Discours de Lecornu à l'Assemblée : une annonce osée pour échapper à la censure
- Le Premier ministre Sébastien Lecornu a prononcé son discours de politique générale (DPG) devant l'Assemblée nationale ce mardi 14 octobre. Sébastien Lecornu a fait une annonce osée sur la réforme des retraites, sur deux points majeurs : la suspension du décalage de l'âge de départ et la suspension de l'augmentation de la durée des cotisations. C'est donc une suspension de l'essence de la réforme des retraites qui est actée.
- Le Premier ministre compte aussi organiser dans les prochaines semaines "une conférence sur les retraites et le travail en accord avec les partenaires sociaux".
- Les élus du PS avaient demandé trois mesures pour ne pas voter la censure : la suspension complète de la réforme des retraites, les mesures pour le pouvoir d’achat et une taxe visant les plus riches.
- Le président des députés PS à l'Assemblée, Boris Vallaud, n'a pas évoqué la censure lors de son intervention suivant celle du Premier ministre. Il assure que le compromis de l'exécutif sur les retraites est une "victoire". Le député PS Laurent Baumel annonce, lui, au micro de BFMTV, que les socialistes "ne voteront pas de motion de censure".
- Sébastien Lecornu a aussi refusé d'appliquer une taxe Zucman, mais a annoncé une nouvelle taxe sur "les actifs non affectés à une activité opérationnelle des holdings patrimoniales" en plus du prolongement d'autres taxes sur les plus riches.
- A l'issue de son discours, Sébastien Lecornu ne sollicitera pas un vote de confiance des députés. Mais il est certain d'affronter des motions de censure, LFI et le RN ayant déjà déposer les leurs, elles seront examinées ce jeudi.
18:50 - Les réactions à la déclaration de politique générale du Premier ministre sont terminées
FIN DU DIRECT - Merci d'avoir suivi, en direct, la déclaration de politique générale du Premier ministre Sébastien Lecornu sur Linternaute.com. Nous vous invitons désormais à suivre les débats et déclarations importantes concernant les deux motions de censure déposées par LFI et le RN - qui seront examinées ce jeudi à lAssemblée nationale - dans notre direct dédié. Excellente soirée à toutes et à tous et à très vite.
18:41 - "En responsabilité, la censure n'est pas envisageable", dit Laurent Panifous
"C'était une déclaration importante. Le Premier ministre a répondu clairement à une grande partie des députés sur la question des retraites, de la fiscalité des plus fortunés. Des engagements ont été pris, nous avons retrouvé une forme d'apaisement et nous allons pouvoir travailler pour fournir à la France un budget (...) En responsabilité, la censure n'est pas envisageable", assure Laurent Panifous, ministre chargé des Relations avec le Parlement, au micro de LCP, ce mardi.
18:28 - Ciotti propose une "alliance avec le RN" à Retailleau
"Je propose à Bruno Retailleau une rencontre pour poser les bases d’un renversement d’alliance à droite avec le RN. Il faut éteindre le macronisme et repousser la gauche", écrit Eric Ciotti, ex-LR et désormais allié de Marine Le Pen et président de l'UDR, furieux contre la suspension de la réforme des retraites annoncée par le Premier ministre ce mardi.
18:22 - "Le Premier ministre met à l'abri les 0,01% des plus riches", déplorent les Ecologistes
"La suspension de la réforme des retraites est un premier pas, mais c'était un dû aux Français. Il y a les copies budgétaires déposées ce matin avec le gel des pensions de retraites, notamment, le Premier ministre continue d'avoir une trajectoire qui pèse sur 99% des Français et qui met à l'abri les 0,01% des plus riches", dit la patronne des Ecologistes à l'Assemblée, Cyrielle Chatelain.
18:07 - "La gauche n’est pas au gouvernement mais elle le dirige", fustige Retailleau
"Pour éviter la censure, le gouvernement fait payer aux Français un prix considérable (...) la gauche n’est pas au gouvernement mais elle le dirige. La suspension de la réforme des retraites et le silence du premier ministre sur l’immigration prouvent que ce gouvernement est l’otage des socialistes", déplore Bruno Retailleau dans un communiqué envoyé à la presse, ce mardi.
