Macron utilise le mot "crime" pour parler de l'action d'Israël à Gaza

Macron utilise le mot "crime" pour parler de l'action d'Israël à Gaza Emmanuel Macron a annoncé que la France pourrait reconnaître un État palestinien "en juin" prochain. Mais il a aussi utilisé un vocabulaire fort pour qualifier l'action militaire menée par Israël à Gaza.

Le chef de l'Etat français a franchi un pas supplémentaire vers une ligne de défiance vis-à-vis du gouvernement israélien. Mercredi 9 avril, Emmanuel Macron s'est exprimé depuis l'avion présidentiel, accordé à son retour d'Égypte à C à vous et diffusé ce mercredi 9 avril sur France 5. Il a d'abord rappelé que ses relations avec Benjamin Netanyhou étaient directes, mais marquées par des divergences majeures sur la situation au Moyen-Orient. "Je fais partie des rares dirigeants qui n'ont jamais cessé de lui parlé et qui ont toujours assumé des désaccords profonds. On a d'abord un désaccord là sur l'humanitaire, sur le rapport à la vie. On a un désaccord stratégique ; je ne pense pas qu'il serve la sécurité des Israéliens dans la durée, en faisant croire que la réponse n'est que sécuritaire".

Emmanuel Macron ajoute ensuite que le Hamas n'a pas du tout été affaibli par cette ligne sécuritaire : "D'ailleurs, c'était la même histoire qu'il leur racontait il y a 15 ans et ça na pas été vrai,j il y a eu le 7-Octobre. Ceux qui pensent que le réponse n'est que sécuritaire se trompent, se mentent à eux-mêmes et mentent au-delà. La réponse est politique", a-t-il dit. Et le président français s'est ensuite aventuré à parler plus directement du gouvernement d'extrême droite d'Israël, en des termes forts. "Il faut respecter le Premier ministre israélien, il faut respecter le peuple d'Israêl, mais il faut aussi essayer de lui dire à un moment "Ce que vous faites, d'abord n'est pas conforme au droit international, ce que vous faites est aussi un crime et ce n'est pas vos valeurs, et dce qui est en train d'être fait en votre nom n'est pas votre intérêt".

Quand à l'État palestinien, il pourrait être bientôt reconnu par Paris. "On doit aller vers une reconnaissance et donc dans les prochains mois, on ira", a déclaré Emmanuel Macron au cours de cet entretien "Je ne le ferai pas pour l'unité ou pour faire plaisir à tel ou tel. Je le ferai parce que je pense qu'à un moment donné ce sera juste", a insisté le président de la République.

"Et parce que je veux aussi participer à une dynamique collective, c'est-à-dire qui doit permettre aussi à tous ceux qui défendent la Palestine de reconnaître à leur tour Israël, ce que plusieurs d'entre eux ne font pas [...] et de nous engager sur une sécurité collective de la région", a poursuivi Emmanuel Macron. Et de préciser : "Notre objectif c'est quelque part en juin, avec l'Arabie saoudite, de présider cette conférence [sur la Palestine qui se tiendra à New York, ndlr.] : on pourrait finaliser ce mouvement de reconnaissance réciproque par plusieurs."

Une position qui risque de guère plaire au Premier ministre israélien. En février 2024, comme le rapportait Les Échos, Benyamin Netanyahou s'était insurgé contre un "diktat international" alors qu'il était question d'un projet de reconnaissance d'un État palestinien prêté aux États-Unis, soutenu par les pays arabes "modérés" et révélé par le Washington Post. "Israël rejette d'emblée tout diktat international concernant le statut final des Palestiniens. Une reconnaissance unilatérale après les massacres du 7 octobre constituerait une énorme récompense pour les terroristes qui empêcherait tout accord de paix à l'avenir", avait clairement fait savoir Benyamin Netanyahou sur X. 

Dernières mises à jour

16:07 - Reconnaître l'Etat palestinien serait "prématuré" pour le RN

Pour le vice-président du Rassemblement national, Sébastien Chenu, toute reconnaissance par la France de l'Etat palestinien serait "prématurée". Le parti à la flamme se dit "favorable à deux Etats", mais juge toutefois que "l'Etat palestinien serait aujourd'hui 'adossé au Hamas', une organisation qualifiée de terroriste par les Etats-Unis, l'UE et Israël notamment", précise-t-il sur LCI.

10:42 - Les Palestiniens appelés par Israël à "éduquer leurs prochaines générations à vivre en paix"

L'ambassadeur d'Israël en France, Joshua Zarka demande ce jeudi sur France Info "d’abord la libération de tous les otages", ensuite "que le Hamas dépose les armes" afin de de "créer des conditions de stabilité qui mèneront un jour à la paix" après la proposition du président français de reconnaître un Etat de Palestine dans les prochaines semaines. Il appelle aussi les Palestiniens à "éduquer leurs prochaines générations à vivre en paix (...) parce que ce qui est appris aujourd'hui aux enfants palestiniens, que ce soit à Ramallah ou Gaza, c'est comment tuer des Juifs", dit-il. "Nous voulons créer des conditions permanentes, une paix permanente, entre nous et les Palestiniens", a-t-il toutefois concédé.

10:29 - "La création d'un Etat palestinien est totalement irresponsable", assure l'ambassadeur d'Israël en France

"Parler de la création d'un État palestinien, aujourd'hui, quand la guerre continue, est de notre avis totalement irresponsable", assure ce jeudi Joshua Zarka, ambassadeur d'Israël en France, sur France Info. D'après lui, il est "trop tôt" pour "parler d'un État palestinien (...) avant d'avoir créé les conditions qui pourraient mener à la paix, fait exactement l'inverse", assure-t-il. Cette déclaration fait suite au souhait émis par Emmanuel Macron de reconnaître l'Etat de Palestine à compter du mois de juin. "Ce genre de déclaration, malheureusement encouragera le Hamas à rester au pouvoir, parce que ce que veulent aujourd'hui l'Autorité palestinienne et la direction palestinienne, c'est de créer cet Etat palestinien sans donner la paix", estime-t-il.

09:55 - Pourquoi Macron a-t-il changé de braquet ?

La potentielle reconnaissance de l'Etat de Palestine par Emmanuel Macron et donc la France en juin prochain peut s'expliquer par plusieurs facteurs. D'abord, "le changement de contexte", comme indiqué dans les colonnes de France Inter. Avec le retour de Trump au pouvoir, Israël retrouve un allié opposé à une solution à deux Etats. Face à l'atrocité de la guerre qui ne faiblit pas, malgré une tentative de cessez-le-feu, le silence n'aide pas, d'ou la prise de parole du président français. Ce dernier se positionne désormais comme "le meilleur allié occidental des pays arabes", si l'on en croit un titre du journal libanais francophone "L’Orient-le-Jour", ce mardi. En jouant contre le Hamas, mais désormais "contre" la politique menée par Israël - tout en gardant le contact avec Benyamin Nétanyahou comme il l'a bien martelé - Emmanuel Macron s'inscrit dans une démarche complexe mais louable, avec l'objectif de s'inscrire durablement dans une résolution du conflit à Gaza.