Dimanche 1er mai 1994, 18h37. La nouvelle du décès d'Ayrton Senna, légende vivante de la Formule 1, tombe officiellement, peu après la fin du Grand Prix de Saint-Marin.
La veille, lors des qualifications, l'Autrichien Roland Ratzenberger, victime à très grande vitesse d'une défaillance mécanique, avait trouvé la mort. Très investi dans la sécurité des pilotes, Senna s'était rendu sur les lieux du drame pour comprendre.
Meurtri par cette tragédie, le Brésilien, très croyant, est habité par une étrange sensation, une sensation encore présente lors du départ de la course donné à 14 heures.
Le temps est sec et ensoleillé sur le circuit d'Imola. Le triple champion du monde (1988, 1990, 1991) s'élance au volant de sa Williams en pole position, la 65e de sa carrière débutée dix ans plus tôt. Un record à l'époque.
La course est vite neutralisée suite à un accident impliquant dès le départ les pilotes J.J. Lehto et Pedro Lamy, obligeant la voiture de sécurité à faire son entrée en piste.
Quelques minutes plus tard, les pilotes peuvent de nouveau en découdre. Après un seul tour à pleine vitesse, Senna, alors en tête, perd le contrôle de sa Williams et vient percuter un mur à plus de 210 kilomètres/heure dans la courbe de Tamburello. Il est 14h18.
Les secours arrivent vite. Mais le Sud-américain, sorti de son cockpit par les commissaires italiens, est inconscient. Le docteur Sid Watkins, proche de Senna, procède à une trachéotomie à même la piste.
Devant la scène, des millions de téléspectateurs retiennent leur souffle. Les autres voitures continuent de tourner quand Senna, resté longtemps allongé sur les lieux du drame, est héliporté vers l'hôpital Maggiore de Bologne.
Souffrant de multiples fractures au crâne, le Brésilien est dans un coma profond et en état de mort cérébrale. Il va être transféré dans l'unité de neurochirurgie de l'hôpital Bellaria, où une opération du cerveau est envisagée.
Les lésions du pilote sud-américain, dont le visage a été perforé au moment du choc par le triangle supérieur de la suspension avant de la Formule 1, sont trop sérieuses. Le docteur Maria Theresa Fiandri annonce ce que tout le monde redoutait.
Lors des funérailles, le 5 mai 1994, dans sa ville natale de São Paulo, des centaines de milliers de Brésiliens rendent hommage à leur idole et assistent au passage du cortège funèbre entre la chapelle ardente et le cimetière Morumbi.
Ce sont des pilotes, parmi lesquels Alain Prost, son meilleur ennemi, jeune retraité, avec qui il s'était réconcilié, qui portent le cercueil avant sa mise en terre.
Pilote talentueux, Senna avait un goût exacerbé pour le risque, un fort caractère, prêt à tout pour gagner, ce qui lui a valu certaines inimitiés, mais un respect absolu de ses paires et une fascination de la part des fans. Une légende s'est éteinte, à 34 ans.