par vous balancer entièrement dans les derniers moments du jeu.
L'idée de découvrir un groupe d'amies peut être bonne sur le papier. Après tout, "Life is Strange" brillait de par sa galerie de personnages atypiques et dotés d'histoires intéressantes à raconter. Pour "Lost Records : Bloom & Rage", ce n'est pas le cas. Vous ne découvrirez que très peu de PNJ en dehors du groupe constitué de Swann, Autumn, Nora et Kat et le peu que vous pourrez rencontrer s'avèrent particulièrement creux. Qu'il s'agisse du barman un peu trop curieux, du jeune garçon un peu crétin mais cool ou de la grand-mère attentionnée du coin, aucun d'eux ne marque vraiment l'esprit ou ne donne envie d'en savoir davantage à leur propos.
Par chance, ce n'est pas le cas, mais cette première partie de "Lost Records : Bloom & Rage" ne se penche pas non plus fortement sur notre quatuor principal. Pour cause : alors que le jeu met constamment en avant la bande, nous ne jouons que Swann pendant toute l'aventure (ou du moins cette première partie). Vous retiendrez peut-être l'une d'entre elles plus que les autres, mais cela se fera surtout par vos choix de dialogues et interactions.
Un gameplay en ligne (quasi) droite
L'une des particularités de la saga "Life is Strange" est de nous faire jouer des personnages dotés de pouvoirs surnaturels et devant s'en servir pour comprendre leur entourage. Pour "Lost Records : Bloom & Rage", c'est l'inverse : nos quatre héroïnes sont de jeunes filles parfaitement normales faisant face à des événements surnaturels. Si ce choix peut être l'occasion de découvrir une nouvelle histoire plus originale, pourquoi pas. Cela a hélas une incidence sur le gameplay qui se retrouve cantonné à deux ou trois principaux axes.
La majeure partie de "Lost Records : Bloom & Rage" se présente sous forme de dialogues que vous aurez (majoritairement) avec vos amies du groupe. Ces derniers ne sont pas sans intérêts puisqu'en fonction de vox choix, vous établirez un contact plus ou moins important avec certaines de vos amies (allant clairement jusqu'à quelques propositions de romance). Dommage cependant de n'avoir aucun menu nous permettant de suivre cet affect, mais nous y reviendrons. Outre l'impact de vos dialogues sur vos relations, ces derniers peuvent également avoir une incidence sur certains éléments du scénario. Un classique des jeux narratifs aujourd'hui, mais que l'on apprécie toujours.

De temps à autre, "Lost Records : Bloom & Rage" vous permet de vous balader "librement" (notez bien les guillemets) dans de petites aires de jeu. Ces petits segments constituent clairement le meilleur gameplay sans aller jusqu'à réinventer la roue : on se promène, on discute avec certains personnages présents sur place, on déniche des objets, on lit des documents... Et on filme !
Souriez, vous êtes filmées
La plus grosse (ou plutôt la seule) particularité de gameplay de "Lost Records : Bloom & Rage" tient dans le fait que notre héroïne principale, Swann, est une passionnée de cinéma amateur. Armée de son camescope, cette dernière peut à tout moment le sortir pour filmer certains passages de l'aventure. En appuyant sur un bouton dédié, notre personnage passe sur sa caméra où il est alors possible de filmer à peu près tout et n'importe quoi, mais surtout des "mémoires".
Les mémoires sont des concepts, personnages ou lieux que vous pourrez croiser durant votre aventure. Afin de les compléter, il vous sera demandé de filmer un certain nombre d'éléments reliés à la mémoire en question. Par exemple, la mémoire "oiseaux" vous demander de filmer 15 espèces différentes d'oiseaux différentes pour être complétée. Il est ensuite possible de visionner toutes les images dans un petit montage que vous pouvez modifier à votre guise avec les images dont vous disposez.
Sur le papier, le fait de pouvoir filmer les événements et personnages du jeu pour en faire de petits montages est intéressant, mais il s'agit plus d'une fonctionnalité banale que nous aurions aimé pouvoir utiliser en bonus, à l'image du mode photo qui s'avère plutôt réussi et doté de multiples options.
La caméra de Swann est pourtant bien au coeur du gameplay du jeu et il vous sera demandé à de multiples reprises de filmer certaines scènes. S'en suit alors généralement de longs passages où vous devez rester immobile pendant plusieurs longues secondes sur de multiples éléments afin de disposer d'un montage suffisamment long pour être validé par le groupe. Des passages aussi peu intéressants que répétitifs qui se révèleront rapidement redondants si vous désirez obtenir tous les succès du jeu.
Un manque cruel d'information
Vous l'aurez compris, le gameplay de "Lost Records : Bloom & Rage" est assez basique. Cela se ressent d'autant plus par l'absence de réels menus. En appuyant sur les boutons d'options, les joueurs ne disposent que d'une seule fonctionnalité : visionner et mélanger les différentes séquences filmées. C'est tout.

