Quartiers sensibles ou prioritaires : les 30 quartiers les plus "chauds" de France
[Mis à jour le 23 février 2016 à 14h14] Le 10 janvier 2015, dans un reportage consécutif aux attentats de Charlie Hebdo et de l'Hyper Cacher de la Porte de Vincennes, la chaîne américaine Fox News créait la polémique en évoquant, carte à l'appui, des "No-go zones" à Paris. Pour la chaîne conservatrice, la plus regardée aux Etats-Unis, il s'agissait de zones de non-droit, "secteurs où non-musulmans et policiers ne pouvaient désormais plus pénétrer". Devant la polémique et une plainte de la mairie de Paris, Fox News finira par s'excuser. Tout en nous détachant de ce mythe des "No-go zones", ces quartiers "interdits" où l'on porte des "t-shirts d'Oussama Ben Laden" selon l'ex-soldat et journaliste de Fox News Nolan Peterson, nous avons voulu nous intéresser à ces "quartiers chauds", autrement-dit aux zones urbaines les plus sensibles en France concentrant des difficultés à la fois économiques, sociales, de logement et de sécurité. Si vous voulez en savoir plus sur les quartiers, cliquez sur l'image ci-dessous :
Méthodologie
Pour recenser les 30 zones urbaines les plus sensibles de France, nous nous sommes d'abord basés sur les données du Comité Interministériel des Villes (CIV) concernant la liste des Zones Urbaines Sensibles (ZUS) au 1er juillet 2010, qu'elles soient de type 1 (simple ZUS, ou territoire urbain cible prioritaire de la politique de la ville) ou 2 (également ZRU, Zone de redynamisation urbaine "confrontée à des difficultés particulière"). Nous nous sommes également appuyés sur la liste des ZSP (Zones de Sécurité Prioritaires) en 2013 – un indicateur désignant cette fois des zones marquées par l'insécurité et aux déséquilibres socio-économiques constatés -, liste fournie par le gouvernement. Nous avons également pris en compte deux autres critères : la nouvelle liste des quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV), qui ont remplacé les ex-ZUS le 1er janvier 2015 (toutes les anciennes ZUS n'étant pas forcément devenues QP) et la liste des 200 "quartiers d'intérêt national" qui bénéficieront du Nouveau programme national de renouvellement urbain (NPNRU) 2014-2024, liste dressée par l'Agence nationale pour la rénovation urbaine (ANRU). Un investissement de 5 milliards d'euros va être concentré sur ces quartiers qui réunissent les difficultés sociales et urbaines les plus grandes.
Croisement des données
Une fois toutes ces données intégrées, nous avons choisi de les croiser. Et de nous intéresser de plus près aux zones cumulant toutes les "handicaps", en partant du plus petit dénominateur commun : les ZSP. En effet, 80 ZSP existent actuellement en France quand 1 300 quartiers sont concernés par la "nouvelle géographie prioritaire" des quartiers prioritaires et son critère unique des "territoires urbains abritant une part importante de population à bas revenus". En somme, l'indicateur "ZSP" nous permettait de dénombrer les quartiers concernés par l'insécurité en premier lieu quand celui de "QP" (Quartier Prioritaire) désigne des difficultés plus larges et des zones plus étendues, concrètement, une carte des concentrations urbaines de pauvreté. En mixant les indicateurs "ZSP", "ZUS" et "QP", nous obtenions 70 quartiers. Enfin, en mêlant aux précédents indicateurs le fait que le quartier ait également été ZRU dans le passé ET récemment désigné comme quartier d'intérêt national, nous sommes parvenus à 30 zones comprises dans autant de communes.
La délinquance à l'échelle des villes et non des quartiers
En parallèle des listes des catégories de zones sensibles, nous nous sommes servis des données stockées sur l'encyclopédie des villes de Linternaute.com et ses divers annuaires, comme l'annuaire de la délinquance pour vous fournir des informations concrètes et chiffrées sur le nombre de crimes et délits recensés pour 1000 habitants dans l'agglomération concernée. Le ministère de l'Intérieur et l'Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP) ne fournissent en effet que des statistiques par ville et non par quartier seul, qu'il s'agisse d'atteinte aux personnes, de dégradation de biens ou encore d'autre type de crimes et délits. Ces données ont été tirées des registres des zones de police datant de 2012.
Précision sur les types de crimes et délits :
Le nombre de crimes et délits constatés est fourni en brut comme en "pour mille habitants"*, afin de mieux se rendre compte du volume de crimes et délits dont on parle (par exemple : Nombre de crimes et délits constatés dans l'agglomération d'Amiens en 2012 : 13 920 soit 83 pour mille habitants).
Les atteintes aux personnes : elles concernent tout type d'atteinte aux personne, du harcèlement à l'agression sexuelle
Les atteintes aux biens : elles concernent tout type d'atteinte aux biens, du vol à la dégradation de bâtiments (incendie volontaire...)
Les infractions à la législation sur les stupéfiants : attention, cette catégorie concerne aussi bien la vente que la consommation
*arrondi avant la virgule quand > à 1, sinon arrondi à deux chiffres après la virgule