Budget 2026 : des impôts qui augmentent et de nouvelles taxes, mais la taxe Zucman écartée ?
La France aura-t-elle un budget 2026 ? Le Parlement a jusqu'au 31 décembre pour promulguer un projet de loi de finances (PLF) et un projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) mais le pari est loin d'être gagné. Les parlementaires s'attaquent d'abord au volet "recettes" du PLF qui définit les mesures fiscales et autorise la perception des impôts, étudié à l'Assemblée nationale depuis le 24 octobre, avant de le voter le 4 novembre. Ils auront ensuite à débattre du volet "dépenses" du PLF concernant les charges de l'Etat du 12 au 24 novembre. Entre temps doivent se tenir les discussion sur le PLFSS qui est déjà étudié en commission des Affaires sociales, mais doit être examiné dans l'hémicycle entre le 4 et le 12 novembre. C'est ce texte qui permettre de voter ou non la suspension de la réforme des retraites.
Pour le budget 2026, le gouvernement ambitionne de réduire d'économiser 31 milliards d'euros pour réduire le déficit public à 4,7% du produit intérieur brut (PIB). Un objectif qui passe par deux étapes : la récolte de 14 milliards d'euros avec le volet "recettes" du PLF, donc des augmentations d'impôts, et l'économie de 17 milliards via le volet "dépenses". Le gouvernement a toutefois laissé une petite marge de manoeuvre aux négociations à l'Assemblée, tant que le déficit reste inférieur à 5 % du PIB. Les députés ont d'ailleurs rejeté plusieurs mesures devant entrainer des hausses d'impôts, mais ont adopté d'autres mesures prolongeant certaines mesures et rabotant des avantages fiscaux.
La hausse généralisée de l'impôt sur le revenu retoquée
Alors que le gouvernement prévoyait dans le budget 2026 une année blanche, soit la non-indexation du barème de l'impôt sur l'inflation, une majorité des députés à l'Assemblée nationale a voté contre. Le barème de l'impôt ne sera donc pas gelé, mais indexé sur l'inflation à 1,1%. C'est le chef des députés LR Laurent Wauquiez qui avait proposé cet amendement. Ce gel était très critiqué, puisqu'il aurait mécaniquement augmenté le montant de l'impôt sur le revenu pour la quasi-totalité des ménages. Certains foyers fiscaux ayant connu une hausse de revenus auraient même été susceptibles de changer de tranche et de payer plus d'impôts. Par ailleurs, 200 000 foyers fiscaux se trouvant dans la première tranche, et donc non-imposables, risquaient de devoir payer des payer impôts en cas de gal du barème.
Certains retraités devraient toutefois être concernés par une hausse d'impôts, selon la copie du gouvernement. Les personnes à la retraite qui bénéficient d'un abattement fiscal de 10 % au titre des frais professionnels doivent voir ce dernier remplacer par un abattement forfaitaire de 2 000€. Un changement permettant d'améliorer le pouvoir d'achat des retraités les moins aisées, en augmenter l'effort demandé à tous les autres. La mesure avait été retoquée par un amendement soutenu par la majorité de l'opposition en commission.
De nouvelles taxes et des avantages rabotés
Si la hausse de l'impôt sur le revenu a été revue par les délutés, les ménages risquent tout de même de perdre en pouvoir d'achat à cause de la suppression de 23 niches fiscales, sur les 474 existantes. Si la suppression de certaines des niches visées, jugées obsolètes, inefficaces ou touchant trop peu de personnes, ne devrait pas faire polémique, d'autres suppressions vont avoir des conséquences directes sur les Français. Voici quelques exemples :
- La fin de la réduction d'impôt sur les frais de scolarité dans le secondaire et le supérieur
- La baisse ou la fin de l'exonération des cotisations pour les apprentis
- La hausse des charges patronales de 8% sur les avantages en nature comme les tickets-restaurants ou les chèques-vacances.
- La réduction progressive de l'avantage fiscal sur les biocarburants comme le E85
- La fiscalisation des indemnités journalières des affections longue durée.
