Agression antisémite à Marseille : la réaction en dessins de Joann Sfar
[Mis à jour le 13 janvier 2016 à 16h14] "Je ne sais pas comment je vais me relever de cette terrible agression" : Benjamin, professeur juif de 35 ans, est traumatisé lorsqu'il parle à un journaliste de La Provence lundi soir. Le matin-même, il a été attaqué par un jeune de 15 ans armé d'une machette alors qu'il se rendait à son travail, coiffé d'une kippa. Il est touché au dos et à la main. Le lycéen, turc d'origine kurde, "a revendiqué avoir agi au nom d'Allah et de l'organisation Etat islamique", a indiqué le procureur de Marseille. Le motif de l'agression est antisémite, le jeune est mis en garde à vue pour "tentative d'assassinat aggravé en raison d'une appartenance religieuse" et d'"apologie du terrorisme". Au lendemain de l'agression, le Consistoire israélite de Marseille a "conseillé à la communauté juive de provisoirement ne pas porter la kippa".
Joann Sfar, dessinateur de B.D, a l'habitude de réagir à l'actualité par des dessins publiés notamment sur les réseaux sociaux. Lundi soir déjà, il avait diffusé sur son compte Instagram une série de dessins critiquant l'utilisation du mot "déséquilibré" par les médias pour désigner l'auteur de l'acte antisémite. L'appel du Consistoire à la discrétion ne semble pas non plus l'avoir ravi. L'auteur de la série "Le chat du rabbin" a mis en ligne ce mardi sur son compte Instagram une nouvelle série de dessins. Sur le premier un prof d'arts martiaux s'adresse à son élève : "en karaté, nous avons la ceinture blanche, jaune, rouge puis noire". "Et après ?", demande le jeune garçon. "Quand tu seras vraiment invincible, tu pourras toujours essayer de porter une kippa", lui répond l'enseignant. Un dessin qui en dit long sur l'état d'esprit de Joann Sfar.
La plupart de ses dessins sont du même acabit mais l'un d'eux, moins drôle, laisse transparaître la stupéfaction de son auteur. "J'ai toujours détesté les signes religieux. Mais maintenant que je vois qu'en France on déconseille aux juifs de porter une kippa 'pour leur sécurité', j'ai envie de mettre la kippa, les couettes et d'avoir Rabbi Jacob à fond dans mon walk-man", dit son personnage, dépité. Benjamin, la victime de l'agression, a déclaré qu'il allait "devoir réfléchir" au fait d'arrêter de porter une kippa dans la rue.