Eau contaminée au chlorothalonil : quels risques ?
[Mis à jour le 7 avril 2023 à 15h09] Le rapport de l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses) publié le 6 avril 2023 a révélé que près d'un tiers de l'eau potable en France est contaminé par des pesticides. Parmi les substances détectées, le R471811, ou métabolite du chlorothalonil, a été retrouvé dans 34% des échantillons d'eau étudiés, ce qui en fait le métabolite de pesticide le plus fréquemment retrouvé. Le chlorothalonil, un fongicide utilisé depuis des décennies dans les préparations phytosanitaires pour les cultures, les peintures antifouling des plaisanciers et les enduits de protection des boiseries, a été interdit pour les peintures antifouling en 2008. L'Union européenne a également décidé d'interdire sa commercialisation en 2019, en raison de son impact sur les milieux aquatiques et de son potentiel cancérogène.
Bien que des études aient montré que le chlorothalonil ne présentait pas d'effet potentiellement cancérigène à des doses inférieures à 30,4 mg/kilo/jour chez les souris, les données manquent sur son métabolite. De nouvelles études sont en cours pour déterminer sa potentielle génotoxicité. Aucune valeur sanitaire maximale n'a été établie pour le métabolite, ce qui souligne l'importance de poursuivre les recherches sur la toxicité de cette substance. C'est ce qu'a souligné le ministère de l'Écologie dans un communiqué : "Les résultats de ce rapport appellent à poursuivre le travail d'amélioration de la qualité de l'eau, en particulier de l'eau destinée à la consommation humaine." En attendant, il est urgent d'agir pour limiter la contamination de l'eau potable par les pesticides en adoptant des pratiques agricoles plus respectueuses de l'environnement et en encourageant l'utilisation de méthodes alternatives pour protéger les cultures.
La présence de pesticides dans l'eau potable est un problème grave qui doit être pris au sérieux. Le chlorothalonil, en particulier, est un fongicide largement utilisé dans de nombreux secteurs, malgré son impact sur les milieux aquatiques et son potentiel cancérogène. Bien que des mesures aient été prises pour limiter son utilisation, les résultats du rapport de l'Anses montrent que la contamination de l'eau potable par cette substance et ses métabolites reste importante en France. Interrogé par Le Point, le chef de l'unité chimie des eaux au laboratoire Anses d'hydrologie de Nancy, Christophe Rosin, tempère : "Il n'y a pas de raison de s'affoler." En effet, selon lui, les résultats analysés sont rassurants : "Aucun dépassement de valeurs sanitaires maximales n'a été observé."
Quel est le pesticide qui contamine l'eau potable ?
Les observations de l'Anses ont de quoi inquiéter, car le métabolite en question est issu du chlorothalonil, un fongicide dont l'interdiction a été décidée en 2019 et appliquée en France en 2020. Le pesticide utilisé pendant des années et encore présent dans les sols depuis son interdiction s'est dégradé et a contaminée les eaux de consommation. "Certains métabolites de pesticides peuvent rester présents dans l'environnement plusieurs années après l'interdiction de la substance active dont ils sont issus", souligne d'ailleurs le communiqué de l'Anses dans ses conclusions.
Le chlorothalonil dans l'eau du robinet est-il dangereux pour la santé ?
Classé parmi les pesticides "pertinents", le chlorothalonil peut être présent dans l'eau mais ne doit pas dépasser le seuil de 0,1 µg/litre. Si la quantité de cette substance dépasse cette limite alors la qualité de l'eau se dégrade. En revanche, l'Anses précise que "la limite de qualité de l'eau pour les pesticides ne constitue en aucun cas un seuil de risque pour la santé des consommateurs car elle n'est pas élaborée sur la base de la toxicité des substances". Si des risques sanitaires ne sont pas garantis pour le moment, Le Monde écrit que la molécule mère des métabolites détectés dans l'eau potable est "considérée comme cancérogène probable par les autorités sanitaires européennes et associée à l'apparition de tumeurs rénales sur les animaux de laboratoire". Le risque est donc présent. En l'état, "aucun effet sanitaire du métabolite en question n'est avéré à ces doses d'exposition, mais les données sont très lacunaires", précise encore le journal du soir.
En 2019, lorsque la commercialisation et l'utilisation de chlorothalonil ont été décidées, la Commission européenne indiquait qu'il était "impossible à ce jour d'établir que la présence de métabolites du chlorothalonil dans les eaux souterraines n'aura pas d'effets nocifs sur la santé humaine" rappelle Libération. L'Autorité européenne de sécurité des aliments estimant quant à elle que le pesticide devrait être considéré comme un "cancérogène supposé".