A noter que les deux dernières mesures avaient été supprimées du budget 2026 en commission des finances. Les Français concernés vont devoir renoncer à ces avantages et en parallèle, ils vont voir de nouvelles taxes apparaître. La copie du budget 2026 table notamment sur trois nouvelles taxes : celle visant les petits colis, d'une valeur inférieure à 150€, en provenance d'un pays hors de l'Union européenne qui s'élèveront à 2€ par article ; celle sur le vapotage taxant de 30 à 50 centimes chaque flacon de 10 ml selon le taux de nicotine ; et celle sur les emballages plastiques non recyclés que s'élèveront à 30€ par tonne en 2026, et progresseront tous les ans jusqu'à atteindre les 150€ par tonne en 2030.
Un non définitif à la Taxe Zucman ?
Alors que le gouvernement passe par l'impôt pour récupérer des milliards d'euros de recettes, le gauche souhaite faire peser plus de mesures fiscales sur les plus riches, d'où la proposition sur la taxe Zucman. Cet impôt, pensé par l'économiste Gabriel Zucman, vise l'imposition à 2% des Français ayant un patrimoine supérieur à 100 millions d'euros, soit environ 1800 personnes. Face au rejet de la mesure en commission des finances, le PS a proposé une "taxe Zucman ligth", c'est-à-dire une version allégée qui prévoit de taxer de 3% les personnes domiciliées en France dont la patrimoine excède 10 millions d'euros, en excluant les entreprises innovantes et familiales pour coller au ligne rouge du camp présidentiel.
Mais la "taxe Zucman light" perd en efficacité aux yeux des partis de gauche et ne convainc pas le centre, la droite ou l'extrême droite. La porte-parole du gouvernement, Maud Bregeon, a assuré sur BFMTV que le gouvernement est opposé à cette mesure : "Quand ça touche à l’appareil productif, aux usines, aux grandes start-up, au travail ou à l’emploi, nous serons contre". Le ton est le même du côté de LR et du RN. Le texte n'a donc aucun chance d'être adopté à l'Assemblée nationale.
Des impôts et des taxes opposés aux plus hauts revenus
Plusieurs impôts et taxes concernant uniquement les Français les plus aisés ont été annoncés et/ou prolongés à l'occasion du budget 2026. Certaines mesures sont en bonne voie pour être validées à l'Assemblée nationale, mais d'autres sont susceptibles d'évoluer, comme la nouvelle taxe visant les holdings patrimoniales, proposée par le gouvernement en alternative à la taxe Zucman.
- La création d'une taxe sur les holdings patrimoniales qui sont parfois utilisées par les plus fortunés pour contourner l'impôt. Cette taxe vise à faire échec à ces stratégies de contournement par la thésaurisation de revenus. Une mesure présentée comme une lutte contre l'optimisation fiscale par Sébastien Lecornu durant son discours de politique générale. En commission, cette taxe a été supprimée et remplacée par erreur par une taxe sur les holdings patrimoniales devant être récoltée uniquement à la mort du propriétaire. Certains députés croyaient compléter le dispositif et non le remplacer. L'erreur ne devrait pas se reproduire dans l'hémicycle.
- La prolongation de la contribution différentielle sur les hauts revenus (CDHR) mise en place lors à l'occasion du budget 2025. Il s'agit d'une surtaxe appliquée aux ménages dont les revenus dépassent 250 000 euros pour un célibataire et 500 000 euros pour un couple. Elle fixe un taux minimal d'imposition de 20 %. Elle s'ajoute en réalité à la contribution exceptionnelle pour les hauts revenus (CEHR) qui cible les mêmes foyers fiscaux ainsi qu'à leurs impôts sur le revenu pour qu'ils soient bien imposés d'au moins 20 %. Pensée pour durer une année, cette mesure pourrait finalement être pérennisée jusqu'au retour du déficit à 3% du PIB, soit jusqu'en 2029 selon les projections gouvernementales.
- La prolongation de la contribution exceptionnelle sur les grandes entreprises également mise en place avec le budget 2025. Cet impôt vise les 400 plus grandes entreprises françaises et oppose un taux d'imposition de 10,3 % pour les entreprises ayant chiffre d'affaires compris entre 1 et 1,1 milliard d'euros et un taux de 20,6 % pour celles ayant un chiffre d'affaires compris entre 3 et 3,1 milliards d'euros. Si cet impôt est reconduit, il devrait être divisé par deux par rapport à l'année dernière.
- L'augmentation de la taxe Gafam qui vise les multinationales et les géants de la tech a été adoptée. Cet impôt doit doubler, passant de 3 à 6%. Il s'agit d'un compromis, le texte initial proposant de multiplier la taxe par cinq. Une révision à la baisse pour éviter des représailles trop importantes venant des Etats-Unis, dont son originaire la plupart des Gafams.
