Les prisons françaises "épouvantables" avec "rats" et "vétusté" : même Sarkozy va découvrir une dure réalité
La surpopulation dans les prisons françaises est dénoncée depuis longtemps. Au 1er septembre, elle montait à 138% avec 84 311 détenus pour 62 614 places. Ce mercredi 15 octobre, un avis datant du 12 mai de Dominique Simonnot, contrôleuse générale des lieux de privations de liberté, adressé au ministre de la Justice, Gérald Darmanin, vient d'être publié au Journal officiel et pointe "l'extrême dégradation" des prisons. Dominique Simonnot a dénoncé la "vétusté" et déploré "l'indignité des conditions de vie et de travail", les détenus et le personnel pénitencier étant touchés. "Les prisons sont dans un état épouvantable, du moins certaines d'entre elles", a-t-elle confié à franceinfo. Elle décrit notamment le centre pénitentiaire de Perpignan qu'elle qualifie d'"immonde et infâme" avec "des infiltrations d'eau", des "traces de moisi" ainsi que des "poux".
Les problèmes sont, en effet, multiples. Elle rappelle d'abord que de nombreux établissements pénitentiaires sont dans de vieilles bâtisses. Certaines se retrouvent alors avec des murs fissurés et envahis de moisissures. Dans d'autres, ce sont les installations électriques qui sont défaillantes. Même les bâtiments plus récents font face à des soucis similaires. La partie centre de détention de Fleury-Mérogis, par exemple, qui avait été inaugurée en 2023, a dû fermer un an plus tard à cause de fuite d'eau et de moisissures. La moindre fermeture de cellule aggrave "la promiscuité" dans les autres, c'est un cercle vicieux. Dominique Simonnot atteste aussi de "la prolifération de nuisibles tels que les cafards, les rats et les punaises de lit". "Les atteintes à la dignité et à l'intimité des détenus" sont également nombreuses, avec notamment "l'absence de cloisonnement des toilettes dans les cellules ou de portes dans les douches communes". De même, les cabines de parloir peuvent être toutes petites, voire "étouffantes" et ne garantissant "ni l'intimité des échanges, ni le moindre confort".
Dominique Simonnot en appelle alors à l'action de l'Etat. Elle demande en premier lieu de cesser l'utilisation de bâtiments anciens ainsi que de réaliser davantage de travaux. Ainsi, elle recommande que "chaque établissement pénitentiaire vétuste fasse l'objet d'un diagnostic approfondi, permettant de déterminer sans délai les mesures à prendre quant à son avenir". Gérald Darmanin a répondu à ce rapport et a assuré que "l'amélioration des conditions de détention de la population pénale et de travail du personnel pénitentiaire est au cœur des actions menées par mes services afin d'accélérer la rénovation des lieux d'incarcération les plus vétustes". Il a ajouté avoir lancé deux appels d'offres pour la construction de 3000 places de prison modulaires.
La prison de la Santé en "lente dégradation" et surpeuplé
Nicolas Sarkozy ne devrait pas échapper à de telles conditions d'incarcération. Condamné à cinq ans de prison ferme, l'ex-président purgera sa peine à partir du 21 octobre à la prison de la Santé à Paris. Il sera dans une cellule individuelle d'environ 9 m², équipée simplement d'un lit, d'une armoire, d'un bureau et d'une douche, et probablement d'un frigo et d'une télé. Il pourra dès le début de son incarcération faire une demande de liberté provisoire.
Si la prison de la Santé a été récemment rénovée, le 31 août dernier, un détenu est mort dans l'incendie de sa cellule. S'il pourrait avoir lui-même mis le feu, les syndicats de personnel ont dénoncé à plusieurs reprises le fonctionnement de la centrale incendie "qui ne répercute pas la détection en temps réel" et des systèmes d'incendie de la coursive "se déclenchant une fois sur deux", rapporte l'Observatoire international des prisons. Par ailleurs, la sénatrice Anne Souyris, qui s'est rendue dans la prison peu après l'incident, a témoigné d'une "lente dégradation" de la prison pouvant aboutir "à des drames humains", rapporte Libération. L'établissement affichait au 1er août une surpopulation de 189,2% avec 1243 détenus.