Budget 2026 : ces impôts qui doivent augmenter et ceux qui pourraient s'ajouter

Budget 2026 : ces impôts qui doivent augmenter et ceux qui pourraient s'ajouter L'examen du budget 2026 commence à l'Assemblée nationale ce lundi 20 octobre. Le texte prévoit des hausses d'impôts touchant l'ensemble des contribuables, des mesures susceptibles d'être amendées ou d'être complétées par d'autres augmentations.

Le gouvernement a jusqu'au 31 décembre pour promulguer le projet de loi de finances (PLF) et le projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) au Parlement. Le premier texte est étudié en commission des Finances ce lundi 20 octobre avant d'être débattu dans l'hémicycle à compter de vendredi pour un vote attendu le 4 novembre. Le second texte sera examiné par la commission des Affaires sociales le jeudi 23 octobre et arrivera à l'Assemblée après l'étude du PLF. Le Premier ministre a misé sur un budget permettant de faire des économies évaluées à une trentaine de milliards d'euros et de réduire le déficit à 4,7 % du produit intérieur brut (PIB). Il prévoit des efforts qui se décomposent entre le volet des recettes tablant sur la récolte de 17 milliards d'euros et celui des dépenses qui doit permettre d'économiser environ 14 milliards d'euros. Un objectif qu'il est prêt à assouplir tant qu'il reste inférieur à 5 % du PIB.

Concrètement, le budget 2026 s'accompagne d'une série de mesures fiscales, notamment des augmentations et des prolongations d'impôts et de taxes. Mais il ne s'agit là que d'un point de départ et la copie risque fortement d'évoluer au fil des débats à l'Assemblée et au Sénat. Les oppositions ont annoncé vouloir supprimer ou ajouter des dispositions au budget 2026. Le PS a promis de déposer un amendement pour intégrer une taxe Zucman visant les 1 800 Français ayant un patrimoine supérieur à 100 millions d'euros. Le RN, lui, réclame un "impôt sur la fortune financière" mais il s'oppose à des mesures du texte initial. Dans les rangs LR et Horizons, l'objectif est de combattre la suspension de la réforme des retraites annoncée par le Premier ministre pour répondre à une exigence de la gauche et éviter une censure. Au total 1 749 amendements ont été déposés, mais ce nombre devrait diminuer avec l'irrecevabilité de certaines propositions. 

Des impôts et des taxes opposés aux plus hauts revenus

Selon le volet recette du budget 2026 proposé par Emmanuel Macron, les mesures fiscales doivent porter sur "un effort supplémentaire des contribuables disposant des moyens les plus importants" à hauteur de 6,5 milliards d'euros selon la copie du budget remise au Haut conseil des finances publiques et en Conseil des ministres. Plusieurs mesures sur des impôts concernant les Français les plus aisés ont effectivement été annoncées :

  • La prolongation de la contribution différentielle sur les hauts revenus (CDHR) mise en place lors à l'occasion du budget 2025. Il s'agit d'une surtaxe appliquée aux ménages dont les revenus dépassent 250 000 euros pour un célibataire et 500 000 euros pour un couple. Elle fixe un taux minimal d'imposition de 20 %. Elle s'ajoute en réalité à la contribution exceptionnelle pour les hauts revenus (CEHR) qui cible les mêmes foyers fiscaux ainsi qu'à leurs impôts sur le revenu pour qu'ils soient bien imposés d'au moins 20 %.
  • La création d'une taxe sur les holdings patrimoniales qui sont parfois utilisées par les plus fortunés pour contourner l'impôt. Cette taxe vise à faire échec à ces stratégies de contournement par la thésaurisation de revenus. Une mesure présentée comme une lutte contre l'optimisation fiscale par Sébastien Lecornu durant son discours de politique générale : "Nous voulons une société où il est bon de travailler, de réussir et d'innover. Nous voulons aussi être vigilants au consentement à l'impôt. Encadrer l'optimisation fiscale, en particulier celle qui passe par les holdings, est une première réponse". 
  • La prolongation de la contribution exceptionnelle sur les grandes entreprises également mise en place avec le budget 2025. Cet impôt vise les 400 plus grandes entreprises françaises et oppose un taux d'imposition de 10,3 % pour les entreprises ayant chiffre d'affaires compris entre 1 et 1,1 milliard d'euros et un taux de 20,6 % pour celles ayant un chiffre d'affaires compris entre 3 et 3,1 milliards d'euros. Si cet impôt est reconduit, il est divisé par deux par rapport à l'année dernière.