Un tel manque d'options est forcément frustrant. On aurait par exemple voulu pouvoir suivre des données sur notre aventure, disposer d'un récapitulatif des événements (pratique si on arrête de jouer pendant une longue période notamment) ou encore quelques informations sur les personnages rencontrés ou lieux visités. Hélas, rien de tout ça, et seul un écran final vous permettra de connaître l'avancement de vos relations avec les personnages du jeu et l'impact de vos choix au sein des dialogues.
Des graphismes corrects au service d'une direction artistique relaxante
Bien évidemment, et vous l'aurez réalisé au vu des images de notre session, les graphismes de "Lost Records : Bloom & Rage" ne vont pas vous faire décrocher la rétine. Mais cela n'est nullement leur but. Ces graphismes restent généralement plutôt bons lorsque poussés à fond. Lors de notre test, nous n'avons d'ailleurs ressenti aucune perte de FPS ou freeze complet de l'écran même lors de passages assez chargés en détails et lumières. A ce sujet, le titre gère notamment la technologie DLSS de Nvidia pour améliorer le rendu global du jeu et sa fluidité (à condition de disposer d'un carte graphique GeForce RTX de série 40).
Notons tout de même que "Lost Records : Bloom & Rage" n'échappe pas à quelques bugs. Lors de notre partie, nous avons pu observer à plusieurs reprises quelques soucis de collisions, notamment avec les mains qui passent à travers de certains objets, ou encore certains objets dont l'affichage était assez étrange. Rien d'handicapant ou de particulièrement bloquant, mais nous tenions à le souligner. Petite interrogation toutefois sur certains passages où nous pouvions apercevoir subtilement des silhouettes noires de certains personnages. Effet paranormal du jeu ou bug ? Nous l'ignorons encore.
La direction artistique de "Lost Records : Bloom & Rage" reste cependant à souligner. Les amateurs de "cottage-core" et autres ambiances relaxantes seront aux anges pendant une bonne partie de l'aventure. L'environnement dans lequel évoluent Swann et les autres filles restent souvent chaleureux et propre à la relaxation. Les moments surnaturels sont, quant à eux, très jolis avec des tintes de pourpre et de bleu qui ajoutent une part de mystique aux ambiances déjà un peu pesantes.
Une ambiance musicale réussie
Difficile d'évoquer un jeu narratif de Don't Nod sans mentionner l'aspect musical. Le studio est un expert pour transporter ses joueurs dans de belles aventures aux notes relaxantes avec également quelques passages empreints de mélancolie.
Les fans de "Life is Strange" ne seront pas trop étonné de retrouver dans "Lost Records : Bloom & Rage" ce qui faisait l'une des plus grands forces de la saga : des compositions originales douces qui accompagnent superbement les environnements chatoyants de la ville principale du jeu. Les moments de réflexion qui permettent au personnage principal de se poser et de profiter de la musique sont également présents et permettent de faire quelques pauses avant de reprendre le scénario, ce qui est fort appréciable.
Une durée de vie correcte pour une rejouabilité assez limitée
A l'approche de la sortie du jeu, les développeurs de "Lost Records : Bloom & Rage" ont précisé que la durée totale du titre serait d'environ 12 heures. Une donnée que nous avons pu vérifier en terminant cette première partie en 6 heures. Gageons donc que la seconde partie disposera d'autant de temps de jeu. Une durée plutôt correcte sachant que nous n'avons pas rushé l'aventure principale, mais que nous ne nous sommes pas énormément penchés sur les quelques objectifs annexes.
Ces derniers ne sont malheureusement pas nombreux. "Lost Records : Bloom & Rage" enfermant ses personnages dans de minuscules aires de jeu (ou séances fixes de longs dialogues), les possibilités de quêtes annexes ne peuvent pas être légion. Il s'agira notamment de filmer le plus de mémoires possibles ou de débloquer certaines situations en effectuant les bons choix. Rien de transcendant donc, mais qui pourra vous donner l'occasion de refaire une partie ou deux pour débloquer tous les succès du jeu.

Conclusion au test de "Lost Records : Bloom & Rage"
A la lecture de ce test, vous seriez peut-être tentés de penser que nous n'avons pas aimé "Lost Records : Bloom & Rage". S'agit-il d'un mauvais jeu ? Assurément pas. Le dernier titre de Don't Nod dispose d'une bande de quatre personnages attachante et que l'on a envie de suivre dans leurs aventures. L'ambiance globale du jeu reste également bonne et ponctuée par de belles mélodies.
Malheureusement, le titre semble ne pas vraiment savoir comment aborder son intrigue principale. Tout le côté surnaturel mis en avant lors de la promotion du jeu est à peine présent. Il vous faudra donc encaisser de (très) nombreuses lignes de dialogues avant d'espérer atteindre les événements centraux à l'intrigue. Pour peu que vous n'accrochiez pas à la bande de Swann, Nora, Autumn et Kat, vous allez sacrément vous ennuyer d'ici là. Le titre ne proposant quasiment aucun autre personnage susceptible de vous intéresser.
"Lost Records : Bloom & Rage" ne brille pas non plus par son gameplay. Là où "Life is Strange" proposait de jouer un personnage doté de pouvoirs et évoluant dans un environnement normal, le nouveau jeu du studio Don't Nod décide de faire l'inverse en proposant quatre personnages normaux qui se confrontent à des événements surnaturels. Cela se ressent malheureusement dans le gameplay qui se contente du b.a.ba des jeux narratifs avec une tonne de dialogues, un système de relation basé sur vos choix et une ou deux petites énigmes que vous résolvez en quelques secondes. Le système de caméra est intéressant sur le papier, mais bien trop peu exploité pour s'avérer vraiment prenant à utiliser.