Doctolib : comment la plateforme contrôle les médecins ?

Doctolib : comment la plateforme contrôle les médecins ? DOCTOLIB. Après les révélations sur les deux faux médecins inscrits sur Doctolib, la plateforme a annoncé avoir renforcé ses contrôles et revu sa procédure d'inscription depuis le 25 août 2022. On fait le point.

[Mis à jour le 26 août 2022 à 15h32] Après la polémique sur la naturopathie, Doctolib est de nouveau secoué. Les contrôles jugés insuffisants de la plateforme de prise de rendez-vous médicaux sont visés par la critique et pour cause : deux faux médecins qui se faisaient passer pour des psychiatres ont été repérés sur la plateforme. La supercherie a été découverte en juin 2022 par une patiente qui a porté plainte auprès du parquet de Montpellier, lequel a ouvert une enquête pour "exercice illégale de la médecine" selon l'enquête de Radio France. Mais une autre plainte renforce encore la méfiance sur les contrôles réalisés par Doctolib sur les praticiens référencés, celle déposée par le Conseil départemental de l'ordre des médecins de l'Hérault. 

Doctolib prévenu par la présence de faux praticiens sur sa plateforme par la patiente abusée le 21 juin, avait détaillé la procédure d'inscription à laquelle sont soumis les médecins qui veulent être référencés sur l'application. Un dispositif composé de deux étapes : vérification de l'identité du praticien puis la vérification du devoir d'exercer qui doit être fait sous une quinzaine de jour mais qui n'empêche pas les praticiens de donner des consultations en parallèle. La plateforme a également reconnu les failles de sa procédure assurant auprès de Franceinfo que "depuis que nous avons eu connaissance de cette affaire, nous travaillons à renforcer nos procédures de contrôle de telle sorte qu'aucun praticien ne puisse utiliser nos services tant que son identité et son droit d'exercer n'ont pas été vérifiés".

Comment Doctolib contrôle les médecins inscrits ?

Face à cette nouvelle affaire, Doctolib n'a eu d'autre choix que de s'expliquer sur la procédure de contrôle des médecins qui s'inscrivent sur la plateforme. La société a ainsi indiqué que pour s'inscrire les praticiens doivent d'abord fournir leur pièce d'identité "puis un délai de 15 jours est octroyé aux professionnels de santé afin de réceptionner les pièces justificatives dans le cadre d'une vérification du droit d'exercer". Rien n'empêche cependant aux médecins de consulter des patients via Doctolib durant cette quinzaine.

La société Doctolib fait toutefois savoir que depuis le jeudi 25 août elle œuvre au "renforcement des procédures de vérification des professionnels référencés" et assure que depuis cette même date les médecins ne peuvent pas exercer via la plateforme tant que leur droit d'exercer n'a pas été vérifié. La société attaquée sur ce délai de vérification a aussi tenu à justifier son ancienne procédure d'inscription. Sur Twitter, elle a expliqué que la période de vérification de 15 jours était "une demande des praticiens qui voulaient être inscrits avant leur ouverture de cabinet par exemple, mais aussi le temps que les annuaires des Agences régionales de santé se mettent à jour. Cette mise à jour réalisée par les autorités de santé peuvent parfois prendre jusqu'à 120 jours ajoute Doctolib. Reste que désormais, aucun délai n'est admis et toutes les vérifications doivent être faite avant l'ouverture d'un profil de praticien.

Y a-t-il de faux médecins sur Doctolib ?

L'enquête sur les deux usurpateurs qui se sont fait passer pour des médecins psychiatres sur Doctolib et les critiques sur les contrôles de la plateforme font de la mauvaise publicité à l'application de prise de rendez-vous en ligne. La société qui a reconnu les failles de son dispositif d'inscription a affirmé avoir corrigé le tir en renforçant ses contrôles et en supprimant le délai de 15 jours pour la vérification du droit d'exercer d'un médecin. Mais Doctolib tient à remettre en les choses en perspective et précise que depuis sa création en 2013 "sur près de 250 000 praticiens référencés au total, nous avons à notre connaissance été victime à 4 reprises d'individus ayant créé de faux profils sur Doctolib en usurpant notamment l'identité de professionnels de santé".

Le 22 août, alors que la plateforme était au cœur d'une polémique autour de praticiens naturopathes, Doctolib expliquait que 97% de ses praticiens sont référencés auprès du Ministère de la Santé, les 3% restants relevant des médecines alternatives. Une façon d'assurer la vérification pour tous les médecins de l'existence d'un matricule et de leur droit à exercer, des informations que la société dit vérifier lorsqu'elle reçoit les justificatifs des praticiens souhaitant s'inscrire.

Doctolib critiqué par l'ordre des médecins

Sous le feu des critiques depuis quelques jours, Doctolib est cette fois visé par les reproches du Conseil départemental de l'ordre des médecins de l'Hérault. "De façon évidente, aucun contrôle préalable n'a été entrepris", s'est agacé le président du conseil Philippe Cathala auprès de la cellule d'investigation de Radio France. Selon lui la procédure d'inscription mise en place par la plateforme est insuffisante pour contrôler le droit d'exercer des médecins : "La moindre des choses serait de faire les vérifications avant l'inscription". D'après l'enquête, les escrocs ont pu user de leurs faux profils de psychiatres pendant trois semaines, durée pendant laquelle ils pouvaient également facturer et donner des consultations.

L'absence ou l'insuffisance de contrôles reprochée à Doctolib, suscite d'autant plus la colère de l'ordre des médecins qui rappelle que la vérification du droit d'exercer d'un médecin peut se vérifier facilement sur le site internet du Conseil national de l'ordre des médecins (CNOM). Tous les praticiens y sont référencés avec leur matricule, le numéro RPPS qui leur est attribué à vie en début de carrière.