Des députés consommateurs de drogue dure : une enquête pointe un phénomène "pas du tout isolé"

Des députés consommateurs de drogue dure : une enquête pointe un phénomène "pas du tout isolé" Une enquête de franceinfo révèle que la consommation de drogue dure concerne aussi les députés.

La proposition du maire de Grenoble Éric Piolle de mettre en place des tests de dépistages anonymes pour les élus est plus que jamais d'actualité. Dans une enquête édifiante sur la consommation de drogue, franceinfo alerte sur la propagation de la consommation de drogue dure au sein du palais Bourbon. Même s'il est difficile de quantifier le phénomène, l'investigation démontre qu'il n'est pas résiduel.

Il faut dire que les langues se délient et que certains collaborateurs évoquent désormais sans crainte leur quotidien très affecté. L'enquête s'attarde notamment sur l'ancienne conduite de l'un des députés de l'Assemblée nationale. "Le lundi, il était guilleret et sautait de joie. Le mardi, ça allait, mais il commençait à être un peu irritable. Le mercredi et le jeudi, il était exécrable. Et le vendredi, il était au fond du trou", explique Fabien, un proche de cet élu addict à la 3-MMC, un stupéfiant surnommé "la cocaïne du pauvre". En octobre dernier, le député insoumis Andy Kerbrat avait d'ailleurs été arrêté pour l'achat de cette même drogue. 

Même si "tout le monde" était au courant de sa dépendance, cette réalité reste "extrêmement tabou" au sein de l'Assemblée. C'est pourquoi, la plupart des sources de l'enquête préfèrent témoigner sous couvert d'anonymat. "Personne ne parle de l'affaire Kerbrat, alors que ce n'est pas du tout un phénomène isolé, assure un collaborateur parlementaire de gauche. Certains députés sont consommateurs et cela concerne tous les groupes".

Un rythme effréné 

Pour certains élus, un cadre festif appelle à consommer de la drogue à plusieurs, et ce au sein même du Palais Bourbon. Lors d'une soirée remontant à 2018, un ancien député du bloc central se souvient des multiples excès commis par une trentaine de personnes : "J'ai vu de l'abus en tout, avec des comportements lourds de mecs envers les femmes et des cachetons qui circulaient. Je suis parti, raconte-t-il. Après, j'ai refusé d'aller en soirée à cause de ce que je savais". Des violences sexistes qui rappellent le comportement de Joël Guerriau, accusé d'avoir administré de l'ecstasy à la députée Sandrine Josso en novembre 2023. 

Mais cette consommation cache des côtés sombres, indissociables du métier de politicien. Selon les personnes interrogées par le média public, "le rythme de travail des députés, qui enchaînent les séances de nuit, les travaux en commission, mais aussi les allers-retours dans leur circonscription, peuvent expliquer qu'ils tombent dans cet engrenage" pour tenir. 

"Qui n'a pas de repos hebdomadaire, à part les députés ? Presque personne. On dort peu, sans aucun temps de pause, on fait des déjeuners et des dîners de travail. C'est un tunnel permanent. Alors, il y a des échappatoires : le sucre, le gras, et pour certains cela peut être le tabac, l'alcool, les drogues, même si cela reste tabou", explique le député socialiste Arthur Delaporte, qui assure ne consommer aucun produit stupéfiant, ni même du tabac.