Manifestation à Sciences Po : la classe politique réagit au blocus

Manifestation à Sciences Po : la classe politique réagit au blocus Après le blocage du campus de Sciences Po pendant 24 heures par des étudiants pour manifester leur soutien aux Palestiniens, plusieurs personnalités politiques ont réagi.

Après le blocage de manifestants pro-palestiniens qui s'étaient mobilisés autour et à l'intérieur du bâtiment historique de l'université Sciences Po, situé au 27 rue Saint-Guillaume, le Premier ministre Gabriel Attal avait déploré, samedi 27 avril "un spectacle navrant, choquant, d'une minorité agitée effectivement par des forces politiques, notamment La France insoumise".

La patronne du groupe LFI à l'Assemblée nationale, Mathilde Panot lui a répondu, ce dimanche 28 avril. "Nous n'avons en aucun cas instrumentalisé les gens. La jeunesse a un cerveau, elle sait pourquoi elle fait ça", a-t-elle répliqué sur RTL. Elle a justifié la présence de ses collègues pour "éviter que le blocage se déroule mal", alors que la préfecture avait ordonné l'évacuation de l'école.

"Nous y étions pour soutenir leurs revendications, notamment l'abandon des sanctions disciplinaires contre les étudiants mobilisés", a-t-elle poursuivi. Alors que le Premier ministre a martelé qu'"il n'y aura jamais de droit au blocage" et "jamais de tolérance avec l'action d'une minorité agissante, dangereuse, qui cherche à imposer ses règles et une idéologie d'outre-Atlantique à nos étudiants et nos enseignants", l'élue du Val-de-Marne a estimé que "pour se faire entendre, il faut parfois bloquer". "Je les soutiendrai autant de fois qu'ils le feront, et nous serons là à chaque fois que le peuple se mettra en mouvement pour soutenir l'égale dignité des êtres humains", a assuré Mathilde Panot.

Un accord trouvé

La direction de l'établissement avait "condamné fermement ces modalités de mobilisation qui empêchent le bon déroulement de [ses] activités". Elle avait annoncé avoir suspendu les poursuites disciplinaires engagées depuis le 17 avril contre les étudiants pro-Palestine. La direction a aussi promis l'organisation, d'ici jeudi prochain, d'une réunion publique ouverte "à toutes les communautés de Sciences Po".

Les étudiants qui bloquaient Sciences Po se sont, eux, engagés à ne plus perturber la vie de l'établissement. Tandis qu'une dizaine d'entre eux se trouvaient encore à l'intérieur du bâtiment vendredi soir, tous ont depuis quitté les lieux. À l'extérieur, alors que BFMTV rapportait, vers 18h30, entre 200 et 300 manifestants, une centaine avait déjà été évacuée par les forces de l'ordre aux alentours de 20 heures, les CRS ayant été déployés par le préfet de police de Paris en début de soirée. Il est à noter que ces évacuations se sont déroulées dans le calme.

Science Po bloqué depuis jeudi soir

Dans la nuit du jeudi 25 au vendredi 26 avril, des étudiants avaient pris possession des lieux pour protester contre les bombardements à Gaza, rapporte franceinfo. La veille, un premier blocus de l'établissement avait pris fin après une intervention des forces de l'ordre sur demande de la direction. Ravitaillés à l'aide de sacs de courses hissés à bout de bras, les étudiants entendaient depuis rester sur place jusqu'à obtenir gain de cause de leurs revendications.

Si une délégation d'étudiants mobilisés avait été reçue par la direction de l'école, ces derniers ne comptaient pas lever le bocage tant que celle-ci n'avait pas répondu sur plusieurs points. Parmi eux, l'abandon de possibles sanctions envers tous les étudiants impliqués dans la mobilisation.

De premières tensions

Le mouvement, copié sur celui qui se déroule actuellement au sein des universités américaines comme à New York, Yale ou Columbia, avait pris une nouvelle tournure en milieu d'après-midi vendredi. Une cinquantaine de manifestants pro-Israël s'étaient en effet rassemblés, certains masqués, devant les locaux de la prestigieuse école parisienne, scandant plusieurs revendications, et notamment "Libérez Sciences Po" ou "Libérez Gaza du Hamas". Une arrivée mal vue par les étudiants pro-palestiniens déjà présents sur place, entraînant une bousculade entre les partisans de chaque camps, rapporte Sud Radio.

Dans un communiqué publié ce vendredi 26 avril, la direction de Sciences Po a condamné avec la plus grande fermeté ces actions étudiantes qui "empêchent le bon fonctionnement de l'institution et pénalisent les étudiants, enseignants et salariés de Sciences Po", alors que plusieurs cours ont dû être annulés. La ministre de l'Enseignement supérieur, Sylvie Retailleau, a quant à elle dit sur BFMTV regretter un débat non "apaisé" ainsi que "des lignes rouges qui ont été franchies". Et de préciser : "Le débat, oui. Le blocage, non", fustigeant le "jeu dangereux" de La France insoumise dans la mobilisation.

En déplacement à Erevan en Arménie, Jean-Luc Mélenchon a en effet apporté son soutien aux étudiants mobilisés sur X, estimant que ces derniers sont "pour nous, l'honneur de notre pays". Rima Hassan, candidate en 7ème position sur la liste LFI et juriste propalestinienne, avait, de son côté, fait le déplacement devant Sciences Po pour apporter son soutien à des étudiants "courageux" et "lumineux" dans leur lutte.