Alors que les débats sur la réforme des retraites ont repris, une génération ne pourra pas être concernée par un éventuel changement.
Ce fut la grande annonce de la rentrée : la réforme des retraites, entrée en vigueur contre vents et marées en 2023, est "remise en chantier". Un terme policé qui signifie, concrètement, de nouvelles discussions sur les conditions de départ à la retraite. Alors que les dispositions actuelles prévoient qu'un salarié ou un fonctionnaire ne puisse partir à la retraite qu'à 64 ans, à compter de 2027, les organisations syndicales et patronales se remettent autour de la table.
Pour les deux parties, l'objectif est d'ajuster ces règles. Les syndicats parviendront-ils à se faire entendre sur le retour aux 62 ans ? Rien n'est moins sûr. Les négociations s'annoncent complexes et un terrain d'entente sur une baisse de l'âge de départ semble être un mirage. Par ailleurs, même si un accord venait à être trouvé, une génération serait forcément lésée, comme l'a annoncé le directeur de la Caisse nationale d'assurance-vieillesse (CNAV).
Si la préparation de la retraite est un travail de plusieurs mois pour les salariés, il s'agit également d'une opération complexe pour tous les organismes qui versent les pensions, de base comme complémentaires. Un changement décidé par les politiques doit ainsi se traduire dans les outils informatiques des différentes caisses. Or, ce chamboulement peut prendre plusieurs mois le temps de s'assurer que tout est en ordre de marche.
"Changer les règles de gestion, c'est un ticket minimum à quasiment six mois", a expliqué Renaud Villard sur Franceinfo le 15 janvier. Ainsi, entre les discussions actuelles puis, si accord il y a, les débats à l'Assemblée nationale et au Sénat sur ces changements, suivis d'un éventuel vote, ce n'est pas avant la fin de l'année que des changements pourront entrer en vigueur.
Avec le délai de mise en œuvre des nouvelles règles, cela repousserait même au 1er janvier 2027 l'application de nouvelles dispositions. Ainsi, Renaud Villard a prévenu : "La génération qui pourra être impactée par ce conclave, c'est la génération née en 1964 qui commencerait à partir au 1er janvier 2027." Les Français nés en 1963 resteraient donc, quoi qu'il en soit, concernés par les dispositions actuelles. Pour partir à taux plein, ils ne devront quitter le monde du travail qu'à 62 ans et 9 mois, en 2026.
Selon les dernières statistiques de l'assurance-retraite, ce seraient donc environ 700 000 personnes qui seraient exclues d'une éventuelle nouvelle réforme des retraites. Cela reste soumis à un éventuel accord syndical et politique dans les mois à venir.