Durant les débats en commission des finances, certains impôts concernant les plus hauts revenus avaient été ajoutés par des amendements. Ces taxes visaient notamment les Français bénéficiant d'optimisation fiscale à l'étranger. Elles ne sont pas présente dans la version du PLF examinée à l'Assemblée, mais elles pourraient de nouveau être ajoutées.
- La création d'un impôt pour les Français aux hauts revenus expatriés dans des paradis fiscaux a été proposée par un amendement de LFI et votée. Il s'agit d'une contribution sur "les plus hauts revenus", soit à partir de 230 000€ environ, en cas de départ vers un pays à la fiscalité généreuse. Pour déterminer les paradis fiscaux concernés par la taxe, il est proposé de retenir les pays "pratiquant une fiscalité inférieure de plus de 40% à celle de la France en matière d’imposition sur les revenus du travail, du capital ou du patrimoine". A noter que l’impôt payé auprès du pays de résidence pourrait être déduit de l’impôt français.
- Le retour de l'"exit taxe" dans sa forme de 2019 visant à freiner l'évasion fiscale. Il est question de taxer un contribuable domicilié fiscalement en France et détenant des actions lorsqu’il transfère son domicile fiscal hors de France sur la plus-value latente qui résulterait de la vente de ses actions.
Une baisse d'impôt pour les entreprises
Si les augmentations de taxes ou d'impôts sont nombreuses dans la copie du budget, les baisses de charges sont nettement moins présentes. Une seule mesure fiscale significative prévoit une baisse de l'impôt pour les entreprises, notamment de l'impôt de production ou cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE). Cet impôt, qui "pèse sur la production de nos petites et moyennes entreprises" selon Sébastien Lecornu, baissera avant d'être définitivement supprimé en 2028, soit deux ans plus tôt que prévu. "Afin de soutenir la dynamique de réindustrialisation française et d'accompagner nos petites et moyennes entreprises et nos entreprises de taille intermédiaire, il est proposé de reprendre, dès 2026, la suppression progressive de la CVAE", indique le projet de loi de finances. Le gouvernement estime que cette baisse se traduirait par 1,3 milliard d'euros de recettes en moins.
11:35 - La taxe Zucman rétablirait l'"égalité" des Français face à l'impôt insiste l'économiste Gabriel Zucman
A l'allure à laquelle vont les débats sur le budget 2026 à l'Assemblée, l'amendement sur la taxe Zucman ne devrait pas être débattu avant vendredi selon les estimations. Le PS entend bien défendre le texte proposant ce nouvel impôt et sa version allégée, mais toutes les autres familles politique allant du camp présidentiel à l'extrême droite ont annoncé s'opposer à la mesure. Ce mercredi sur BFMTV, l'économiste Gabriel Zucman qui a théorisé la taxe insiste pour dire que cette mesure "doit être débattue et améliorée" par les députés. Il soutient que la taxe Zucman permettrait de rétablir de l'"égalité" entre les Français moyens et les milliardaires face à l'impôt : "Le taux plancher de 2% sur la fortune que je propose a été calculé précisément pour s'assurer que les milliardaires payent autant que le Français moyen".
Mais se l'économiste défend la proposition initiale, il n'est pas convaincu par la version allégée de l'impôt proposé par le PS pour tenter de trouver une majorité. La taxe Zucman "light" risquerait selon lui de créer "des échappatoires" : "Quand on introduit des exonérations comme dans la proposition du PS, on prend le risque de lancer la machine à optimisation. C'est ce qui s'était passé avec l'ISF".
10:53 - Le doublement de la taxe Gafam adoptée à l'Assemblée
Les députés ont majoritairement voté pour le doublement de la taxe Gafam qui vise les multinationales et les géants de la tech. L'impôt doit donc passer de 3 à 6%, contre un passage initialement prévu à 15% et revu à la baisse face à l'opposition des macronistes qui redoutaient des représailles trop importantes de la part des Etats-Unis. Le ministre de l'Economie lui-même a mis en garde contre des taxes "disproportionnées". L'amendement, déposé par le macroniste Jean-René Cazneeuve, ne faisait toujours pas l'unanimité auprès de sa famille politique mais il a été adopté avec 296 voix pour et 58 contre. "Les géants du numérique doivent payer en France un impôt qui soit proportionnel à leur activité. Ils ont multiplié un certain nombre d’astuces légales pour faire en sorte que leur chiffre d’affaires et leur profitabilité ne soient pas connus", a dénoncé Jean-René Cazeneuve devant l'hémicycle pour justifier la hausse de la taxe, disant cependant ne pas vouloir "rouvrir une guerre commerciale entre la France et les Etats-Unis". La gauche de son côté a regretté une soumission face à la pression américaine.
