Procès Sarkozy : Carla Bruni associée à des malfaiteurs, la suspicion forte des juges
Alors que le dossier de soupçons de financement illégal de la campagne présidentielle de 2007 par des fonds libyens arrive ce lundi 6 janvier devant le tribunal correctionnel de Paris, dans lequel Nicolas Sarkozy est jugé pour "financement illégal de campagne électorale", "corruption passive", "recel de détournement de fonds publics" et "association de malfaiteurs", son épouse, Carla Bruni-Sarkozy, est toujours mise en examen dans l'enquête sur la rétractation de l'intermédiaire Ziad Takieddine, après avoir été entendue par les enquêteurs, le mardi 9 juillet 2024.
Mise en examen pour recel de subordination de témoin
Elle pourrait avoir eu un rôle important dans l'opération "sauver Sarko", qui a mené à la rétractation de Ziad Takieddine dans l'affaire du financement libyen présumé de la campagne présidentielle de 2007, et est soupçonnée de "recel de subornation de témoin, participation à une association de malfaiteurs en vue de commettre l'infraction d'escroquerie au jugement en bande organisée (en vue de tromper les magistrats ayant à statuer dans l'information judiciaire relative aux soupçons de financement libyen de la campagne électorale de son mari)". Carla Bruni-Sarkozy était sortie, l'été dernier, libre de son audition, avec l'interdiction de rentrer en contact avec l'ensemble des protagonistes de cette affaire, excepté son mari.
Si la chanteuse est aujourd'hui mise en examen, c'est notamment à cause de ses liens personnels et professionnels avec Michèle Marchand, dite "Mimi Marchand", papesse de la presse people, qui est accusée d'avoir joué un rôle majeur dans la rétractation de Ziad Takieddine. Pour rappel, l'homme d'affaire franco-libanais était revenu sur son témoignage, celui dans lequel il accusait Nicolas Sarkozy d'avoir financé sa campagne grâce à des fonds de Mouammar Kadhafi, ex-dictateur libyen, dans l'émission Complément d'enquête de France 2. Pour opérer ce revirement de situation, il s'était vu proposer "des millions d'euros", avait-il confié.
Les liens entre Carla Bruni et "Mimi" Marchand
Lors d'une première audition révélée par Le Parisien, dans laquelle Carla Bruni était entendue en tant que suspecte libre, le 2 mai 2023, elle avait été interrogée à propos de communications directes avec Mimi Marchand depuis un téléphone secret à plusieurs moments cruciaux de l'opération, notamment pour recevoir des messages de "Mimi" sur l'organisation de l'interview de Takieddine.
Le numéro de téléphone est enregistré au nom de l'informaticien de l'ex-première dame, mais la photo associée à ce contact dans le téléphone de Mimi Marchand est bien celle de Carla Bruni-Sarkozy. Un échange en particulier est étudié par les enquêteurs. Il date du 22 octobre 2020. Alors que Mimi Marchand venait d'arriver à Beyrouth pour l'interview de Ziad Takieddine, celle-ci aurait reçu un message provenant de ce numéro : "Tout va bien ma mimi ?" De plus, Carla Bruni-Sarkozy a concédé aux enquêteurs qu'il y avait peu de chance que son informaticien connaisse "Mimi".
Après avoir contesté plusieurs fois être la détentrice de ce numéro de téléphone, l'ancienne mannequin a évoqué l'hypothèse d'une utilisation par son fils. Une théorie rapidement réfutée par les enquêteurs qui se demandent pourquoi "Mimi" enverrait ce genre de messages au fils de Carla Bruni-Sarkozy. Pour son avocat, Me Paul Mallet, "la mise en examen de Mme Carla Bruni-Sarkozy, dans les mêmes termes que celle concernant son mari, n'est que la suite procédurale". Cette dernière est "déterminée à faire valoir ses droits et à contester cette décision infondée", selon son avocat.