Jean-Luc Mélenchon peut-il être Premier ministre ? Les explications claires
En manque cruel de soutien même au sein de la gauche, le profil clivant de Jean-Luc Mélenchon ne semble pas incarner le consensus nécessaire pour occuper le poste de Premier ministre, censé "apaiser le pays".
Après que le Nouveau Front populaire ait obtenu une majorité relative à l'Assemblée nationale, le nom de Jean-Luc Mélenchon était sur toutes les lèvres concernant le nouveau locataire de Matignon. Si le leader de LFI ne fait pas l'unanimité, même à gauche, Mathilde Panot a estimé qu'il était "une des possibilités" pour Matignon. Mais les autres figures du Nouveau Front populaire ne sont pas du même avis. Fabien Roussel a assuré au micro de RTL que le nom du chef de file des insoumis n'était "même pas abordé". Et d'ajouter : "Pour la majorité des représentants des forces politiques dans ce Nouveau Front populaire, il ne sera pas et ne peut pas être Premier ministre". Clair, net et précis.
Jean-Luc Mélenchon désavoué par Marine Tondelier
Au sujet de Jean-Luc Mélenchon, le constat est également négatif chez Marine Tondelier, comme elle l'a exprimé chez nos confrères de RTL ce lundi. Le secrétaire nationale d'EELV a estimé qu'"un bon Premier ministre doit apaiser le pays" et "fédérer dans son propre camp". L'élue du nord a ensuite rappelé que le leader insoumis "avait dit lui-même qu'il ne voulait pas s'imposer, et toute une partie du Nouveau Front populaire avait dit qu'elle ne voulait surtout pas que ce soit lui". Marine Tondelier a enfoncé le clou : "Pour moi, ces réponses étaient convergentes : ce n'était pas parti pour être Jean-Luc Mélenchon". Dans ces conditions, difficile d'imaginer Jean-Luc Mélenchon comme candidat rassembleur et un minimum consensuel pour représenter l'alliance de la gauche.
Jean-Luc Mélenchon bénéficie en revanche d'un soutien inconditionnel, celui de son fidèle allié, Manuel Bompard. Selon le Coordinateur de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon "a des atouts pour exercer cette fonction. Il est en adéquation avec le programme que nous avons défendu lors de cette élection" déclarait le député des Bouches-du-Rhône ce mardi sur CNews. Pour autant, d'après un sondage CSA pour CNews, Europe 1, et le JDD, Jean-Luc Mélenchon n'apparaît pas du tout comme le favori au poste de Premier ministre. A la question "qui souhaitez-vous comme Premier ministre", les sondés répondent pour 16 % d'entre eux Jordan Bardella, Gabriel Attal arrive en deuxième position (14 %) devant François Ruffin (7 %). Suivent Raphael Glucksmann (6 %) et... Jean-Luc Mélenchon avec 5 % des voix. Si le triple candidat à l'élection présidentielle ne fait pas l'unanimité au sein du Nouveau Front populaire, il ne semble pas non plus convaincre les Français.
Emmanuel Macron ne nommera probablement pas Jean-Luc Mélenchon Premier ministre
Le question sera finalement tranchée par le chef de l'Etat : il revient à Emmanuel Macron de désigner son Premier ministre. S'il est de coutume que le président de la République nomme un chef de gouvernement issu du bloc majoritaire à l'Assemblée nationale, rien ne l'oblige à choisir la personnalité désignée par le bloc en question. De plus, face à une Assemblée nationale constituée de coalitions dont aucune n'a de majorité absolue, le président de la République a les mains encore plus libres pour organiser son exécutif : rien ne l'oblige en réalité à opter pour une figure de gauche.
Si Emmanuel Macron optait effectivement pour un Premier ministre de gauche, il ferait probablement porter son choix sur une personnalité plus modérée que Jean-Luc Mélenchon : un socialiste, un communiste ou un écologiste, voire une personne qui n'est pas affiliée à un grand parti. Il a d'ailleurs déjà assuré, avant le second tour des législatives, qu'il ne gouvernerait pas avec La France insoumise. Depuis quelques jours, des noms plus consensuels comme le dissident LFI François Ruffin circulent. Marine Tondelier (EELV) et Olivier Faure (PS) sont également dans le match pour entrer à Matignon, si le chef de l'Etat venait à choisir un Premier ministre de gauche pour gouverner.
Motion de censure : c'est bien le Parlement qui décide
En vertu de l'article 8 de la Constitution française, le président de la République est la seule personne habilitée à nommer le nouveau Premier ministre. Il s'agit d'un choix discrétionnaire du chef de l'Etat, sans conditions particulières. Dans les faits, la logique veut que la personnalité choisie rassemble un soutien parlementaire suffisant pour éviter une motion de censure. Si une motion de censure est adoptée par la majorité des membres de l'Assemblée nationale contre ce nouveau Premier ministre, le gouvernement est renversé. Pour rappel, une motion de censure doit être signée par au moins un dixième des membres de l'hémicycle, sans quoi, elle n'est pas recevable, avant d'être votée par la majorité des membres de l'Assemblée nationale pour être adoptée.