Pourquoi Grégory Doucet, le maire de Lyon, est-il suspecté de détournement de fonds ?

Pourquoi Grégory Doucet, le maire de Lyon, est-il suspecté de détournement de fonds ? Grégory Doucet a été entendu mercredi 9 avril dans le cadre d'une enquête pour détournement de fonds publics. Le maire de Lyon a assuré qu'il n'avait "rien" à se reprocher, lors de sa garde à vue qui a été levée en soirée.

Grégory Doucet a été entendu mercredi 9 avril dans le cadre d'une enquête pour détournement de fonds publics. Sa garde à vue a finalement été levée en début de soirée, passant au total une dizaine d'heures à l'hôtel de police. Le maire de Lyon est ressorti libre, sans poursuite judiciaire à ce stade de l'enquête. Le parquet a expliqué que le maire de Lyon a été placé en garde à vue pour être entendu dans le cadre d’un "dossier d’information judiciaire ouvert du chef de détournement de fonds publics" et que "cette mesure s’inscrit dans le cadre d’investigations ayant conduit à la réalisation de plusieurs auditions, dont celle d’un ancien maire de Lyon, diligentées sur commission rogatoire de trois magistrats instructeurs".

Grégory Doucet s'est exprimé face aux journalistes dès sa sortie de l'hôtel de police. "Nous défendons que ce sont de vrais emplois administratifs", a assuré l'édile, qui s'est dit satisfait d'avoir "pu livrer toutes [s]es explications sur ce dossier qui a fait l’objet d’un rapport de la Chambre régionale des comptes". Et d'insister : "Cela permettra de montrer que notre gestion est exemplaire. J’en suis convaincu. Ces chargés de mission étaient des agents administratifs au service des Lyonnaises et des Lyonnais".

Des soupçons sur un système frauduleux à la mairie de Lyon

Grégory Doucet n'est pas la seule personne à être soupçonnée dans cette affaire financière. Ses prédécesseurs intéressent aussi les enquêteurs. Georges Képénékian, qui a été maire de Lyon entre 2017 et 2018, a été placé en garde à vue le 8 avril pendant deux heures et demie, avant de ressortir libre. Le cas de Gérard Collomb pose aussi question, mais l'homme politique est décédé en 2023, avant le début de l'enquête, et n'a jamais pu être entendu. D'autres collaborateurs, actuels ou anciens, de la mairie ont été entendus en audition libre, selon le JDD.

L'enquête porte sur la nature de tâches effectuées par des chargés de mission employés par la mairie de Lyon et un possible maquillage d'emplois politiques. L'affaire a débuté en début d'année 2024 avec le signalement de l'opposition et de la Chambre régionale des comptes (CRC) sur le fonctionnement de la mairie. Le parquet de Lyon avait alors ouvert une information judiciaire et avait ordonné une perquisition de l'Hôtel de Ville en mars 2024.

Les enquêteurs cherchent à savoir si les collaborateurs du cabinet de la mairie respectent la réglementation et s'ils poursuivent bien des missions pour le compte de la mairie et non des missions politiques pour les élus. Le JDD précise que selon les enquêteurs, 24 personnes auraient exercé des fonctions de collaborateur de cabinet à la mairie, en plus des 12 personnes pouvant être normalement recrutées à ces postes selon la réglementation. Le surplus d'employés, qui aurait été observé sur plusieurs années et au cours des mandats de différents maires, pourrait constituer un détournement de fonds publics. 

"Sur la période contrôlée, durant laquelle trois maires se sont succédé, ces chargés de mission, au nombre d'une vingtaine, recrutés avec la participation des adjoints et souvent hors du cadre légal, exercent des missions correspondant à celles confiées à des collaborateurs de cabinet du maire et non pas des activités administratives", ajoute le rapport concernant les missions attribuées aux employés.