Riposte Laïque : qui se cache derrière le journal de désinformation d'extrême droite ?

Riposte Laïque : qui se cache derrière le journal de désinformation d'extrême droite ? Créé en 2007, le journal d'extrême droite Risposte Laïque milite pour une certaine liberté d'expression, dont il use pour tenir des propos radicaux, parfois islamophobes. Durant la primaire de la droite, il a relayé la campagne de dénigrement contre Alain Juppé.

[Mis à jour le 25 novembre 2016 à 12h43] "Ce qui risque de fracturer la droite, c'est les prises de positions successives de membres de l'extrême droite pour la candidature de François Fillon", déclarait Alain Juppé au micro de RTL le 23 novembre, à quelques jours du second tour de la primaire de la droite. Parmi les soutiens évoqués, le maire de Bordeaux citait "Riposte Laïque", un journal en ligne d'extrême droite qui s'est lancé depuis plusieurs mois dans une campagne de dénigrement à son endroit. Sur le site, plusieurs articles relayant des contre-vérités sur de supposés liens entre Alain Juppé et les Frères musulmans ou sur ses velléités - tout à fait inventées" de construire à Bordeaux une "mosquée géante". Des articles l'accusent sans aucun fondement de connivences avec l'islamisme, l'un d'entre eux étant titré "Ali Juppé, un poisson mortel pour la France".

Risposte Laïque, une voix de l'extrême-droite

Le journal en ligne a été fondé en 2007 par Pierre Cassen et Brigitte Bayle, il est aujourd'hui édité par l'association "Riposte Laïque Suisse". Plusieurs de ses membres, tous bénévoles, rejettent l'étiquette d'extrême droite. Mais la ligne éditoriale est pourtant assez claire : "il œuvre à l’unité de tous les patriotes qui, quelle que soit leur sensibilité, refusent l’islamisation de notre pays" écrit la rédaction dans son message de présentation en ligne. Cet organe de presse a par ailleurs été organisateur, avec le groupuscule d'extrême droite Bloc identitaire, "l’Apéro saucisson-pinard", le 18 juin 2010, mais aussi les "Assises internationales contre l’islamisation de l'Europe", le 18 décembre 2010. Régulièrement, sont fait mention dans les articles publiés la nécessité du "combat contre l'islam" et de "la collaboration de la classe politique" de "l'islamisation de la France". 

L'affaire Scipilliti

Déjà habitué à créer la controverse et aux procédures judiciaires pour des articles aux relents islamophobes, le journal en ligne "Riposte Laïque" avait suscité la polémique en publiant un message de soutien à Joseph Scipilliti, un avocat qui avait tiré à plusieurs reprises des coups de feu sur le bâtonnier de Melun, avant de mettre fin à ses jours. Me Joseph Scipilliti travaillait pour "Riposte Laïque", il avait adressé à la rédaction qu'il défendait un journal personnel qu'il tenait depuis des années, comme pour expliquer l'état de détresse dans lequel il se trouvait, à cause de ses conditions de travail. Le journal d'extrême droite ne craignait pas de "rendre hommage" à Joseph Scipilliti. "Parce que Joseph était un patriote. Il a été un des premiers à adhérer à Résistance républicaine (association créée par Riposte Laïque - NDLR) en 2010, en nous offrant sa compétence d'avocat". Déjà, le journal dénonçait le traitement qui lui est réservé dans les médias, sans un seul mot pour la victime qu'a voulu assassiner leur avocat. "Naturellement la machine à broyer le patriote, celui dénonce le mur des cons se met en marche. Ils osent écrire qu'il aurait eu des problèmes personnels quand c'est tout le système qui s'est acharné contre lui".

Condamnations pour "provocation à la haine"

Le décembre 2010, "Riposte Laïque" publiait un article intitulé "Occupation : bien sûr que les prières dans la rue, les voiles, le halal et les mosquées sont des symboles d'occupation et de conquête". Pour ce papier et pour un précédent publié en octobre de la même année, Pierre Cassen et Pascal Hilout, deux des responsables du site, ont été condamnés par le tribunal correctionnel de Paris pour "provocation à la haine" envers les musulmans, à des peines allant de 1500 euros à 4000 euros d'amende. Le procès en appel a confirmé la condamnation, mais Risposte Laïque s'est pourvu en cassation.