Un mégaprojet à 4 000 mètres d'altitude vise à ouvrir un passage sans précédent vers l'océan
C'est un projet faramineux qui est relancé après une interruption des travaux pendant cinq ans. En 2019, une crainte de voir doubler ou tripler l'estimation officielle du projet de 1,5 milliard de dollars a été formulée. Suite à d'autres priorités d'investissements et une réduction de budget, les travaux ont été paralysés en 2020. L'objectif était de construire un tunnel de 14 kilomètres de long, facilitant l'accès direct à l'océan et stimulant ainsi les importations.
Nommée "Agua Negra", cette autoroute souterraine vise à relier la province de San Juan en Argentine et la région de Coquimbo au Chili. Le nom vient de celui du col de la cordillère des Andes situé à la frontière entre les deux pays et qui culmine à 4779 mètres d'altitude. Ce col est accessible par une route de montagne en été, mais elle est fermée une grande partie de l'année en raison de la neige et du risque d'intempéries. Le tunnel, qui comporterait trois tubes dont deux pour le trafic (aller et retour) et un pour la ventilation, permettrait une circulation toute l'année.

Ce passage ouvrirait à l'Argentine un accès direct à l'océan Pacifique. Les provinces du centre et du nord-ouest pourraient ainsi plus facilement atteindre les marchés asiatiques. Un véritable pôle commercial stratégique pourrait alors se dessiner. Ce corridor permettrait aussi de stimuler la coopération universitaire et scientifique entre les deux régions, notamment autour de projets en astronomie et en énergies renouvelables. Il vise également à accentuer les interactions touristiques et les échanges culturels de deux nations proches géographiquement, mais isolées l'une de l'autre par la montagne.
Par ailleurs, la partie la plus profonde du tunnel pourrait accueillir le tout premier laboratoire souterrain de l'hémisphère sud. Ce dernier consisterait en un complexe de trois cavernes adjacentes, où pourront être menées des expériences très sensibles que ce soit en physique des particules, astrophysique, géophysique, biologie, sciences de l'environnement... Il serait le troisième le plus profond du monde à 1750 mètres sous la roche.
La concrétisation du projet est très attendue des deux côtés : "Les habitants de San Juan espèrent traverser par Agua Negra, et les Chiliens attendent leur arrivée. Cette connexion est déjà une étape historique et continuera d'être maintenue", a déclaré au média local, Diario Huarpe, le consul du Chili à San Juan, Mario Schiavone, en l'attende d'un calendrier exact.
Les travaux ont en tout cas déjà repris du côté chilien : "Nous essayons d'ajouter quelques kilomètres supplémentaires pour cette saison. Ce n'est pas facile, car il y a des sections problématiques où le revêtement est complexe, mais les progrès sont constants et il est clair que nous pouvons faire mieux à chaque fois.", a-t-il précisé.