Les pharmacies ont trouvé comment vous faire dépenser plus d'argent

Les pharmacies ont trouvé comment vous faire dépenser plus d'argent Les pharmacies empruntent de plus en plus de stratégies de vente aux grandes surfaces, afin de pousser le client à l'achat.

Les pharmacies indépendantes sont de moins en moins nombreuses en France. Selon une étude statistique du GERS, spécialiste du marché pharmaceutique, 290 ont fermé en 2024 et une baisse de 10% des officines a été constatée en dix ans. En parallèle, des groupements se multiplient et proposent des pharmacies XXL. Pharmabest, par exemple, rassemble 133 établissements de 700 m2 en moyenne. Pour se développer, ces pharmacies s'imprègnent de techniques bien connues dans les grandes surfaces. "La grande distribution a créé des codes qui marchent depuis les années 1960, on les a adaptés à la pharmacie", a récemment admis le directeur général de Pharmabest, Alain Styl, auprès du Parisien.

Tout d'abord, l'offre de produits est de plus en plus diversifiée. Dentifrices, crèmes visage, gels douche, couches... Des produits du quotidien sont souvent présents dans les rayons. Ils n'ont, en plus, pas de marges réglementées. Ce qui se rapporte à l'hygiène ou à la beauté se retrouve donc parfois davantage mis en avant que les médicaments sans ordonnance. Selon les périodes, le choix des produits les plus exposés est bien pensé : les déodorants et les crèmes solaires sont en première ligne l'été, contre les vitamines l'hiver.

Autre technique pour inciter à l'achat : des bacs de produits peuvent aussi être disposés le long de la file d'attente de la caisse, afin de pousser à la consommation, tout comme les paniers en libre-service pour faire ses emplettes. Comme les supermarchés, les groupements pharmaceutiques développent aussi leur propre marque. Pharmabest a lancé 200 références mélangeant gels douche, huiles essentielles, compléments alimentaires...

Selon Alain Styl, ces produits sont 20 à 30% moins chers que les grandes marques. Pour jouer sur le prix, des promotions sont aussi mises en place car ces groupes, qui parviennent à négocier avec les laboratoires. Elles sont souvent soulignées par des étiquettes flashy. Certaines pharmacies proposent même des cartes de fidélité pour cumuler des points, avoir des réductions ou encore établir une cagnotte réutilisable.

Le directeur de Pharmabest affirme alors que les concurrents des pharmacies XXL, "ce sont Leclerc et Nocibé, les sites Internet, surtout pas les petites pharmacies", le groupe faisant seulement 50% de son chiffre d'affaires sur les médicaments, contre 80% pour les pharmacies classiques. Et l'explication est simple : "Les petites officines isolées qui ne vendent que du médicament se prennent de plein fouet les économies à répétition de la Sécurité sociale sur les remboursements des produits de santé", ajoute David Abenhaim, le président du groupement auprès de Challenges.