
Les supercentenaires sont huit fois plus nombreux dans ces deux départements, une raison avancée
Les supercentenaires, personnes qui dépassent les 110 ans, sont de plus en plus nombreux en France. Ils sont surtout présents dans deux départements.
Selon une étude de l'Institut national d'études démographiques (Ined) publiée en avril dernier, une nouvelle classe d'âge émerge en France, les "supercentenaires". Ces personnes parviennent à vivre au-delà des 110 ans. En 2022, 39 personnes sont décédées à 110 ans ou plus en France et ce ne sont quasiment que des femmes (38 sur 39). Si elles sont majoritaires parmi les centenaires (86% en 2023), chez les supercentenaires, leur prépondérance est donc encore plus impressionnante. "Dépasser cet âge reste un événement rare, mais sa fréquence s'est à son tour fortement accrue dans les dernières décennies", explique l'étude.
La doyenne française supposée est actuellement Marie-Rose Tessier, qui vit en Ehpad aux Sables-d'Olonne. Elle va fêter le 21 mai ses 114 ans. De plus, parmi les quatre personnes reconnues ayant vécu plus de 118 ans, se trouvent deux Françaises, Jeanne Calment (122 ans) et Lucile Rendon, qui a un mois près allait atteindre les 119 ans.

Le profil de ces centenaires et supercentenaires est typique : "c'est souvent une femme, qui a fait des petits métiers assez durs en plein air (agricultrice, femme d'agriculteur...) et a eu une alimentation basée sur des produits sains, non transformés", a décrit le spécialiste Laurent Toussaint, comme le rapporte l'AFP. Ces supercentenaires sont plus nombreux en Guadeloupe et Martinique que dans le reste du pays : "Proportionnellement à la population, on trouve près de huit fois plus de supercentenaires en Guadeloupe et en Martinique qu'en France hexagonale", détaille l'Ined.
Sur les 373 décès de supercentenaires enregistrés en France entre 1978 et 2022 et figurant dans le répertoire national d'identification des personnes physiques, 29 ont, en effet, eu lieu en Guadeloupe et en Martinique. Si l'on rapporte ce chiffre à la population, leur fréquence est de 39 pour un million contre 5 pour un million en France métropolitaine, soit près de huit fois plus. Cette donnée peut surprendre puisque les espérances de vie à la naissance des femmes sont plus faibles dans les Antilles (83,5 ans pour les Guadeloupéennes et 82, 8ans pour les Martiniquaises) que dans l'Hexagone (85,2 ans).
Selon les chercheurs, il n'y a pas d'explication unique qui s'impose, mais certaines pistes sont étudiées. Parmi elles, on trouve l'hypothèse que ces supercentenaires sont des "descendantes d'esclaves ayant souffert de la traite négrière". "Ces conditions extrêmes ont pu conduire à une sélection des plus robustes et, ce faisant, peut-être celle de gènes de la longévité", indiquent les chercheurs. "De fait, les remontées généalogiques déjà effectuées pour la moitié des supercentenaires, soit une quinzaine, montrent qu'ils descendent tous d'esclaves", a précisé l'étude. Par ailleurs, il est aussi envisagé que "le simple hasard de peuplement initial et son évolution dans un milieu insulaire pourraient également être à l'origine de cette longévité".