Jasmine, Varnoline, Jasminelle... De nouvelles pilules présumées dangereuses
Elle a été la première. Marion Larat a porté plainte le 14 décembre 2012 contre le fabricant d'une pilule de 3e génération, Méliane, responsable selon elle d'un accident vasculaire cérébral (AVC) qui l'a laissée handicapée à vie. Après un mois de polémique, le dossier des pilules dangereuses s'est encore s'enrichi de douze plaintes supplémentaires, déposées le jeudi 24 janvier auprès du tribunal de grande instance de Bobigny, en Seine-Saint-Denis. Des plaintes qui visent cette fois plusieurs fabricants et donc plusieurs marques. La liste des pilules de 3e génération ou de 4e génération présumées dangereuse s'allonge donc : Jasmine (4e génération), Varnoline (3e génération), Jasminelle, Yaz (4e génération), mais aussi Carlin20, Désobel, Ethinylestradiol30, Melodia ou Gestodène (3e génération) font partie des produits visés par la procédure. Le médicament anti-acnéique Diane35, détourné et utilisé comme contraceptif par de nombreuses femmes, est aussi pointé du doigt ainsi que d'autres médicaments du même genre, fabriqués par les laboratoires Biogaran, Effik, Bayer et MSD France. Enfin, la pilule Mercilon est aussi l'objet d'une plainte.
Les plaignantes, Vanessa, Ariane, Fatima ou encore Juliette, ont toutes pris ces produits entre 18 à 46 ans et ont été victimes, pour six d'entre elles, d'une embolie pulmonaire, pour quatre d'un AVC, et pour une d'une thrombophlébite cérébrale. La période de consommation des pilules varie de trois à quinze mois selon les cas. Une autre plainte est portée par le père d'une jeune fille de 17 ans, Théodora, décédée en 2007 d'une embolie. C'est elle qui utilisait la pilule Mercilon que lui avait prescrit le Planning familial dans une commune de la Loire. La Commission régionale de conciliation et d'indemnisation du Rhône a d'ores et déjà admis en juillet 2010 que ce dernier cas était "directement imputable à la prescription du contraceptif, au-delà de tout doute raisonnable", rapporte Le Monde.
Les plaintes ont été déposées pour "homicide involontaire" et "atteinte involontaire à l'intégrité de la personne humaine". Dans plusieurs cas, on reproche aux fabricants de ne pas avoir clairement informé dans la notice des dangers "significatifs" des pilules de 3e ou de 4e génération, qui présentent un risque d'accident plus élevé que celles de 2e génération. Tout juste était-il précisé que les risques étaient "légèrement plus élevés". L'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) est elle aussi visée pour ne pas avoir respecté le principe de précaution. L'avocat des victimes, Me Coubris, souligne les carences du système de pharmacovigilance et déclare disposer de 400 témoignages de jeunes femmes s'estimant victimes de leur pilule.
EN VIDEO - La ministre de la Santé Marisol Touraine a demandé vendredi 11 janvier à l'UE de limiter l'utilisation des pilules de 3e et 4e génération et a annoncé la mise en place d'un "dispositif" en France pour limiter leur prescription.