Une hausse des impôts généralisée et des avantages rabotés

Mais si des mesures fiscales se concentrent sur les grosses fortunes, tous les contribuables français doivent s'attendre à voir leurs impôts augmenter en 2026 si le budget est appliqué dans sa version initiale ou si le gel du barème des impôts est maintenu à l'issue des débats au Parlement. L'année blanche, envisagée par François Bayrou et proposée par Sébastien Lecornu, empêche l'indexation du barème de l'impôt sur l'inflation qui a normalement lieu tous les ans pour tenir compte de la hausse des prix. Laquelle a été évaluée à 1,1 % en janvier 2025 et estimée à 1,3 pour l'année prochaine. Or, un gel du barème augmente mécaniquement le montant de l'impôt sur le revenu pour de nombreux ménages. Certains ayant connu une hausse des revenus sont même susceptibles de changer de tranche et de payer plus d'impôts.

Ce gel du barème devait aussi avoir pour conséquence de faire payer des impôts à 200 000 nouveaux foyers fiscaux qui n'étaient pas imposables l'an passé selon le ministère de l'Economie. Une étude de l'OFCE parle, elle, de 380 000 Français nouvellement imposés. Mais un amendement déposé par le groupe Liot et adopté en commission le 20 octobre prévoir finalement l'indexation de barème de l'impôt sur l'inflation uniquement pour la première tranche, c'est-à-dire les foyers non-imposables.

Cette hausse des impôts va aussi concerner les retraités. Les personnes à la retraite qui bénéficient d'un abattement fiscal de 10 % au titre des frais professionnels vont voir ce dernier remplacer par un abattement forfaitaire de 2 000€. Une mesure qui va avoir pour conséquence "d'améliorer la situation des couples de retraités les plus modestes", mais d'augmenter les impôts des autres retraités.

En plus de l'augmentation de l'impôt sur le revenu, les ménages pourraient perdre en pouvoir d'achat à cause de la suppression de 23 niches fiscales, sur les 474 existantes. Si la suppression de certaines niches ne devraient pas faire polémiques en raison du caractère symbolique des mesures visées, d'autres suppressions auraient des conséquences directes sur les Français. Par exemple : la fin de la réduction d'impôt sur les frais de scolarité dans le secondaire et le supérieur, la réduction progressive de l'avantage fiscal sur les biocarburants comme le E85, la fiscalisation des indemnités journalières des affections longue durée, la baisse ou la fin de l'exonération des cotisations pour les apprentis ou encore la hausse des charges patronales sur les avantages en nature comme les tickets-restaurants ou les chèques-vacances.

Une baisse d'impôt pour les entreprises

Si plusieurs augmentations ou prolongations d'impôts exceptionnelles sont prévues dans la copie du budget 2026, les baisses d'impôts sont nettement moins nombreuses. Une seule mesure fiscale significative prévoit une baisse de l'impôt pour les entreprises, notamment de l'impôt de production ou cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE). Cet impôt, qui "pèse sur la production de nos petites et moyennes entreprises" selon Sébastien Lecornu, baissera avant d'être définitivement supprimé en 2028, soit deux ans plus tôt que prévu. "Afin de soutenir la dynamique de réindustrialisation française et d'accompagner nos petites et moyennes entreprises et nos entreprises de taille intermédiaire, il est proposé de reprendre, dès 2026, la suppression progressive de la CVAE", indique le projet de loi de finances. Le gouvernement estime que cette baisse se traduirait par 1,3 milliard d'euros de recettes en moins.

