Jusqu'où les mobilisations pro-palestiniennes peuvent-elles aller à Sciences Po ?

Jusqu'où les mobilisations pro-palestiniennes peuvent-elles aller à Sciences Po ? L'école Sciences Po Paris a été évacuée par la police, vendredi 3 mai. Le mouvement, qui a touché de nombreuses universités dans les grandes villes de France, pourrait s'inscrire dans le temps, selon les syndicats.

La mobilisation pro-palestinienne des étudiants se poursuit en France, vendredi 3 mai, à l'instar de celle qui a débuté aux Etats-Unis dans les grandes universités du pays.  A Sciences Po Paris, épicentre du mouvement, une nouvelle occupation a été votée par le Comité Palestine Sciences Po, jeudi 2 mai au soir. Le lendemain matin, la police est intervenue et a délogé les militants. Dans le même temps, la direction avait choisi de fermer les principaux bâtiments de l'école. Les étudiants ont tenté de résister en entonnant des slogans : "on reste ici, on ne bougera pas" ou encore "on demande la justice, on nous envoie la police".  91 personnes auraient été évacuées, "sans incident", selon la préfecture de police. Selon un étudiant de l'école, une cinquantaine d'étudiants étaient encore présents sur le site au moment de l'évacuation. Aucun heurt n'est à déplorer. 

Le même scénario s'est déroulé à Sciences Po Lyon ce vendredi 3 mai. Après une nuit d'occupation des lieux par une centaine d'étudiants pro-palestiniens, les forces de l'ordre ont mené une opération d'évacuation. Des dizaines de personnes occupaient un amphithéâtre. L'établissement sera fermé jusqu'au 12 mai. A Lille, c'est l'Ecole supérieure de journalisme (ESJ) qui est fermée face au blocage des certains étudiants. Sur place, pas d'évacuation mais des échauffourées entre les jeunes militants et les forces de l'ordre postées aux abords de l'établissement et de Sciences Po Lille.

"La fermeté est et restera totale", a assuré Matignon en marge des évacuations dans plusieurs campus. "S'agissant de la situation dans les établissements, certaines ont pu être réglées par le dialogue. Pour d'autres, des réquisitions par les présidents d'université ont été faites et les forces de l'ordre sont intervenues immédiatement. Cette fermeté paie : 23 sites perturbés ont été évacués hier", a ajouté le cabinet de Gabriel Attal justifiant l'intervention des forces de l'ordre.

Un grand rassemblement au Panthéon ce vendredi

Plusieurs centaines de manifestants se sont rendues devant le Panthéon après l'évacuation de Sciences Po Paris ce vendredi 3 mai. Un rassemblement "pour le peuple palestinien, et non à la répression et à la fermeture des facs"selon ses organisateurs, composés de syndicats étudiants tels que l'Union étudiante, l'Unef et le Poing levé et des partis politiques comme La France insoumise, le Parti communiste ou les Ecologistes. 

Plus d'une semaine après les premières mobilisations étudiantes en soutien à la Palestine, les syndicats mobilisés se disent prêt à inscrire le mouvement dans la durée. Après les blocages, une grève de la faim a été entamée par au moins six étudiants qui disent refuser de se nourrir, par "solidarité avec les victimes palestiniennes", jusqu'à ce que la direction de l'établissement "s'engage à la création d'un groupe de travail et à la publication d'un rapport sur les partenariats universitaires et économiques vis-à-vis des violations du droit international et des droits de l'Homme en Palestine" à fait savoir le Comité Palestine Sciences Po. Certains, comme l'Unef ou l'Union étudiante, appellent à "intensifier la mobilisation sur les lieux d'études" depuis hier. 

D'autres campus occupés par des poignées d'étudiants

Les mobilisations pro-palestiniennes ont gagné les autres campus de Sciences Po, y compris ceux en dehors de Paris. A Lille, l'institut d'études politiques a fermé ses portes le jeudi 2 mai en raison de l'occupation des lieux par des étudiants. A Saint-Etienne, les étudiants présents ont été évacués.

D'autres établissements que ceux de Sciences Po se trouvent également touchés par le mouvement : la Sorbonne ou encore l'Ecole nationale supérieure (ENS) à Paris ou encore l'École supérieure de journalisme (ESJ) à Lille. L'école de journalisme est elle aussi fermée ce vendredi 2 mai alors qu'une cinquantaine de personnes sont mobilisées devant les locaux depuis l'aube selon France Bleu Nord. Une manifestation est aussi organisée près de Sciences Po Lille sans que cela entraine le fermeture du campus. Une autre manifestation est prévue à la mi-journée près de Sciences Po Grenoble. En revanche, le campus de Sciences Po Menton a rouvert après une fermeture qui aura duré plusieurs jours.

Un dialogue mais aucun accord

Après une accalmie permise par l'organisation d'un débat interne à Sciences Po, la mobilisation pro-palestinienne reprend et gagne en force. "Ça a été un débat dur, avec des prises de position assez claires, beaucoup d'émotion", a relaté Jean Bassères, l'administrateur provisoire de Sciences-po. Mais la grande réunion n'a rien donné, l'administrateur ayant "très clairement" refusé "la création d'un groupe de travail qui était proposé par certains étudiants pour investiguer nos relations avec les universités israéliennes", une des revendications des étudiants mobilisés. Jean Bassères a, à l'issue de la réunion et face à la reprise du mouvement, appelé au "calme" avant le début des examens qui doivent avoir lieu lundi.

Après l'échec des échanges entre la direction de Sciences Po et les étudiants, l'Union des étudiants juifs de France (UEJF) se sont rendus jeudi 2 mai au soir devant le blocage à Sciences-po et à la Sorbonne pour "appeler au dialogue et dénoncer les dérives antisémites des mobilisations pro-palestiniennes".