17:42 - "Votre point de départ ne sera pas notre point d'arrivée", assure Boris Vallaud (PS)
"Les députés socialistes et apparentés assument de croire encore que le débat parlementaire peut changer la vie", dit le président des députés PS à l'Assemblée nationale, Boris Vallaud, ce mardi. "Nous n'en demeurons pas moins dans votre opposition. Mais vous avez parlé de faire contribuer les plus gros patrimoines, c'est heureux, mais c'est bien trop peu", tempère-t-il. "Je ne veux pas que mon voisin dans les Landes paye les impôts de Bernard Arnault. Nous serons vigilants". "Il est insupportable et gravement insuffisant", dit-il au sujet du projet de loi de budget.
"Chacun devra assumer les choix qu'il fait, votre point de départ ne sera pas notre point d'arrivée (...) Nous sommes capables de faire des compromis. Nous n'avons qu'une boussole : l'intérêt du pays", conclut Boris Vallaud. Il indique faire le parti d'accepter ce qu'à proposé le Premier ministre sur la réforme des retraites mais n'a pas évoqué la censure.
17:37 - "La suspension de la réforme des retraites, enfin, la voici !", lance le PS
"Monsieur le Premier ministre, les Français attendaient un signe. La suspension de la réforme des retraites, enfin, la voici ! Ce n'est pas rien. nous prenons cette situation pour une victoire, en attendant le blocage et l'abrogation", assure le président des députés PS à l'Assemblée nationale, Boris Vallaud. "C’est une victoire, assurément, pour les centaines de milliers de Français qui bénéficieront chaque année 3,5 millions de nos concitoyens (...) Ce n’est pas rien pour qui la vie va changer à ceux qui veulent tout ou rien et qui souvent n’offrent rien. J’invite à le considérer en ces termes. C’est la reconnaissance du combat mené par les organisations syndicales que je veux remercier ici. C’est une fissure dans le dogme macroniste. Nous prenons cette situation pour une victoire autant que pour un premier pas qui permet d’envisager les suivants", a-t-il ajouté.
17:34 - "Dans les moments graves, ce qui se joue c'est la démocratie elle-même", indique Boris Vallaud (PS)
Le président des députés PS à l'Assemblée nationale, Boris Vallaud, prend la parole dans la chambre basse du Parlement, après la déclaration de politique générale du Premier ministre. "Nous vous avons écouté. Dans les moments graves, ce qui se joue c'est la démocratie elle-même. Il faut entendre la colère qui gronde et le sentiment de ne jamais être écouté. Si ceux qui gouvernent refusent de partager le pouvoir, ils n'obtiennent rien alors oui, la démocratie s'en trouve emportée", dit-il.
17:30 - "Vous avez fait du peuple votre ennemi (..) les Insoumis proposent votre censure"
"Votre nomination est l'aveu même de l'entêtement du président (...) Vous parlez encore de socle quand la terre se dérobe sous vos pieds. Nous assistons depuis un an entre une contradiction entre la volonté générale et celle d'un seul. Le peuple ne veut plus de votre politique, les 3/4 des Français souhaitent le départ du président. Ça ne tient plus, ça ne tient plus", répète Mathilde Panot, présidente du groupe "LFI - NFP" à l'Assemblée nationale, pointant du doigt Sébastien Lecornu.
"Vous avez fait du peuple votre ennemi (...) Nous ne participerons pas à votre sauvetage, à cet égard, il n'y aura pas de retour à la normale (...) Nous seuls sommes capables d'une rupture. La dissolution serait une manière de rejeter la faute sur l'Assemblée. Les Insoumis proposent votre censure et le vote d'une loi spéciale pour reconduire les budgets pour l'année à venir, ensuite, il faudra en passer par une démission ou une destitution", conclut-elle.
17:21 - "Mettons-nous au travail pour les Français", lance Gabriel Attal (EPR)
"Mettons-nous au travail, au travail pour un budget, au travail pour réformer, au travail pour les Français", conclut Gabriel Attal, président du groupe "Ensemble pour la République", qui a martelé son ouverture et la propension de son groupe à faire preuve de compromis.
