Ces experts sont formels : voici le nombre d'immigrés devant venir en France chaque année pour que l'économie ne s'écroule pas
"Sans les travailleurs immigrés, une partie essentielle de l'économie française s'arrête." Le constat est sans appel pour les auteurs du rapport intitulé Les travailleurs immigrés avec ou sans eux ? publié par le centre de réflexion Terra Nova, le lundi 12 mai. La population française est marquée à la fois par un phénomène de vieillissement et une diminution continue du taux de natalité depuis plus de vingt ans. Conséquence : la part des actifs ne suffit plus pour soutenir le modèle social.
Pour augmenter le nombre d'actifs et assurer le fonctionnement de l'économie, le levier le plus efficace et le plus rapide est celui de l'immigration selon Terra Nova, classé à gauche. L'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) lui-même mise sur un taux de fécondité de deux enfants par femme et un solde migratoire de 120 000 personnes par an pour assurer le maintien de la population active en quantité suffisante à l'horizon 2040.
Mais cette projection ne permettra pas "d'empêcher une dégradation" de l'économie française selon le think tank. D'autant qu'elle est très optimiste en termes de natalité : en 2024, le taux de fécondité en France ne s'élevait qu'à 1,62 enfant par femme. Un solde migratoire de 120 000 personnes permettrait donc seulement de "contenir la baisse de la population active", expliquent les auteurs du rapport, dont l'essayiste Hakim El Karoui et l'économiste Juba Ihaddaden.

En 2040, le nombre d'actifs "s'élèvera à 32,2 millions de personnes", ce qui impliquera d'augmenter le solde migratoire à plus de 139 000 personnes selon les calculs des experts. En tenant compte des entrées et des sorties d'immigrés en France chaque année, il faudrait donc faire entrer près de 310 000 personnes étrangères par an pour s'assurer d'un solde migratoire suffisant. Le rapport établit donc que l'arrivée de 250 000 à 310 000 personnes par an est nécessaire pour assurer la soutenabilité du modèle social d'ici à 2040 et 2050.
Si cela peut paraître beaucoup, la fourchette donnée correspond déjà au niveau moyen de l'immigration légale entre les années 2010 et 2022. Le rapport préconise "non pas d'ouvrir les frontières à tous les vents", mais de "maintenir le niveau d'ouverture actuel en fléchant davantage les entrées vers l'activité économique", précisent ses auteurs. Pour cela, il faudrait inventer "une nouvelle politique d'immigration, où le travail aura une place centrale", ajoute Hakim El Karoui.
Avec de tels chiffres, les personnes issues de l'immigration continueraient de représenter autour de 10% de la population nationale (10,7% en 2023). Une part qui est largement surestimée par les trois quarts des Français selon une enquête réalisée par le Centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie (Crédoc) en mai auprès de 2000 personnes. D'après ce sondage, plus d'un tiers des personnes pensent que l'immigration pèse plus de 25% dans la population nationale et une personne sur dix estime que les immigrés représentent 50% de la population.