Grève des éboueurs : les poubelles s'entassent en France, à Paris, ça va mieux
[Mis à jour le vendredi 10 juin 2016 à 10h36] "Toutes les poubelles seront ramassées" à Paris, assure Anne Hidalgo. La maire de Paris a fait savoir sur RMC et BFM TV que "dès hier soir", les services de la mairie "ont pu faire sortir une cinquantaine de camions de plus pour ramasser les ordures normalement et essayer de récupérer le surplus". Selon l'édile parisienne, le retour à la normale prendra quelques jours. Reste que les problèmes de retard du ramassage des poubelles ne sont pas seulement localisés dans la capitale.
Des poubelles pleines qui débordent, des déchets qui s'amoncellent dans les rues... Après les cheminots, les éboueurs sont entrés en scène. Un mouvement de grève a vu le jour dans plusieurs villes de l'Hexagone, et ça pourrait durer... En Ile-de-France, les trois principaux sites de traitement des déchets ont été bloqués par les manifestants de la CGT. L'usine d'Ivry-sur-Seine/Paris 13, la plus importante de la région parisienne, était déjà occupée la semaine dernière et devient "le point dur du blocage", selon Patrice Furé, porte-parole de Syctom, l'agence métropolitaine des déchets ménagers. La grève y est d’ailleurs reconduite jusqu'au 14 juin, jour d'action nationale où diverses manifestations sont prévues. Dans un communiqué, la CGT affirme aussi que "les chauffeurs des principaux garages de camions-bennes de la ville de Paris sont massivement en grève".
Cette grève des éboueurs a des conséquences sur le ramassage des poubelles à Paris. Sur son site internet, la mairie de Paris indique que "la collecte des déchets est perturbée" dans plusieurs arrondissements, à savoir le 2e, 5e, 6e, 8e, 9e, 12e, 14e, 16e, 17e et 20e. Dans les autres quartiers de la capitale, ce sont des sociétés privées qui sont chargées du ramassage des ordures. Lors d'un point presse mercredi, Anne Hidalgo a expliqué que les services sont "en train de redéployer le dispositif pour régler la situation là où elle est la plus critique", notamment dans les 5e et 6e arrondissement, "où cela fait 24 heures qu'il n'y a pas eu de ramassage". Dans certains garages de camions-bennes, les forces de l'ordre ont été envoyées mercredi déloger les manifestants. C'était notamment le cas des deux garages d'Ivry.
On en parle de la #grève des #éboueurs @Paris ? pic.twitter.com/UpgYsyn7Il
— Héloïse (@HeloiseKoltuk) 9 juin 2016
Par ailleurs, 20 % des salariés du groupe Suez en Ile-de-France serait en grève, selon la direction, pour des revendications de branches. A Colombes, dans les Hauts-de-Seine, l'adjoint au maire à l'Environnement, a décidé de faire appel depuis mardi à Sepur, une société concurrente. Une disposition légale qui permet à la mairie d'assurer la continuité du service public et d'envoyer la facture à Suez, le prestataire touché par la grève, explique Le Parisien. "Je veux bien que les gens fassent grève. C'est un droit que je respecte", affirme le maire au quotidien. "Mais nous avons aussi le droit d'avoir une ville propre". Pour cela, des agents municipaux se sont vu attribuer la tâche de ramasser les ordures à la place de ce qu'il faisait habituellement. Des élus, escortés par des motards de la police, ont même pris place dans les camions-bennes afin de forcer le barrage des manifestants.
Des blocages dans les Bouches-du-Rhône, l'Ariège et les Hautes-Pyrénées
Autour de Marseille aussi, la situation est tendue. L'incinérateur de Fos-sur-Mer, dans les Bouches-du-Rhône, est bloqué depuis mercredi matin. Aucun train de transport de déchets ne peut entrer sur le site. Les poubelles pourraient commencer à s'amonceler ce week-end selon les prévisions de la CGT communiquées à La Provence. Jean-Claude Gaudin, président de la métropole Aix-Marseille-Provence, a demandé par voie de communiqué "le déblocage d'urgences des accès au site" par l'intervention de la police.
Dans l'Ariège, les deux principaux sites qui assurent 80 % de la collecte du département sont bloqués pour la cinquième journée depuis vendredi. D'après France 3, les ordures s'accumulent dans les 120 communes qui dépendent de ces sites. Le pays de Foix a annoncé qu'il n'entendait plus ramasser les déchets "jusqu'à nouvel ordre". Dans les Hautes-Pyrénées aussi, le centre de traitement le plus important, celui d'Ibos près de Tarbes, est occupé depuis jeudi matin, indique la CGT dans un communiqué. De son côté, France 3 relate une action au quai de transfert d'ordures ménagères qui ne devrait pas avoir de conséquences sur le ramassage des ordures.
Blocage de l'incinérateur de #FosSurMer. On ne lâchera rien jusqu'au retrait de la #LoiTravail ! #OnVautMieuxQueCa pic.twitter.com/q1B1IigJd8
— Matthias Fontana (@matthias31000) 8 juin 2016
Fin de la grève des éboueurs à Saint-Etienne
A Saint-Etienne en revanche, la grève des éboueurs est terminée du fait de la signature d'un protocole d'accord par la CGT suite à "une décision de justice imposant la levée des piquets de grève", indique le syndicat. Dans un communiqué, la confédération dénonce une "judiciarisation du conflit". La mobilisation durait depuis une semaine et menaçait la bonne tenue de l'Euro 2016 et des animations prévues autour de l'événement. Le ramassage des poubelles "sera à nouveau effectué dès ce jeudi matin à 4 heures, sachant que les agents ont accepté de doubler les tournées pour rattraper les retards", a indiqué le maire de la ville d'après Le Progrès. Un retour à la normale est prévu pour le début de la semaine prochaine.
Inquiétudes avant l'Euro
La grève des éboueurs inquiètent les pouvoirs publics alors que le coup d'envoi de l'Euro 2016 doit être donné ce vendredi. Le ramassage des ordures à Paris fait l'objet d'un enjeu sanitaire important du fait de la décrue de la Seine. Mais surtout, dans les villes qui doivent accueillir les matchs, les poubelles qui s'amoncellent posent un véritable problème de gestion et donnent une terrible image de la France aux visiteurs étrangers. Pour Baptiste Talbot, secrétaire général de la CGT services publics, c'est le gouvernement qui est responsable de cette situation. "Les éboueurs sont des gens admirables, qui font un travail très difficile et ce qu'ils disent au gouvernement, c'est qu'ils ne travailleront pas dans n'importe quelles conditions dans les années à venir", a-t-il déclaré mercredi sur France Info.
EN VIDEO - Les grèves vont-elles affecter l'Euro ?