17:12 - "Notre position, elle est connue depuis plus d'un an", dit Gabriel Attal (EPR)
"Il y a ceux comme nous qui cherchent la stabilité sans menacer de censure. Notre position, elle est connue depuis plus d'un an. Nous voulons que le gouvernement réussisse, nous voulons qu'un budget soit voté, nous sommes prêts à faire des compromis pour y arriver", assure Gabriel Attal, président du groupe "Ensemble pour la République", à la tribune de la chambre basse du Parlement.
17:09 - "S'il n'y a pas de rupture, il y aura censure", assure le RN
"Nous ne sommes dupes de rien, pas instables, pas négociables. Chacun va prendre ses responsabilité, qui des LR ou du PS se couchera en premier ? (...) S'il n'y a pas de rupture, il y aura censure. Cette censure, elle arrive. Et cela demande du courage", conclut Sébastien Chenu, député RN du Nord, depuis l'Assemblée nationale.
17:05 - "Monsieur le Premier ministre, au revoir", dit Sébastien Chenu (RN)
"Monsieur le Premier ministre, au revoir", dit Sébastien Chenu, député RN du Nord. Après avoir listé le bilan de la macronie depuis ces dernières années, et certaines promesses non tenues de la part des gouvernements successifs, ce ténor du parti à la flamme assure depuis la tribune de l'Assemblée nationale que la responsabilité de la macronie "est immense", Emmanuel Macron est "l'artisan du chaos", dit-il.
Au RN, "nous sommes le cri du peuple qui veut vivre de son travail, de son talent, de son agriculture, de son industrie, de son intelligence collective (...) le cri du peuple que nous portons, c'est celui des retraités, des classes moyennes, eux ils ne cassent rien alors vous les tendez, celui des jeunes", poursuit-il.
16:56 - "L'enfer de Matignon va prendre fin bientôt", menace Eric Ciotti
"Le Premier ministre nous présente un socialiste. Vous acceptez qu'on désindexe les retraites, l'inverse de ce que nous avons toujours défendu. L'enfer de Matignon va prendre fin bientôt, le retour au peuple vers les urnes va arriver. Non la France n'est pas finie, la dissolution est inéluctable", conclut Eric Ciotti, président du groupe UDR.
16:53 - Sébastien Lecornu est "l'otage consentant du Parti socialiste", selon Eric Ciotti
Le président de l'UDR, Eric Ciotti, indique que Sébastien Lecornu est "l'otage consentant du Parti socialiste (...) Vous êtes illégitime, vous êtes le dernier relai d'un président déchu forcené de la République (...) Aujourd'hui, vous êtes le dernier protecteur du pire président de la Ve République. Emmanuel Macron regarde sa propre nation sur le bûcher funéraire qu'il a érigé. Vous vous obstinez", regrette-t-il.
Fraîchement renommé à Matignon, Sébastien Lecornu a dévoilé son gouvernement dimanche soir. Il est monté, mardi 14 octobre, à la tribune de l'Assemblée nationale pour une prise de parole des plus attendues : son discours de politique générale (DPG). L'exercice n'était en rien obligatoire, mais il s'est imposé avec le temps comme une véritable tradition républicaine. L'occasion pour les nouveaux Premiers ministres de dévoiler les grandes orientations politiques de leur gouvernement et de prendre la température dans l'hémicycle.
Dans le cas de Sébastien Lecornu, pas de suspense quant à la température ambiante. La crise politique bat son plein depuis la dissolution de l'Assemblée nationale par Emmanuel Macron à l'été 2024. Faute de majorité au palais Bourbon, les Premiers ministres et gouvernements se succèdent depuis plus d'un an. Ce discours de politique générale était toutefois l'occasion pour Sébastien Lecornu de livrer quelques indications sur l'un des sujets les plus sensibles du moment, à savoir le budget 2026.
