Un CAP bientôt "plus valable" ? Ce que pointe la fronde dans les crèches privées
Ce lundi 3 février, l'opération "crèche morte" a été lancée par la Fédération française des entreprises de crèches (FFEC) dans les structures privées, des manifestations et/ou des fermetures d'établissements sont notamment prévues. En cause ? Un projet de décret visant à renforcer la qualité d'accueil dans ces établissements en remplaçant 40 % des titulaires d'un CAP petite enfance par des professionnels plus diplômés - comme des auxiliaires de puériculture - dès le 1er janvier 2026.
15 000 emplois menacés dans les crèches privées ?
Cette initiative a été lancée dans le secteur privé de la petite enfance pour éviter de nouveaux scandales après les lourdes révélations du journaliste Victor Castanet sur les dérives dans le secteur en 2024, publiées dans son livre "Les Ogres". Aussi, la volonté de l'Assemblée nationale et du gouvernement est de voir les crèches privées s'aligner sur le niveau de diplôme des crèches publiques.
L'objectif est d'arriver à 40 % des professionnels de santé de catégorie 1, diplômés d'Etat (éducateurs de jeunes enfants par exemple). Dans les faits, 15 000 salariés ne sont titulaires que d'un CAP Accompagnement Educatif Petite Enfance dans le secteur privé, selon les fédérations du secteur privé. Des emplois, et un grade, qui pourrait donc se retrouver menacé dans le secteur privé.
En 2022, une enquête de la Cnaf pointait du doigt le manque de 10 000 professionnels de catégorie 1 dans le secteur. "Comment peut-on dire qu'on va supprimer 15 000 professionnels CAP sur l'ensemble des micro-crèches ?", peste Thérèse Majnoni d'Intignano, vice-présidente de la Fédération française des entreprises de crèches sur France Info. Au total, près de 5 000 crèches privées seraient menacées en raison de ces réductions d'effectifs. "C'est angoissant, enfin moi je viens de commencer à travailler, me dire que mon diplôme ne sera plus valable, ce n'est pas terrible", s'inquiète Sélina, titulaire d'un CAP, auprès de RMC.
Les titulaires d'un CAP voient alors leur diplôme et leur travail du quotidien dénigré. Une situation que n'accepte pas Anaïs Voisard, directrice de deux micro-crèches à Beaucourt, dans le Territoire de Belfort. Elle s'est confiée à France Info : "une CAP aujourd'hui est tout à fait en capacité d'accompagner un enfant et sa famille. Elles font leur métier au mieux", assure-t-elle.
Un syndicat dénonce une "offensive de lobbying bien orchestrée"
Dans le même temps, le Syndicat national des professionnels de la petite enfance estime qu'imposer "40 % de professionnels titulaires d'un DEAP, DEEJE ou IPDE est un minium garantissant qualité et sécurité". Selon lui, les opérations de contestation en cours de la part de la petite enfance privée relève de "l'offensive de lobbying bien orchestrée" des "fédérations et gestions privées (...) qui défendent un modèle économique basé sur la rentabilité". Des propos relayés dans les colonnes de France Info. Le secteur de la petite enfance privée a lui vu la naissance d'une pétition en ligne nommée "Je soutiens ma crèche", lancée le 10 janvier dernier. Elle a pour l'instant recueilli 24 000 signatures.