Elisabeth Borne voit rouge : elle recadre ses services et envoie un message à Bruno Retailleau

Elisabeth Borne voit rouge : elle recadre ses services et envoie un message à Bruno Retailleau La ministre de l'Éducation nationale a écrit aux recteurs pour les rappeler à l'ordre.

Une élève de 14 ans, originaire du Burkina Faso, a été interpellée par des membres du personnel en pleine récréation. Il était tout juste 10 heures du matin quand elle a été emmenée dans un bâtiment administratif où l'attendaient des gendarmes, venus la chercher au sein même de son établissement scolaire. Contrainte de quitter le collège Paul Verlaine de Maizières-lès-Metz, elle a été reconduite à la frontière belge avec sa famille.

En apprenant les faits, la ministre de l'Éducation nationale, Élisabeth Borne, a envoyé par courrier un "rappel" destiné aux recteurs en soulignant que "les interventions des forces de police et de gendarmerie liées aux procédures d'éloignement sont strictement interdites dans le cadre scolaire". De son côté, le rectorat de la région académique Grand Est et de l'académie de Nancy-Metz affirme que les deux gendarmes de la brigade d'Ennery venus récupérer l'élève avaient "l'accord de ses représentants légaux" et respectaient "un cadre réglementaire". Une information validée par le ministère de l'Intérieur, contacté par RMC.

Cependant, les interventions des forces de l'ordre dans une école sont contraires à une circulaire de 2013, remarque la ministre dans son mail. Elle pointe également le rôle des chefs d'établissement, censés préserver un environnement éducatif serein. Selon Me Arnaud Soustiel, avocat-conseil de la délégation du Loiret, ces derniers ne peuvent "remettre le mineur qu'au titulaire de l'autorité parentale, aux personnes mandatées par lui ou à des policiers présentant un document des parents les y autorisant".

Des camarades "troublés"

Sur ce point, le professeur d'histoire géographie Agnès Bragard souligne qu'ainsi "encadrée par des gendarmes", la mère était dans l'incapacité de "s'opposer" à leur demande. "Ce n'était pas une décision éclairée", conclut-elle sur France 3 Grand Est. Les collégiens n'ont d'ailleurs pas été épargné par une telle intervention. "Lundi matin, certains élèves ont posé des questions, ça les a beaucoup troublés. Ils demandaient si c'était normal, si cela pouvait leur arriver. L'école est censée mettre à l'abri les enfants des pressions extérieures", poursuit l'enseignante. Cet argument est celui repris par la ministre de l'Education nationale. L'ancienne Première ministre a voulu clarifié les choses et son message n'est finalement pas destiné qu'à ses services mais aussi aux services du ministère de l'Intérieur.

L'ancienne locataire de Matignon sait que cette intervention en milieu scolaire pour une obligation de quitter le territoire français (OQTF) est en lien avec les objectifs de "sécurité" poursuivis par le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau. Pour le Réseau Éducation Sans Frontières (Resf), "c'est une illustration supplémentaire de la brutalité en vigueur depuis la présidence Macron".

Après l'arrestation, la collégienne a été conduite jusqu'à la frontière, accompagnée de sa mère et de son petit frère, mais "sans pouvoir emporter le moindre effet personnel". D'après les informations de France 3 Grand Est, la famille était venue se réfugier en Europe à la suite du dernier coup d'État au Burkina Faso. "Emprisonné pour des raisons politiques", le père est quant à lui resté dans son pays d'origine. Les autorités reprochent à la mère de l'élève d'avoir déposé une demande d'asile simultanément en Belgique et en France.