Le projet de loi finances 2026 et le projet de loi de financement de la Sécurité sociale ont été envoyés au Haut conseil pour les finances publiques (HCFP) le 2 octobre et présentés en Conseil des ministres le mardi 14 octobre à quelques heures du DPG. Sébastien Lecornu a revu à la baisse le montant des économies en misant sur une trentaine de milliard d'euros, contre 44 milliards sous le budget de François Bayrou. Un effort qui se décompose en environ 17 milliards d'euros d'économies de dépenses et autour de 14 milliards d'euros de recettes supplémentaires grâce à des mesures fiscales. Le Premier ministre tente de résumer le projet ainsi : "les dépenses de l'État baisseront en 2026", exceptions faites de la charge de la dette et du budget de la défense qui va augmenter de 6,7 milliards, tandis que pour les recettes l'effort repose en priorité sur "un effort supplémentaire des contribuables disposant des moyens les plus importants", à hauteur de 6,5 milliards d'euros.
Pas de taxe Zucman, mais plusieurs impôts et contributions visant les plus riches
Le Premier ministre a refusé de mettre en place un taxe Zucman, comme demandé par la gauche qui souhaite que les plus grosses fortunes participent davantage aux recettes fiscales. Mais il a inséré dans le projet de budget plusieurs mesures visant les Français les plus riches et les entreprises avec les plus importants chiffres d'affaires. A la place de la Taxe Zucman, il a proposé l'instauration d'une taxe sur les holdings patrimoniales, parfois utilisées pour contourner l'impôt. "Inspirée de taxes voisines en place dans plusieurs autres pays, comme les États-Unis et l'Irlande, cette taxe vise à faire échec aux stratégies de contournement de l'impôt par la thésaurisation de revenus non distribués dans des sociétés, ces revenus échappant ainsi à l'impôt", précise le texte consulté par l'AFP. Il s'agit d'une taxe “sur les actifs non affectés à une activité opérationnelle des holdings patrimoniales”. Selon Les Echos, cette mesure ne pourrait pas rapporter plus de 1,5 milliard d'euros.
Le projet de budget prévoit également de prolonger d'un an la contribution "exceptionnelle" sur les grandes entreprises qui avait été mise en place en 2025, il va toutefois la réduire de moitié. Cette surtaxe sur le bénéfice des grandes entreprises concerne les 400 plus grandes entreprises qui réalisent un chiffre d'affaires d'au moins 1 milliard d'euros en France et devrait générer 4 milliards d'euros.
Autre contribution à être prolongée : la contribution différentielle sur les hauts revenus (CDHR). Cette surtaxe, appliquée aux ménages dont les revenus dépassent 250.000 euros pour un célibataire et 500.000 euros pour un couple, fixe un taux minimal d'imposition de 20%. Elle s'ajoute à la contribution exceptionnelle des hauts revenus (CEHR) qui cible ces mêmes foyers fiscaux et à l'impôt sur le revenu afin que ces derniers soient bien imposés d'au moins 20%.
Pour compenser ces hausses, le gouvernement prévoit des baisses d'impôts pour les entreprises. Il propose de réduire la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE), un impôt de production, avant une suppression définitive en 2028.
Une année blanche, et une hausse des impôts ?
Le Premier ministre a repris à son compte l'idée d'une année blanche lancée par son prédécesseur François Bayrou au moins pour le projet de budget de la Sécu. Ce texte prévoit un "gel de l'ensemble des retraites de base" en 2026 ainsi qu'un gel des prestations sociales comme des allocations familiales. Sur les retraites, le projet de loi prévoit une sous-indexation des pensions de 0,4 point à compter de 2027 et un remplacement de l'abattement de 10% sur les retraites par un abattement forfaitaire de 2.000 euros. Cette dernière mesure aura pour but "d'améliorer la situation des couples de retraités les plus modestes", mais mettra plus à contribution les autres retraités.
L'idée d'une année blanche sera-t-elle également reprise pour le projet de budget ? Si oui, elle impliquerait un gel du barème de l'impôt sur le revenu qui pourrait, selon le HCFP, rapporter 1,9 milliard d'euros à l'État en 2026. La barème de l'impôt sur le revenu est normalement indexé sur l'inflation chaque année pour tenir compte de la hausse des prix. De fait, en cas de gel, les impôts augmenteraient mécaniquement pour de nombreux ménages et des foyers qui ne payaient pas d'impôts deviendraient imposables.