Un budget 2026 et une censure ? La date à laquelle le gouvernement Bayrou peut tomber

Un budget 2026 et une censure ? La date à laquelle le gouvernement Bayrou peut tomber Le gouvernement Bayrou pourrait tomber dans les prochains mois. Certains membres de l'opposition fustigent déjà les premières pistes avancées par l'exécutif en vue de l'élaboration du budget 2026.

40 à 50 milliards d'euros. Voilà le montant des économies supplémentaires que doit trouver le gouvernement, alors que François Bayrou joue désormais sa place avec le top départ de la préparation du budget 2026. Le Premier ministre tenait justement une conférence de presse ce mardi 15 avril pour détailler l'état des finances publiques, après l'organisation d'un "comité d'alerte", le week-end dernier. "Notre pays ne produit pas assez (...) nous ne travaillons pas assez", a d'abord déploré le maire de Pau.

"Si l'Etat n'a plus d'argent dans ses caisses il suffit d'augmenter les prélèvements : c'est un raisonnement qui paraît simple, mais qui est intenable", abonde-t-il, tout en excluant catégoriquement une hausse d'impôt, jugée comme une "solution de facilité". Alors, le locataire de Matignon promet un calendrier "plus ambitieux et exigeant" concernant le budget 2026 qui devrait permettre d'inclure "toutes les contributions, toutes les suggestions, toutes les consultations", dans les trois prochains mois". Son objectif : "que ces grandes orientations et ces grands choix soient proposés (...) avant le 14 juillet" prochain, assure-t-il.

LFI et le RN brandissent la menace de la censure

Ces dernières déclarations vont-elles apaiser les tensions déjà aperçues avec l'opposition ? Difficile à dire, notamment après les récentes sorties de certains opposants au bloc central. Une situation qui remet au centre de la table une menace devenue monnaie courante à l'encontre des gouvernements successifs : celle de la censure. La France insoumise est déjà prête à en déposer une, si toute la gauche venait à s'associer avec elle. "Le peuple de France est traité comme la Grèce en 2010", lançait Jean-Luc Mélenchon, ce dimanche sur X. "Eric Lombard cherche 40 milliards : une légère taxe sur les 147 milliardaires et un impôt sur les multinationales sur l'activité réellement effectuée en France pour lutter contre l'évasion fiscale rapportent ce montant", poursuivait ce lundi sur BFMTV, le coordinateur de LFI, Manuel Bompard. "Il faut censurer le gouvernement pour protéger les Français", prévient-il. 

Même son de cloche de l'autre côté de l'échiquier politique. "Si le projet c'est de demander aux Français de se serrer la ceinture une fois de plus sans que l'Etat lui-même ne fasse des économies, n'aille sur le chemin des économies en matière d'immigration, de train de vie de l'Etat, des collectivités, eh bien nous nous emploierons à le censurer", menace également ce lundi le vice-président du Rassemblement national (RN), Sébastien Chenu, au micro de CNews. Pour Marine Le Pen, cheffe de file des député du parti à la flamme à l'Assemblée nationale, la menace d'une motion de censure sera brandie "s'il n'est pas tenu compte des difficultés que nous (le RN) soulevons", assurait-elle dès jeudi dernier, dans la revue L'Hémicycle.

François Bayrou sur la sellette avant le mois d'octobre ?

Dans ces conditions, un renversement du gouvernement Bayrou est tout à fait possible, mais quand ? Dans le cadre de l'élaboration du projet de loi de finances pour 2026, un calendrier de travail bien précis doit être respecté selon un processus démocratique qui fait intervenir de nombreux acteurs. Avec la menace de la censure qui plane sur François Bayrou, intéressons-nous à la phase parlementaire et au vote de la loi de finances. Cette période débute à l'été 2025 avec la rédaction du projet de loi de financement (PLF) et de ses annexes. Une fois finalisé, ce PLF est alors présenté en Conseil des ministres, avant le premier mardi d'octobre. C'est à partir de ce moment que les choses pourraient s'accélérer pour le gouvernement en place. 

À partir d'octobre et jusqu'à la mi-décembre 2025, l'examen du PLF débutera au Parlement. Il sera déposé à l'Assemblée nationale, au plus tard le premier mardi d'octobre. Dans la chambre basse du Parlement, il est examiné en première lecture, le moment pour les groupes parlementaires qui le souhaitent de déposer une motion de censure pour tenter de faire tomber l'exécutif. Ici, LFI et le RN pourraient décider du sort de François Bayrou.

En revanche, si le texte est adopté à l'Assemblée nationale, la navette parlementaire conduit le PLF au Sénat. Si la commission mixte paritaire (CMP), qui se réunit à la suite du vote du Sénat, ne parvient pas à l'adoption d'un texte commun, le texte éventuellement adopté au Sénat est examiné en nouvelle lecture à l'Assemblée nationale, puis au Sénat pour revenir à l'Assemblée nationale en lecture définitive. Au terme de cette procédure, le PLF est adopté par l'Assemblée nationale à la mi-décembre. Si le Conseil constitutionnel n'est pas saisi sur la constitutionnalité du PLF, alors, la loi est promulguée et publiée au Journal officiel, au plus tard le 31 décembre 2025. François Bayrou pourrait également décider de mettre à l'ordre du jour l'examen du budget un peu plus tôt, au mois de septembre à l'Assemblée nationale, dans sa logique d'accélération des démarches comme il l'a laissé entendre lors de sa conférence de presse du mardi 15 avril concernant les "grandes orientations". Dans ce cas, une potentielle censure pourrait intervenir plus tôt.