Motion de censure : les députés décident de laisser Bayrou gouverner

Motion de censure : les députés décident de laisser Bayrou gouverner Si François Bayrou affronte une nouvelle motion de censure ce mercredi 4 juin, il est assuré de rester à la tête de gouvernement. Le texte déposé par les insoumis et les écologistes n'a aucune chance d'aboutir, voici pourquoi.

François Bayrou affronte une nouvelle motion de censure ce mercredi 4 juin, la 7ème depuis sa nomination à Matignon. Le texte a été déposé par 58 députés membres de La France insoumise (LFI) et du groupe Ecologiste et social pour dénoncer ce qu'ils considèrent être un "49.3 parlementaire". Ils font référence à la motion de rejet votée par les députés de la coalition présidentielle, en plus des élus de la droite LR et de l'extrême droite du RN, contre la proposition de loi agricole Duplomb.

Explications : le gouvernement soutient avec les blocs de droite et d'extrême droite la proposition de loi Duplomb, défendue par un sénateur LR, qui vise à "lever les contraintes à l'exercice du métier d'agriculteur" et prévoit entre autres de réautoriser l'utilisation de certains pesticides "tueurs d'abeilles". Mais ils soutiennent la version initiale adoptée au Sénat. Les groupes de gauche s'opposent au texte et avaient prévu de déposer plus de 2 000 amendements pour modifier le texte. Afin d'éviter un détricotage de la proposition de loi, la coalition présidentielle et la droite et l'extrême droite ont voté une motion de rejet contre le texte dans le but de l'envoyer dans sa mouture actuelle en commission mixte paritaire (CMP) en privant l'Assemblée nationale de vote.

C'est pour dénoncer cette manœuvre "visant à museler la représentation nationale" qui "crée un précédent dangereux qui devrait inquiéter tous les démocrates" que les élus insoumis et écologistes ont déposé une motion de censure. Le Premier ministre s'est présenté comme la cible d'un texte "unique en son genre" ce mercredi 4 juin. Alors que les 153 motions de censure déposées depuis le début de la Vème République, selon le décompte de François Bayrou, invitaient toutes les députés à voter contre le gouvernement, "c'est la toute première fois que l'Assemblée nationale est invitée à voter contre l'Assemblée nationale". Et le Premier ministre d'ajouter : "L'Assemblée propose de manifester le mécontentement qu'elle éprouve à son propre égard en reversant le gouvernement. Le gouvernement n'est pas à l'origine de ce texte, il n'est pas à l'origine de son adoption, il n'est pas à l'origine de la motion de rejet, mais il est coupable". 

Une tentative de censure vouée à l'échec

Cette 7ème motion de censure ne sera pas celle qui renversera le gouvernement de François Bayrou. Le texte déposé par les insoumis et les écologistes n'obtiendra pas la majorité absolue des voix nécessaire pour contraindre le Premier ministre à la démission. A eux deux, les groupes auteurs de la motion représentent 109 voix, loin de 289 recherchés. En face, les 143 élus de la coalition présidentielle et de la droite voteront contre le texte. Le sort du gouvernement dépend donc du RN et PS.

Les deux partis ont déjà pris une décision : ils ne voteront pas la motion de censure. Le RN refuse de voter une motion "politicienne et non au bénéfice des Français" selon les déclarations d'un cadre au Parisien. Cela fait 123 voix en moins, 139 si on ajoute les députés ciottistes. Quant au PS, il n'envisage pas de voter une motion de censure contre une manœuvre parlementaire. "Ça n'a pas grand sens", selon le porte-parole Arthur Delaporte. Une décision qui prive la motion de 66 voix favorables et réduit les chances de réussite à néant : en cumulant le bloc central, l'extrême droite et les socialistes, le nombre d'opposants à la motion de censure s'élève à 348.