28/10/25 - 16:40 - "Il n’y a pas de deal avec le PS" assure le Premier ministre à LR
Invité de la réunion hebdomadaire de députés LR, le Premier ministre Sébastien Lecornu a leur a assuré ce mardi que "pour rien au monde" il n’accepterait de "toucher au patrimoine professionnel" en référence à la taxe Zucman visant les hauts patrimoines et demandée par la gauche. "Il ne faut pas que les compromis soient des compromissions", a-t-il ajouté selon des sources internes à la réunion auprès du Figaro. Il a ajouté qu'il "n’y a pas de deal avec le PS". Draguant les élus de la droite, il a assuré être "respectueux de la diversité" et ne pas "pas chercher à [les] faire digérer dans le macronisme".
Le Premier ministre espère convaincre les élus LR de voter le budget 2026, malgré la position actuel du président du parti Bruno Retailleau qui juge le texte "invotable en l'état". "Notre ligne est simple : on ne fait pas tomber de gouvernement à la légère, on ne fait pas de chantage à la censure, mais cela ne veut pas dire qu’on est prêts à accepter n’importe quoi", a rappelé le chef des députés de droite, Laurent Wauquiez à Sébastien Lecornu, rappelant son opposition à toute hausse d'impôts.
28/10/25 - 11:53 - Plus aucune chance pour l'adoption de la taxe Zucman
La taxe Zucman a déjà échoué à trouver une majorité en commission des finances. La taxe Zucman light proposé par le PS ne devrait pas avoir plus de succès dans l'hémicycle. Alors que l'amendement proposant l'instauration d'une version allégée de l'impôt - pour imposer de 3% les foyers fiscaux de plus de 10 millions d'euros à l'exception d'entreprises innovantes ou familiales - doit avoir lieu, tous les camps politique allant du centre à l'extrême droite ont dit s'y opposer. Le gouvernement s'oppose à la taxe Zucman light a assuré sa porte-parole Maud Bregeon sur BFMTV ce mardi : "Quand ça touche à l’appareil productif, aux usines, aux grandes start-up, au travail ou à l’emploi, nous serons contre". Le LR a toujours qualifié la mesure d'aberration et le RN a annoncé s'opposer à toutes les formes de la taxe Zucman : c'est "non, ni light ni hard ni rien du tout".
27/10/25 - 14:52 - Un amendement sur la défiscalisation des pourboires adopté
Un amendement déposé par LR prévoyant la défiscalisation totale des pourboires pour les employés de l’hôtellerie et de la restauration a été adoptée ce lundi. Le texte a été soutenu grâce aux Républicains, aux élus du Rassemblement national, à ceux du Parti socialiste et ceux d'Horizons.
27/10/25 - 11:56 - La taxe Zucman révisée par la gauche et soutenue par une majorité ? Le débat reporté
"Le débat sur la taxe Zucman aura lieu (…) mais pas aujourd’hui parce que je dois partir à l’étranger mercredi", a déclaré le ministre de l'Economie, Roland Lescure, devant l'Assemblée nationale ce lundi. L'examen de l'article 3 sur lequel porte l'amendement du PS pour l'instauration d'une taxe Zucman envers les plus riches est reporté de quelques jours, a priori à mercredi, alors qu'il devait avoir lieu ce lundi. Un changement de planning dû au départ du ministre à l’étranger et qu'il souhaite être présent pour discuter d'un "certain nombre d’amendements et d’articles [relatifs à] des dispositions qui [le] concernent".
Le débat est donc décalé, mais il devrait aussi être légèrement modifié. Le PS, qui a fait le deuil de la taxe Zucman promis à un rejet, propose une version allégée de la taxe. Celle-ci pourrait être votée par le reste de la gauche malgré sa perte d'efficacité en matière de recettes, mais rien ne dit que le camp présidentiel la votera, tandis que l'extrême droite dit attendre de voir le détail de l'amendement. "On verra ce qu'il y a dedans", a assuré Jean-Philippe Tanguy sur franceinfo.