Tout le monde fait pareil : le jour où les Français dépensent le plus arrive
Tous les mois, ou presque, ils sont près de 10 millions à être au moins une fois à découvert. Entre les factures et les achats du quotidien, difficile pour de nombreux foyers de garder ses comptes dans le vert. Une situation commune, donc, mais loin d'être anodine. Et surtout pour le moins inquiétante. S'il impacte davantage les plus démunis, ce quotidien à crédit touche également les foyers qui ont des revenus plus élevés. Mais le passage du compte bancaire en négatif intervient plus tard dans le mois car les familles ne dépensent pas de la même manière leur argent selon leur niveau de vie.
Cependant, un élément est commun à tout le monde : le lendemain de la paye, on fait chauffer la carte bancaire ! C'est ce qu'il est ressorti d'une étude menée par l'Insee, auprès des clients de La Banque postale. Une fois que le compte a été alimenté par le salaire et/ou les prestations sociales, les dépenses s'envolent.
En moyenne, elles sont deux fois plus élevées ce jour-là que tout autre jour dans le mois. Pour les personnes vivant du RSA ou des allocations sociales, c'est même quatre fois plus qu'un autre jour. La raison de ce phénomène est claire : "les ménages concernés se retrouvent à cours de liquidités en fin de mois et sont contraints de décaler au début du mois suivant les dépenses qu'ils voulaient effectuer", explique à Linternaute Lionel Wilner, l'un des co-auteurs de l'étude.
En dehors des factures d'énergie qui ne sont pas prises en compte, les Français dépensent principalement leur argent dans les supermarchés, magasins de vêtements, d'électroménager/bricolage et dans les stations-essence. Par ailleurs, d'importants retraits en espèces sont effectués le lendemain de la paye (ils retirent deux fois plus que tout autre jour dans le mois).
Mais cette concentration des dépenses est un cercle vicieux : en utilisant rapidement l'argent perçu, le retour à découvert est quasi-immédiat : 20% des allocataires du RSA, des familles monoparentales ou des ménages vivant des aides sociales le sont à nouveau au bout de 10 jours. Pourtant, impossible pour ces ménages de faire autrement, contraints de devoir subvenir à leurs besoins dès qu'ils disposent des finances nécessaires après plusieurs jours de privation. Janvier ne va pas échapper à ce phénomène, lequel sera par ailleurs accentué par les dépenses réalisées à l'aide de l'argent qu'auront reçu certains à Noël et/ou en guise d'étrennes pour la nouvelle année.
Si ce phénomène dépensier le lendemain de la paye n'est pas propre à la France (des résultats sont similaires aux Etats-Unis et au Royaume-Uni), il est à noter que l'étude ne porte que sur 250 000 clients de La Banque postale. Un établissement où les ménages "sont plutôt plus précaires" qu'ailleurs. Cela ne reflète donc pas précisément une situation générale mais donne une certaine tendance sur le jour où les Français dépensent le plus.