Ces chiens sont sur la liste des espèces interdites en France et peuvent être très dangereux, on peut pourtant encore en croiser
La législation sur la possession de chiens jugés dangereux est très stricte en France. Pour des raisons de sécurité, des règles précises encadrent en effet l'introduction, l'achat, l'échange ou la détention de certaines races sur le territoire. Les services du ministère de l'Intérieur et les services des douanes ont notamment établi une liste de "chiens d'attaque" de catégorie 1, appartenant à une typologie sans pedigree, c'est à dire non inscrits au "Livre des origines", le registre officiel des chiens de race.
Ces chiens ne sont donc pas de race reconnue, leur origine ou leur généalogie ne pouvant être établie avec exactitude. Souvent issus de croisements, ils comprennent plusieurs types de canidés qui ont en commun d'être généralement de grande taille, musclés et puissants. Les types de chiens figurant dans cette catégorie sont les suivants :
Le pitt pull de type american staffordshire terrier : il s'agit d'un type particulier de pitt-bull, un petit dogue de couleur variable, musclé, avec un périmètre thoracique compris entre 60 et 80 cm ; poids de 18 à 40 kg ; hauteur au garrot de 35 à 50 cm. Comme le précise la douane française, l'american staffordshire terrier non racé a un stop peu marqué, un museau de la même longueur que le crâne mais moins large, des mâchoires fortes, et un avant massif avec un arrière comparativement léger.
Le boerbull de type mastiff : c'est un dogue de couleur généralement fauve, à poil court, grand, musclé, avec un corps haut, massif et long et un périmètre thoracique supérieur à 80 cm. Son poids est supérieur à 40 kg. Le boerbull mastiff a une tête large avec un crâne large, un museau plutôt court, et des babines pendantes.
Le chien de type tosa : ce dogue à poil court, de couleur fauve, bringée ou noire, est généralement de grande taille, au périmètre thoracique supérieur à 80 cm. Sa hauteur au garrot de 60 à 65 cm. Son poids supérieur à 40 kg. Le Tosa a une tête à crâne large, un stop marqué, un museau de longueur moyenne, et des mâchoires supérieures et inférieures fortes.

En plus de son introduction ou de son importation depuis l'étranger, la législation interdit l'achat, la vente et même le don de ce type de chien sur le territoire. Il est aussi banni de nombreux lieux publics, notamment les transports, fait l'objet d'une obligation de stérilisation et doit être muselé et tenu en laisse sur la voie publique ou dans les parties communes des immeubles. Surtout, un permis de détention est requis pour les propriétaires ayant acquis ce type de chien d'attaque avant la mise en place de la législation. De quoi, théoriquement, le faire disparaitre.
Une seconde catégorie plus répandue
D'autres chiens, assez semblables aux chiens mentionnés au-dessus, mais "de race" cette fois, sont quant à eux répertoriés dans une deuxième catégorie. Leur présence est tolérée en France, mais leur possession est en revanche soumise à des conditions strictes. Les conditions pour ces chiens sont les suivantes :
- Être inscrit à un livre des origines (LOF) reconnu par le ministère de l'Agriculture, avec des documents attestant de l'inscription au LOF.
- Être identifié et muni d'un passeport européen pour animal de compagnie.
- Avoir une vaccination antirabique en cours de validité.
Le propriétaire doit lui aussi se soumettre à plusieurs obligations, dont voici les principales :
- Avoir au moins 18 ans et ne pas être sous tutelle, ne pas avoir été condamné pour crime à une peine d'emprisonnement.
- Etre titulaire d'une attestation d'aptitude délivrée après une formation de 7 heures minimum. Le chien doit subir une évaluation comportementale par un vétérinaire français habilité.
- Obtenir un permis de détention en déclarant le chien à la mairie de sa résidence.
- Maintenir son chien en laisse et muselé sur la voie publique, dans les lieux publics et les transports en commun.
En outre, le chien doit être déclaré au Fichier National Canin après 3 mois effectifs de séjour en France. De quoi rendre difficile la détention de ces animaux en France ? La réponse est plus complexe qu'il n'y paraît.
Des chiens pourtant présents en France
Ces chiens, comme l'american staffordshire terrier, ont en réalité été introduits en France dès la fin des années 80, soit 20 ans avant les premières restrictions. La réglementation actuelle sur les chiens dangereux n'a quant à elle été mise en place qu'en 2010. De quoi leur laisser le temps de s'implanter et de circuler dans l'Hexagone. L'"Amstaff", qu'il soit de race ou non, a par exemple été victime d'un "effet de mode" ces dernières années, comme le pitbull et le rottweiller.
Preuve de cette présence encombrante : ces derniers, abandonnés par des maîtres parfois dépassés, prennent de plus en plus de place dans les fourrières et les associations, comme le rappelait encore Sud Ouest cet été. Et les accidents arrivent très fréquemment. L'assaut d'une fillette de 6 ans par un chien de type american staff dans l'Oise a défrayé la chronique à la rentrée, un autre sur un enfant de 10 ans à Antibes a été rapportée par Var Matin très récemment. En janvier, c'est un habitant de Draguignan qui livrait un témoignage glaçant à Nice Matin après avoir été attaqué par deux rottweilers.
En 2021, une proposition de loi visant à renforcer le cadre légal chiffrait en préambule à 250 000 le nombre de morsures de chiens (de toutes races) recensés en France par les services vétérinaires. Une trentaine de décès par morsures ont été dénombrées au cours des vingt dernières années. Un nourrisson de 18 mois est mort dans l'Yonne en juillet attaqué par un berger du Caucase.
Les agents de la police, de la gendarmerie ou des douanes sont régulièrement contraints de rappeler les règles aux administrés. S'ils ont un doute sur la catégorisation d'un chien, le détenteur de l'animal doit fournir attestation de son inscription au LOF (2e catégorie) ou une carte d'identification spéciale délivrée par la société centrale canine (SCC) ou la société I-CAD (1re catégorie). En l'absence de ces justificatifs ou en cas d'attestation inexacte lors d'un contrôle, des sanctions pénales, y compris la confiscation du chien, peuvent être appliquées.