"Une peine excessive et sans fondement" : la réaction de Sarkozy aux réquisitions du procès Kadhafi

"Une peine excessive et sans fondement" : la réaction de Sarkozy aux réquisitions du procès Kadhafi Le parquet national financier a requis sept ans de prison ferme et 300 000 euros d'amende contre Nicolas Sarkozy dans le procès sur l'affaire du financement libyen. L'ancien chef d'Etat et ses avocats dénoncent cette décision.

Les réquisitions sont historiques. Le parquet national financier a requis sept ans de prison ferme, cinq ans d'inéligibilité et 300 00 euros d'amende contre Nicolas Sarkozy dans l'affaire des financements libyens, le jeudi 27 mars. Jugé pour "financement illégal de campagne électorale", "corruption passive", "recel de détournement de fonds publics" et "association de malfaiteurs", l'ancien président de la République est celui qui a occupé des réquisitions les plus lourds parmi les 11 prévenus. Des peines allant d'un à six ans d'emprisonnement ont été requises contre les autres personnes jugées.

Dès le début de ses réquisitions, le mardi 25 mars, le procureur présentait Nicolas Sarkozy comme le "commanditaire" d'un "pacte de corruption inconcevable, inouï, indécent [...] conclu avec un régime sanguinaire" ayant "pour objectif de soutenir financièrement la campagne" présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007. Il a demandé à ce que l'ancien chef d'Etat soit reconnu coupable de tous les chefs d'accusation.

Jamais des peines aussi lourdes n'ont été demandées contre un ancien président de la République, mais pour les avocats de Nicolas Sarkozy ces dernières sont disproportionnées. "L'audience a démontré que la campagne présidentielle n'avait pas été financée par l'argent libyen. Elle a démontré que jamais Nicolas Sarkozy n'a demandé le moindre financement à Mouammar Kadhafi. Aucune trace de financement libyen n'a été démontrée", a insisté Me Jean-Michel Darrois. L'avocat estime que "le parquet national financier a demandé des peines très lourdes pour essayer de compenser la faiblesse de ses arguments" après avoir qualifié une preuve de "faux document".

"Je continuerai à me battre"

L'autre avocat de Nicolas Sarkozy, Me Christophe Ingrain, évoque des peines "complètement hors-sol". Quant à la réaction de son client aux réquisitions, l'avocat indique que "compte tenu des mots très durs et des accusations illégitimes portées contre lui, [Nicolas Sarkozy] s'attendait à autre chose qu'à une peine excessive et sans aucun fondement".

Nicolas Sarkozy ne s'est pas exprimé à sa sortie du tribunal, mais il a réagi dans un communiqué publié sur ses réseaux sociaux. "Je continuerai à me battre pied à pied pour la vérité, et à croire dans la sagesse du tribunal", a-t-il écrit. Fidèle à sa défense, l'homme politique a réaffirmé être innocent et estime que le procès l'a prouvé : "Après trois mois d'audience, il est acquis qu'il n'y a pas eu d'argent liquide utilisé dans ma campagne de 2007 (ou alors de façon minime et sans aucun lien avec la Libye)."

L'ancien président de la République pourra à nouveau se défendre avec l'aide de ses avocats lors de la reprise des plaidoiries prévue le 8 avril. Le procès de l'affaire des financements libyens n'est pas encore fini et les avocats du prévenu comptent mettre à profit les prochaines semaines "pour montrer que ces réquisitions sonnent creux" a déclaré Me Christophe Ingrain. Le verdict dans cette affaire ne sera pas connu avant plusieurs semaines, voire plusieurs mois, d'ici là Nicolas Sarkozy reste présumé innocent en dépit des réquisitions.

Dernières mises à jour

12:15 - "Des mots choisis pour bouleverser Nicolas Sarkozy"

Nicolas Sarkozy et ses avocats ont encore du mal à digérer les lourdes réquisitions du parquet contre l'ancien président de la République dans l'affaire des financements libyens. Le procureur a qualifié l'homme politique de "commanditaire" d'un pacte de corruption avec un "régime sanguinaire" et a insisté sur la "cupidité" et de la "soif de pouvoir" de l'ancien chef d'Etat. "Des mots choisis pour bouleverser Nicolas Sarkozy et frapper l'opinion", a estimé l'un des avocats du prévenu, Jean-Michel Darrois, invité de Franceinfo ce vendredi matin.

Le conseil a réaffirmé que le parquet a menti durant son réquisitoire, estimant que les preuves citées sont apparues comme des faux au cours des audiences. "Nous avons tous été stupéfaits. D'autant que, [le réquisitoire] ne correspond pas du tout au dossier qui a pu être examiné. Qui peut penser que Nicolas Sarkozy soit allé demander de l'argent à Mohamed Kadhafi qu'il ne connaissait pas, qui était considéré comme un homme dangereux, pas fiable ?" a questionné l'avocat avant d'ajouter : "Mais quelle idée de fou on lui prête !". Il entend demander la relaxe de Nicolas Sarkozy lors des plaidoiries prévues le 8 avril.