Biarritz doit changer le nom jugé raciste de ce quartier, la mairie dit défendre une tradition locale
La justice a tranché : Biarritz va devoir renommer le quartier de "La Négresse". Une demande formulée par des organismes anti-racistes depuis 2013, dont l'association Mémoires et Partages qui dénonce un "sobriquet raciste et sexiste", mais toujours ignorée jusqu'à ce jeudi 6 février et la décision de la cour administrative d'appel de Bordeaux. "Quelle que soit l'origine supposée de cette appellation et sa dimension historique revendiquée par la commune de Biarritz, le terme 'La Négresse' évoque aujourd'hui, de façon dévalorisante, l'origine raciale d'une femme dont l'identité n'a d'ailleurs pas été formellement identifiée", explique la cour dans un communiqué.
Ce nom, donné à un quartier de Biarritz, est "de nature à porter atteinte à la dignité de la personne humaine" et peut être perçu par la population "comme comportant un caractère offensant à l'égard des personnes d'origine africaine", ajoute la cour. Ainsi, la justice enjoint la maire de Biarritz, Maïder Arosteguy (LR), de saisir le conseil municipal dans un délai de trois mois pour procéder à un changement de nom. Le quartier de "La Négresse" pourrait alors retrouver son nom d'origine basque - Harausta - ou prendre un autre nom.
Une victoire pour l'association bordelaise Mémoires et Partages qui avait d'abord sollicité la maire et le tribunal administratif de Pau, en vain, pour rebaptiser le quartier. Mais la bataille judiciaire pourrait se poursuivre puisque l'édile Maïder Arosteguy envisage de déposer un recours en cassation devant le Conseil d'Etat. "Nous y réfléchissons, mais je pense que nous irons tenter de convaincre la justice de changer sa décision", a-t-elle affirmé sur BFMTV.
Une légende locale à l'origine du nom du quartier de Biarritz ?
La maire de Biarritz dit regretter la décision de la cour d'appel de Bordeaux et souhaite conserver le nom du quartier de "La Négresse" qui, elle l'assure, ne possède "pas de connotation raciste" : "C'est une appellation historique, beaucoup de Biarrots y sont attachés" a-t-elle insisté sur BFMTV. Et l'élue d'invoquer une légende biarrote : "Ce personnage est une légende urbaine, le symbole d'une femme qui s'est affranchie de ses carcans, qui s'est rebellée contre le statut d'esclave. Il y a bien sûr des personnes qui sont choquées, mais ce sont des personnes qui ne connaissent pas l'histoire de la ville, notre culture, nos traditions".
Le fondateur de Mémoires et Partages, Karfa Diallo, avait indiqué à la mi-janvier connaître cette légende selon laquelle le nom de "La Négresse" ferait référence au surnom d'une aubergiste du quartier, noire de peau, du début des années 1800. Ce n'est pas pour autant qu'il la soutient : "Depuis la fin du XIXe siècle, une femme noire est jetée en pâture, ce n'est pas admissible. On ne peut croire que ce soit un hommage adressé à cette femme. Il y a beaucoup de mauvaise foi dans cette affaire", avait-il lancé à France 3, à la mi-janvier.
L'avocat de la mairie de Biarritz avait dénoncé, lui, un procès anachronique à la mi-janvier. "Lorsque ce terme apparaît dans la ville de Biarritz au début du XVIIIe siècle, il n'a pas de valeur péjorative ou insultante. C'est un terme qui désigne étymologiquement les personnes de couleur noire. Il n'aura son sens insultant, qui n'est pas discuté, que plus tard", déclarait-il auprès de France 3. Il évoquait d'ailleurs l'idée de la mairie d'ajouter une plaque commémorative pour expliquer l'origine du nom du quartier.