VIDEO

Réouverture de Notre-Dame-de-Paris : Macron avait un plan, l'archevêque l'a interdit

Emmanuel Macron s'est beaucoup investi et a beaucoup communiqué sur la restauration de Notre-Dame de Paris. Le président comptait créer l'événement pour sa réouverture, mais l'Eglise a dit non.

Le chef de l'Etat s'offre ce vendredi 29 novembre un grand moment de respiration : il visite le site de Notre-Dame de Paris, alors que sa réouverture au public est programmée au 7 décembre. 5 ans après l'incendie de la toiture, Emmanuel Macron peut se satisfaire de l'exploit accompli par les quelque 2000 artisans et de la mobilisation de milliers d'acteurs privés, publics, fondations et services de l'Etat pour restaurer la grande cathédrale française.

Il faut dire que pour Emmanuel Macron, ce chantier est également le sien. Et il n'a d'ailleurs pas hésité pas à le faire savoir au ministère de la Culture, mais aussi au clergé français lorsqu'il a fallu prendre des décisions importantes sur la rénovation. Selon les informations du Point, en effet, le président n'a pas craint d'instaurer un dialogue musclé avec l'archevêque de Paris, Mgr Laurent Ulrich. Le chef de l'Etat avait d'ailleurs un plan pour la réouverture de l'église, proposant à l'évêque "d'accueillir le prélat à l'intérieur de l'édifice pour lui remettre les clés devant les caméras", avant d'entamer un discours sentencieux au cœur de Notre-Dame dans la matinée du 7 décembre.

Une proposition jugée présomptueuse qui ne prenait pas en compte la "tradition ancestrale selon laquelle l'archevêque, maître en "sa" cathédrale, frappe trois fois de sa crosse la porte fermée de l'édifice et y pénètre seul, en premier, pour "sacraliser "le moment".

Les discussions ont été manifestement très longues, mais Mgr Laurent Ulrich n'a pas donné satisfaction au président, restant rigoureusement ferme sur ses positions : "Nous sommes dans nos murs en entrant par la porte que j'ouvre", a-t-il confié au journal. Sa détermination lui a permis de s'imposer dans cette confrontation, en interdisant à Emmanuel Macron de mettre en oeuvre ce qu'il avait prévu. À son grand dam, le chef d'État se contentera du parvis pour s'exprimer lors de la cérémonie de réouverture de Notre-Dame de Paris, samedi 7 décembre.

Emmanuel Macron attaché à Notre-Dame

Comme le suppose l'ancienne ministre de la culture, Rima Abdul Malak au journal Le Point, la reconstruction de la cathédrale a été une bonne occasion pour le chef d'État de redorer son image : "Il s'est passionné pour le chantier, suivant toutes les étapes, il demandait à voir les images, les maquettes, même les propositions artistiques pour le mobilier liturgique et les chaises, mais sans interférer dans les choix. D'autant qu'avec le Covid ce chantier s'est transformé pour lui, plus encore qu'à ses débuts, en symbole de nos capacités de résilience en tant que nation".

Pourtant, avant l'incendie, Emmanuel Macron n'avait jamais répondu présent aux appels à l'aide du monument. Pour cause, en 2018, la cathédrale avait désespérément besoin de dons afin de restaurer sa flèche mythique. Au pouvoir depuis plus d'un an, le chef d'État n'avait alors jamais pris la peine de la visiter, ne serait-ce qu'en coup de vent. 

Ce n'est qu'une fois ensevelie sous les flammes, qu'elle retrouva son intérêt aux yeux du président. Le jour de l'incident, et selon le récit fait par le journal Le Point, il est apparu solennel, le visage fermé, prévoyant déjà une reconstruction future : "Cette cathédrale nous la rebâtirons, tous ensemble", avait-il promis. Son ambition apparaissait démesurée. En fixant un objectif de reconstruction de cinq ans, il fut la cible de vives critiques. Certains l'accusaient d'entretenir des prétentions irréalisables, en raison des conjonctures d'Eric Fischer, directeur de la Fondation de l'Œuvre Notre-Dame, qui supposait des décennies de restauration.