Dernières mises à jour

17:38 - Des amendements déposés pour demander l'instauration d'une taxe Zucman ou d'un nouvel ISF

L'examen du PLF sur le budget 2026 et des amendements déposés doivent durer trois jours avec au programme des mesures sujettes à débat comme l'instauration d'une taxe Zucman, censée opposer un impôt plancher de 2% aux 1 800 Français les plus riches - dotés d'un patrimoine de plus de 100 millions d'euros -, ou la réintroduction d'un impôt sur la fortune (ISF) sur l'ancien modèle ou selon une nouvelle formule. La première mesure est demandée par la gauche, la seconde soutenue en termes différents à gauche et à l'extrême droite. Ces amendements doivent, normalement, être discutés ce lundi après-midi et demain selon le président de la commission des Finances, le député Eric Coquerel, interrogé par LCP.

15:59 - Le barème de limpôt indexé sur l'inflation.. mais seulement en partie

Alors que le projet de loi de finances sur le budget 2026 initial prévoyait une année blanche et le gel du barème de l'impôt en 2026, un amendement déposé par le groupe Liot et adopté en commission est revenu sur ce point. Le texte défendu par Charles de Courson propose d'indexer la première tranche du barème de l'impôt sur l'inflation. Cela signifie que l'année blanche ne devrait finalement pas faire entrer des centaines de milliers de ménages dans la catégorie des foyers imposables.

14:44 - Ces niches fiscales dont la suppression devraient être sujet au débat

Le gouvernement prévoit de supprimer 23 niches fiscales jugées obsolètes, profitant à trop peu de gens ou tout simplement inefficaces. Les niches fiscales de cette dernières catégories font partie de celles dont la suppression devrait être plus difficile à accepter. Il s'agit notamment de ces mesures, à même d'impacter le quotidien des Français concernés.

  • La fin de l'exonération d'impôt sur les indemnités journalières pour affection longue durée
  • La suppression de la réduction d’impôt pour frais de scolarité dans le secondaire et le supérieur
  • La réduction progressive de l’avantage fiscal (tarif particulier) pour le carburant E85
  • La suppression du tarif particulier pour le carburant B100 (au bénéfice des tarifs réduits en faveur du secteur des transports routier ou ferroviaire. 

12:22 - La prolongation de l'impôt exceptionnel sur les hauts revenus adoptée en commission

En commission, les députés ont adopté un amendement au PLF qui vise à pérenniser l'impôt exceptionnel sur les hauts revenus tant que le déficit public n'est pas inférieur à 3% du PIB. Cela signifie que la taxe, instaurée en 2025 pour un an pourrait finalement être reconduite plusieurs années le retour du déficit à 3% étant envisagé pour 2029 au plus tôt. Cet impôt concerne les revenus dépassant 250 000 euros annuels pour un célibataire et 500 000 euros pour un couple, et fixe un taux minimal d'imposition de 20%.  

08:26 - Plus de 1 700 amendements déposés pour le budget 2026

Le projet de loi de finances de 2026 arrive à la commission des Finances de l'Assemblée nationale ce lundi 20 octobre. Le texte va y être étudié pendant quatre jours avant d'être débattu dans l'hémicycle à partir de vendredi. Des débats qui devront se tenir rapidement avant un premier vote attendu le 4 novembre. Mais les  1 749 amendements déposés par les députés pour ajouter des mesures, notamment des impôts -  la “taxe Zucman” sur les hauts patrimoines voulue par les socialistes, l’“impôt sur la fortune financière” défendu par le Rassemblement national, ou encore l’“impôt sur la fortune climatique” réclamé par la gauche cite en exemple Politico -, risque de prolonger les discussions.