Suppression de l'ENA : ce qu'on sait de l'école qui va la remplacer
L'intention de supprimer l'Ecole Nationale d'Administration (ENA) n'est pas nouvelle, Emmanuel Macron avait déjà évoqué cette velléité le 25 avril 2019 lors d'une conférence de presse après la crise des "gilets jaunes". Le chef de l'Etat a ensuite fait profil bas sur cette décision sensible avant d'y revenir, ce 8 avril, pour bel et bien annoncer la suppression de l'ENA, devant les plus hauts fonctionnaires du pays. Par cette décision, le président de la République revient sur l'ordonnance du 9 octobre 1945 qui érige l'ENA comme la fabrique de la haute fonction publique et dont il a lui-même fréquenté les bancs. La mesure symbolique ne doit pas se contenter de fermer l'institution mais être associée à une réforme de l'accès à la haute fonction publique, et une nouvelle école devrait voir le jour. Le Monde évoque "un nouvel établissement opérateur de la formation initiale [absorbant l'ENA] et de formation continue serait créé avec une gouvernance nouvelle", d'après le compte rendu d'une réunion datée du 9 mars entre l'Elysée et Matignon.
Une nouvelle école pour des candidats aux profils plus variés ?
L'accès à cette nouvelle école serait toujours conditionné aux concours d'entrée mais doit s'ouvrir à de nouveaux candidats présentant des profils divers et issus de différents milieux socio-économiques. Les concours pourraient notamment être ouverts aux étudiants issus d'universités et non plus uniquement aux sortants de Sciences Po. Cette spécificité est discutée depuis février 2021, Emmanuel Macron expliquait alors vouloir créer un cinquième concours d'entrée à l'ENA, réservé aux candidats issus de milieux modestes. Si la diversité des profils est souhaitée, tous les étudiants devront suivre un tronc commun permettant de les préparer uniformément à tous les postes de la haute fonction publique.
L'expérience de terrain en juge de foi pour la nouvelle école
Le nouvel établissement promet de rester une formation d'excellence et la réussite des hauts fonctionnaires en devenir continuera d'être évaluée selon un classement de sortie. Or, la position acquise à l'issue des années d'étude ne sera plus le seul critère pour accéder aux grands corps que sont le Conseil d'Etat, la Cour des comptes et l'inspection générale des finances. Le Monde explique que les candidats rejoindraient tous, dans un premier temps, un nouveau corps, celui des "administrateurs de l'Etat". Une expérience et des missions de terrains deviendraient obligatoires avant de pouvoir prétendre à l'intégration dans un grand corps. Europe 1 avance, de son côté, que les affectations des hauts fonctionnaires pourraient se faire "en fonction de leur profil et des besoins de l'Etat".
La création d'une nouvelle école soumise au débat
La volonté d'Emmanuel Macron sur l'avenir de la haute fonction publique sonne comme un électrochoc, mais reste à l'état de projet pour l'heure. La réforme doit, avant d'être entérinée, être débattue au Parlement avant le 7 juin. La loi d'aout 2019 sur la fonction publique avait laissé un délai de dix-huit mois l'exécutif pour penser et faire adopter une réforme par ordonnance. Emmanuel Macron doit se faufiler dans cette brèche et contre l'avis des actuels hauts fonctionnaires, anciens étudiants de l'ENA.