Censure de Sébastien Lecornu : peut-il l'éviter ? Ce qui est promis par les partis d'opposition

Censure de Sébastien Lecornu : peut-il l'éviter ? Ce qui est promis par les partis d'opposition Sébastien Lecornu, Premier ministre démissionnaire lundi, a finalement été reconduit par Emmanuel Macron vendredi 10 octobre. Pourra-t-il pour autant rester et résister à une motion de censure qui paraît inévitable ?

On prend les mêmes et on recommence ? Lundi 6 octobre, lâché par Bruno Retailleau et les LR après l'annonce du gouvernement, Sébastien Lecornu remettait sa démission du poste de Premier ministre avant finalement d'endosser le rôle de négociateur à la demande du président de la République. Vendredi 10 octobre, peu après 22h, ce dernier a finalement choisi de nommer à nouveau Sébastien Lecornu à Matignon...

Le pari d'Emmanuel Macron sera-t-il cette fois le bon ? Rien n'est moins sûr tant la semaine et les négociations menées ont semblé un peu plus cristalliser les tensions entre les bords, particulièrement au sein d'un bloc central fragilisé et qui sera épié ces prochaines heures avant même la composition du futur gouvernement. Derrière ce bis-répétita d'apparence, quel sera l'équilibre des forces appelées à s'allier pour gouverner ? Les LR auront-ils davantage de poids comme il les réclamait ? Edouard Philippe et son parti Horizons, après avoir soufflé une absence de participation en cas de lest lâché sur la réforme des retraites de 2023, en feront-ils partie ? Au contraire, l'équilibre penchera-t-il davantage à gauche avec un PS dans les starting-blocks cette semaine, à condition d'obtenir certaines assurances, notamment sur la fameuse réforme des retraites... ?

Cette dernière piste, déjà refroidie au fil de la journée vendredi, paraît bien mince. Olivier Faure, premier secrétaire du Parti Socialiste, n'avait donné "aucune garantie de non-censure" à la sortie de la réunion à l'Elysée ce vendredi après-midi. Même ton après l'annonce du retour de Sébastien Lecornu, le secrétaire général du parti, Pierre Jouvet, annonçant "aucun deal" pour une non-censure sur BFM TV, une position confirmée par l'entourage de Sébastien Lecornu peu après sa nomination.

Si le Premier ministre voit surtout l'échéance du budget à faire adopter, pour une "mission de trois mois" ("Il ne se donne aucun autre horizon que celui-ci à ce stade", assure Le Figaro), il lui faudra d'abord franchir l'écueil de la censure. Car, déjà, les oppositions donnent le ton et montrent les crocs, ceux menant à la censure immédiate.

Les réactions des ténors des partis appelés à négocier seront donc très attendues alors que celles du Rassemblement National et de La France Insoumise, non invités à l'Elysée dans la journée, sont rapidement tombées. Sans surprise, Jordan Bardella, dans la lignée des annonces du RN durant la semaine, a confirmé la stratégie. Le futur gouvernement devra bien résister très prochainement à la censure des députés RN.

"Le Rassemblement National censurera bien sûr immédiatement cet attelage sans aucun avenir, dont l'unique raison d'être est la peur de la dissolution, c'est-à-dire du peuple", a confié le président du RN sur son compte X dans les minutes qui ont suivi l'annonce du retour de Sébastien Lecornu à Matignon. "Le gouvernement Lecornu II, nommé par un Emmanuel Macron plus que jamais isolé et déconnecté à l'Élysée, est une mauvaise plaisanterie, une honte démocratique et une humiliation pour les Français", a-t-il également jugé.

Chez LFI, Jean-Luc Mélenchon a taclé ce retour, le comparant à un tour de manège. "A chaque tour du manège le pompon reste au même endroit", a-t-il écrit sur X. "Ceux qui ont été le décor de cette comédie en sont pour le ridicule. Macron ne peut faire autre chose que du Macron. Le coordinateur de La France insoumise Manuel Bompard a taclé pour sa part "un nouveau bras d'honneur aux Français", confimant le dépôt d'une nouvelle motion de destitution du président et d'une prochaine motion de censure. Du PS à LR, les prochaines heures s'annoncent donc déjà décisives pour l'avenir du prochain gouvernement, un gouvernement que Sébastien Lecornu voit comme celui devant avant tout doter le pays d'un budget pour 2026. Mais en aura-t-il le temps ?