Rachline, maire RN de Fréjus, "sorti du lit" par la gendarmerie pour une enquête musclée
Une enquête conduite dans le plus grand secret. Depuis janvier 2024, le Parquet national financier (PNF) a ouvert une instruction préparatoire pour "des chefs de favoritisme, recel de favoritisme, corruption active et passive d'élu, suite à la publication en novembre 2023 de l'ouvrage les Rapaces", a appris le Nouvel Obs de source judiciaire. Ce livre de la journaliste Camille Vigogne Le Coat, publié début 2023, met sévèrement en cause David Rachline pour sa gestion de la commune varoise.
Depuis quelques mois, une importante enquête de gendarmerie cible le maire de Fréjus, au cœur des soupçons dans cette affaire. Ce mardi, les gendarmes de la section de recherches de Marseille sont venus chercher l'élu lepéniste au lever du jour. David Rachline ne se doutait de rien lorsqu'il "a été sorti du lit au petit matin", vers 6h, et vu débarquer à son domicile quarante gendarmes, un magistrat et un assistant spécialisé du PNF.
Les forces de l'ordre se sont chargées de perquisitionner les lieux et de saisir les téléphones des principaux cadres de la mairie. Les moyens mis en œuvre sont d'une ampleur inédite dans la région, précise l'hebdomadaire. "Il eut été normal que ce soit la police judiciaire du Var qui traite le cas de Fréjus. Mais il convenait de sortir de la zone", a confié une source proche du dossier. L'enquête - conduite en secret par le Parquet national financier - a en effet été délocalisée dans les Bouches-du-Rhône pour éviter les fuites.
Rachline, visé par deux enquêtes
Et pour cause : la cité balnéaire de 56 000 habitants est depuis des années érigée en vitrine du Rassemblement national. Marine Le Pen y a d'ailleurs organisé nombre de ses rentrées et de ses Estivales. L'ancien sénateur, David Rachline, maire depuis 2014 de la commune varoise, a dirigé la première campagne présidentielle de l'élue d'extrême droite qui l'a amenée au second tour, en 2017.
Jusqu'ici, seul le parquet de Draguignan avait annoncé l'ouverture d'une enquête en décembre 2023, pour "prise illégale d'intérêt" contre l'élu. Dans le cadre de cette procédure, le proche de Marine Le Pen passera devant le tribunal correctionnel le 30 septembre afin d'éclaircir les conditions de son élection à la présidence de deux sociétés d'économie mixte. De toute évidence, Le périple judiciaire de David Rachline est loin d'être terminé.
Mais le vice-président du parti n'est pas le seul à être soupçonné par le PNF. Les gendarmes ont également visité le siège de plusieurs sociétés concernées par les marchés publics de Fréjus, dont le géant local du BTP Alexandre Barbero, à la tête de sa Holding HDI, rapporte Le Nouvel Obs. S'il est condamné pour "corruption active et trafic d'influence", David Rachline risque de son côté jusqu'à dix ans d'emprisonnement et 1 000 000 euros d'amende, selon l'article 433-1 du Code pénal.