DDPF : mais qui est derrière cette inscription qui accompagne les attaques de prisons ?
Terrorisme d'extrême gauche ? Représailles de narcotrafiquants contre la politique pénitentiaire du gouvernement ? Les pistes expliquant les récentes attaques contre des prisons françaises se précisent, avec au centre de l'enquête les tags avec l'inscription "DDPF" signifiant "droit des prisonniers français", qui accompagnent les dégradations. En effet, ce sigle s'est retrouvé tagué depuis dimanche soir lors de plusieurs attaques contre des centres pénitentiaires.
Dans la nuit de mardi à mercredi, par exemple, sur les coups de 2h20 du matin, la mention "DDPF" a été taguée sur un mur du hall d'un immeuble après l'incendie de la cage d'escalier de ce dernier où habite une agente pénitentiaire. La personne ciblée travaille au centre pénitentiaire de Meaux-Chauconin-Neufmontiers. La nuit précédente, le sigle a aussi été tagué sur le parking de la prison de Valence, dans la Drôme et sur dix véhicules d'agents de la Protection judiciaire de la jeunesse (PJJ) de Marseille, dans les Bouches-du-Rhône.
"Surveillants, démissionnez si vous tenez à vos familles"
Mais le sigle "DDPF" est surtout le nom d'un canal Telegram qui intéresse tout particulièrement les autorités françaises. Dans ce canal, sont évoquées les attaques contre les prisons observées depuis dimanche dernier. Le "groupe" a été créé il y a quelques jours seulement sur la célèbre messagerie chiffrée et compte environ 1 000 abonnés. Des messages menaçants y sont diffusés avec par exemple des montages montrant le ministre de la Justice Gérald Darmanin en prison avec la mention : "justice pour les détenus" et "non au projet Darmanin", en référence à sa politique stricte concernant les narcotrafiquants et à la création de deux nouvelles prisons de haute sécurité sur le territoire.
Sur le groupe Telegram, des messages comme "Tous les détenus de France doivent se mobiliser et se réveiller", "Surveillants, démissionnez tant que vous le pouvez si vous tenez à vos familles et à vos proches", ou encore "les démonstrations de force de ces derniers jours ne sont rien" et "Gérald Darmanin ne va pas te protéger, ni ta femme et tes gosses", sont par exemple postés. Le nom d'un délégué syndical du sud de la France a même été dévoilé. Plusieurs contenus appelant clairement à la violence contre des surveillants ont été supprimés par Telegram.
Terroristes, ultra-gauche... Les pistes avancées
Dans ce contexte brûlant, parquet national anti-terroriste (PNAT) a annoncé se saisir de l'enquête "afin d'assurer une coordination nationale des investigations conduites". Mais qui pourrait bien être derrière tout ça ? Selon Jérôme Poirot, consultant BFMTV et ancien adjoint à la coordination nationale du renseignement, l'enquête ouverte pour association de malfaiteurs terroriste et tentative d'assassinat en relation avec une entreprise terroriste donne "un indice très clair sur l'origine potentielle de ces actions". "Le fait que le parquet national anti-terroriste se soit saisi quasi-immédiatement" de l'affaire veut dire beaucoup, confie-t-il au micro de la chaîne d'informations en continu.
De son côté, le garde des Sceaux parle lui d'une "attaque terroriste", ce mercredi, lors d'une visite au centre pénitentiaire de Toulon-La Farlède. Pourtant, sur le groupe Telegram, on l'assure : "Sachez que nous ne sommes pas des terroristes, nous sommes là pour défendre les droits de l'homme à l'intérieur des prisons". Et la piste de l'ultra-gauche ? "C'est probable", d'après une source proche du dossier auprès de 20Minutes. Aujourd'hui, "l'uniforme ne fait plus peur au banditisme. Que cela soit les policiers ou nous, c'est une attaque contre l'Etat que l'on représente", regrette Christy Nicolas, le secrétaire général du Syndicat pénitentiaire des surveillants (SPS) auprès du média.
Un premier suspect interpellé en Essonne
Les enquêteurs restent très prudents pour tenter de déterminer qui est à l'origine de ces messages et du groupe Telegram "DDPF". Les investigations ont été confiées à la Sdat (sous-direction antiterroriste de la police judiciaire), aux services locaux, ainsi qu'à la DGSI. Ce mercredi 16 avril, un suspect sous le régime de la semi-liberté et membre présumé de la chaîne Telegram "DDPF" a été interpellé en Essonne, selon Le Parisien.
Il a été placé en garde à vue sur instruction du parquet d'Evry, dans le cadre de l'enquête sur les attaques visant les établissements et agents pénitentiaires, précise le journal. "Des surveillants ont regardé son portable et se sont aperçus qu'il figurait sur la fameuse boucle en lien avec ces attaques ciblées", ajoute le quotidien. Il va désormais être auditionné par la Sdat.