Laurence Tubiana : hors course pour le poste de Première ministre, ses explications

Laurence Tubiana : hors course pour le poste de Première ministre, ses explications Laurence Tubiana a annoncé renoncer à une candidature au poste de Première ministre. L'économiste regrette notamment les "oppositions au sein du NFP" concernant son profil jugé trop "Macron compatible".

Pourtant soutenue par le Parti socialiste, le Parti communiste français et les Ecologistes, Laurence Tubiana annonce ce lundi 22 juillet renoncer au poste de Première ministre si le NFP venait à la désigner comme représentante de l'alliance de la gauche auprès d'Emmanuel Macron. "Je constate que mon nom a rencontré des oppositions au sein du NFP. Tout cela ne me semble plus mener à l'apaisement dont nous avons tant besoin" écrit-elle dans une lettre publiée sur X. "Je retourne aux combats qui ont toujours été les miens. L'urgence sociale et l'urgence climatique, l'une ne va pas sans l'autre. Je suis convaincue du rôle clé de la société civile, des mouvements sociaux, des associations qui se battent sans relâche sur le terrain contre les inégalités, les discriminations et la crise climatique " a-t-elle ajouté. 

Dans un récent entretien accordé à l'Agence France Presse, elle se confiait sur ses ambitions pour Matignon : "Je ne demande rien, mais c'est le moment de l'engagement et cela me correspond (...) quand il y a une crise politique, il faut y répondre. Il y a besoin d'une personne de gauche, si cela doit être moi, je le fais", affirmait la femme de 73 ans. "L'extrême droite est aux portes du pouvoir. Soyons à la hauteur pour répondre aux préoccupations des Françaises et Français (…) Je reste persuadée que la gauche a le devoir et la capacité d'exercer les responsabilités auxquelles les électrices et les électeurs l'ont appelée. Ne nous résignons pas, il faut avancer" conclut-elle sur X.

Laurence Tubiana, économiste et diplomate

Issue de la gauche, Laurence Tubiana est depuis un certain temps déjà une actrice majeure de l'écologie en France. Avant de s'engager dans des missions institutionnelles à partir de la fin des années 1990, elle a présidé Solagral, une organisation non-gouvernementale qui militait, jusqu'à sa disparition au début des années 2000, pour le développement de l'agriculture et de la biodiversité dans des pays du tiers monde.

Diplomate donc, mais aussi économiste de formation, Laurence Tubiana a joué un rôle centra dans la politique écologique menée pendant le quinquennat de François Hollande. Sans jamais faire partie du gouvernement, elle s'était hissée au rang de représentante française pour la conférence Paris Climat 2015 puis d'ambassadrice chargée des négociations sur le changement climatique et enfin négociatrice principale pour la COP 21. Depuis 2017, elle est à la tête de la Fondation européenne pour le climat (ECF).

Laurence Tubiana jugée trop "Macron compatible" par LFI

"Je ne peux croire qu'après avoir opposé son veto à la candidature d'Huguette Bello, Olivier Faure se prépare à tenter d'imposer au Nouveau Front populaire une candidature Macron compatible pour Matignon" réagissait le député Paul Vannier sur X au sujet de Laurence Tubiana. Un reproche fait par de nombreux autres insoumis. Si l'économiste et ex-présidente de la Convention citoyenne pour le climat est taxée d'être trop proche ou tout de moins de pouvoir coller avec le programme d'Emmanuel Macron, c'est parce qu'elle a été pressentie à plusieurs reprises pour faire partie du gouvernement : en 2018 pour remplacer Nicolas Hulot à la Transition écologique et en 2020 pour succéder à Edouard Philippe à Matignon.

Et dans les faits, l'économiste a bien eu des prises de position concordante avec celles d'Emmanuel Macron et a parfois salué son discours ou son engagement pour l'écologie, comme lors de la COP27 en 2022. Autre argument, plus récent, de La France insoumise pour s'opposer à la désignation de Laurence Tubiana pour Matignon : la participation de l'économiste à une tribune parue dans Le Monde le 11 juillet et appelant le Nouveau Front populaire à "tendre la main aux autres acteurs du front républicain pour discuter d'un programme d'urgence républicaine". Manuel Bompard avait même jugé sa candidature "pas sérieuse", comme indiqué sur BFMTV le 16 juillet dernier. 

Issue de la société civile

Autre point de désaccord entre le PS et LFI sur la candidature de Laurence Tubiana : le fait qu'elle soit issue de la société civile. L'économiste qui était militante pour la Ligue communiste révolutionnaire dans sa jeunesse et a été l'assistante de Lionel Jospin, s'est toujours considérée de gauche, mais n'a pas fait carrière en politique. Laurence Tubiana est toutefois loin d'être une étrangère dans ce microcosme puisqu'elle a été un maillon essentiel de la politique menée sur l'écologie pendant le quinquennat de François Hollande.

Si le PS, le PCF et les Ecologistes se disaient ouverts à ce qu'une personnalité issue de la société civile puisse être nommée à Matignon, LFI avait, seulement quelques minutes avant que le nom de Laurence Tubiana soit avancé, a toujours refusé de soutenir la candidature d'une personnalité non politique pour Matignon. "Le blocage politique [sur le nom du Premier ministre potentiel] ne se réglera pas par l'improvisation d'une candidature extérieure", écrivait LFI dans un communiqué le 16 juillet. Désormais, avec la mise en retrait de Laurence Tubiana, la question ne se pose plus.