CNews dérape sur l'avortement : la polémique prend de l'ampleur

CNews dérape sur l'avortement : la polémique prend de l'ampleur En plein débat sur l'entrée dans la Constitution de l'IVG, C News a diffusé une infographie polémique affirmant que l'avortement était la première cause de mortalité dans le monde.

L'IVG (interruption volontaire de grossesse) est au cœur des débats. Son inscription dans la Constitution française a été approuvée par l'Assemblée nationale et sera examinée ce mercredi 28 janvier par le Sénat. Ce dimanche 25 février, ce sujet faisait la Une de l'émission En quête d'esprit diffusée sur C News et Europe 1. Pendant que le sujet était débattu, une infographie titrée "Les causes de la mortalité dans le monde" a été partagée. Elle plaçait en premier l'avortement, assurant que 73 millions de décès par an étaient liés à des IVG, suivi du cancer avec 10 millions et du tabac avec 6,2 millions. Ces chiffres ont été repris par le présentateur Aymeric Pourbaix : "En 2022, il y avait 234 300 IVG enregistrées en France. C'est aussi la première cause de mortalité dans le monde, selon l'institut Worldometer : 73 millions en 2022, soit 52 % des décès". 

Cette assimilation a suscité la polémique. Les informations ont largement été discréditées. En France, en effet, l'IVG ne peut pas être considérée comme une cause de décès puisque pour devenir une personnalité juridique, il faut être né vivant et viable. Le foetus n'est donc pas considéré comme une personne humaine. 

Pour pénaliser cette séquence, l'Arcom aurait été saisi. Dans un courrier envoyé au gendarme de l'audiovisuel public, la source même de l'information aurait été remise en question, selon le Huffpost. Mathilde Panot, cheffe des députés LFI, a affirmé que "la source citée, un travail réalisé par le site Worldometer, cite en réalité l'Organisation mondiale de la santé estimant le nombre d'avortements réalisés chaque année, sans faire aucune référence à la mortalité". 

Pour plusieurs politiques, dont Ian Brossat, sénateur communiste, C News s'est livré à une "propagande anti-IVG". La députée écologiste Sophie Taillé-Polian a également exprimé son mécontentement sur X : "CNews participe à la remise en question pernicieuse du droit des femmes à l'avortement en partageant ce type d'information viciée qui les accuse de meurtres".

C news fait son mea culpa

C'est par la voix de la présentatrice Laurence Ferrari que la chaine a réagi à la polémique ce lundi : "la chaine C News présente ses excuses à ses téléspectateurs pour cette erreur qui n'aurait pas dû se produire". "Ce sont des données incomparables, il est impossible de comparer ces chiffres et de les mettre en miroir de ceux de la mortalité liée aux cancers ou au tabac", a ajouté la présentatrice. 

La chaine n'en est pas à son premier signalement. Des sanctions vont-elles être prises ? Le replay de l'émission a, en tout cas, été supprimé. Mi-février, le Conseil d'Etat avait déjà appelé l'Arcom à mieux contrôler la chaine.