Discours de Macron, en direct : un plan pour l'Europe et un torrent de critiques de l'opposition
- Emmanuel Macron a prononcé un discours de près de deux heures sur l'Europe, ce jeudi à La Sorbonne, à quelques semaines des élections européennes. Il a fixé un objectif : atteindre une "Europe puissance".
- "L'Europe peut mourir" a assuré le chef de l'Etat au début de son discours. Pour éviter ce scénario, il veut réaffirmer la puissance et la souveraineté européenne via trois axes : "la puissance, la prospérité et l'humanisme".
- Emmanuel Macron veut développer le volet sécurité en Europe, notamment en oeuvrant pour "la dissuasion nucléaire" et en créant un "cadre commun" de sécurité et de défense et l'organisation d'une vraie politique industrielle de défense avec une préférence européenne dans l'achat de matériel militaire". Mais aussi avec une "vraie coordination des pays membres" sur l'immigration.
- Sur le plan économique, Emmanuel Macron appelle à un revoir le modèle de croissance qui n'est plus adapté. "Il faut stopper la surrèglementation, accroitre l'investissement et mieux protéger nos intérêts", "produire plus et vert", simplifier le modèle en s'approchant d'un "marché unique" et accélérer sur le "made in Europe".
- Emmanuel veut avant tout défendre "l'humanisme européen" assurant que "être européen, ce n'est pas seulement habiter une terre, c'est défendre une certaine idée de l'homme, qui place l'individu libre, rationnel et éclairé au-dessus de tout".
- Le discours d'Emmanuel Macron a été qualifié de meeting déguisé en pleine campagne pour les élections européennes par les oppositions. Et à certains égards, les mesures et ambitions annoncées par le chef de l'Etat ont eu des allures de programme. Le président de la République a également ponctué son discours de tacles à ces oppositions, notamment au RN. "Tous les nationalismes à travers l'Europe n'osent plus dire qu'ils vont sortir de l'Euro et de l'Europe" a-t-il lâché à la fin de sa prise de parole.
Le discours d'Emmanuel Macron à La Sorbonne en vidéo :
Dans un discours (très) long de près de deux heures, Emmanuel Macron a "renoué le fil des accomplissements et parlé de l'avenir" de l'Europe. Souhaitant à la fois dresser le bilan et dérouler sa vision pour le futur, le président de la République a prononcé un discours aux airs de programme à la Sorbonne, le jeudi 25 avril, à quelques semaines des élections européennes. S'il a commencé par évoquer des "réussites" européennes "en matière de souveraineté et d'unité" - "l'unité financière pour sortir de la pandémie", "l'unité stratégique" sur la santé notamment concernant la production de vaccins, ou la défense en référence à la guerre en Ukraine avec une "vrai stratégie d'autonomie" vis-à-vis de la Russie - il a concédé que "nous n'avons pas tout réussi". Et son discours est très vite devenu alarmiste.
"L'Europe est mortelle, elle peut mourir", a déclaré Emmanuel Macron en évoquant le volet de la sécurité et du contexte mondial. "C'est aujourd'hui que se joue la question de la paix sur notre continent". "L'Europe est en situation d'encerclement", évoquant notamment la Russie et l'Iran. "Le risque est immense d'être fragilisée, voire reléguée", assure le président. Selon lui, l'Europe peine dans plusieurs domaines, est trop lente face au réarmement mondial et que son "modèle économique n'est plus soutenable".
Le constat et l'avertissement posé, Emmanuel Macron a déroulé une série de mesures pour relever l'Europe. Son plan repose sur trois axes à investir pour atteindre une souveraineté européenne forte et permettre à l'Europe "d'être un continent qui ne disparait pas" : "puissance, prospérité et humanisme".
Macron sur le volet sécuritaire
Emmanuel Macron a remis la guerre en Ukraine sur la table et a présenté la Russie comme un "ennemi désinhibé" contre lequel il faut s'armer. La menace russe posée, le chef de l'Etat a indiqué vouloir développer le volet de la sécurité et cybersécurité à l'échelle européenne. "La dissuasion nucléaire est un élément stratégique de la défense du continent européen", rappelle-t-il. Il souhaite également un "cadre commun" de sécurité et de défense et l'organisation d'une vraie politique industrielle de défense avec une préférence européenne dans l'achat de matériel militaire".
En parlant de la sécurité, Emmanuel Macron a aussi mentionné la question de l'immigration. Il a prôné "une vraie coordination des pays membres" contre l'immigration des personnes qui n'ont pas vocation à entrer en Europe. Cela demandera plus de coordination avec les pays d'origine et de transit et avec une lutte "contre le modèle économique des passeurs et des trafiquants d'êtres humains", selon lui.
Des ambitions économiques
Après la sécurité, place à l'économie. "C'est maintenant qu'il ne faut stopper la surrèglementation, accroitre l'investissement et mieux protéger nos intérêts" a commencé Emmanuel Macron. Il faut "produire plus et vert" avec l'objectif d'être le premier continent "0 plastique" a-t-il ajouté. Il souhaite aussi la simplification en poursuivant l'objectif d'un "marché unique" dans plus de domaines comme le financier par exemple. Il estime également qu'il faut revoir aussi les seuils et les obligations des TPE et PME et d'accélérer sur la politique industrielle avec le "made in Europe".
Emmanuel Macron a ensuite insisté sur quelques points, à commencer par l'industrie et ses secteurs d'avenir. Le chef de l'Etat veut que l'Europe devienne "un leader mondial d'ici 2030" dans le domaine spatial et que l'Europe se place en favori en matière d'intelligence artificielle. Coup de projecteur ensuite sur la crise agricole et le sujet de la PAC, politique agricole commune, qui était un des sujets de discorde. Emmanuel Macron a estimé que la crise agricole n'était pas contre l'Europe, mais davantage une "colère contre la surrèglementation, les normes aberrantes". Il souhaite donc une PAC simplifiée et forte. Une simplification qui doit être étendu sur tout le secteur économique, il faut mettre fin à l'Europe compliquée selon lui.
Enfin, l'économie de l'Europe dépend de sa "capacité à investir, pardon de le dire comme ça, "l'argent"". Il vise à doubler la capacité d'actions financières de l'Europe, à "accélérer les capacités de financement en commun" et à mieux investir l'épargne.
Le développement de la culture européenne
Emmanuel Macron a ensuite insisté sur la culture européenne et l'importance de la développer. "L'Europe peut mourir d'elle-même. Nous nous retrouvons dans un moment où l'Europe doute d'elle-même. A nouveau, elle ne s'aime pas. Quand on voit tout ce qu'elle a fait, ce qu'on lui doit, c'est étrange" , a-t-il déclaré. Emmanuel Macron compte bien lutter contre ce déclin en scellant une promesse "de défendre l'humanisme européen". "Nous ne sommes pas comme les autres", insiste le chef de l'Etat. "Etre européen, ce n'est pas seulement habiter une terre, c'est défendre une certaine idée de l'homme, qui place l'individu libre, rationnel et éclairé au-dessus de tout", assure le président. Il a aussi rappelé le besoin que tous les pays européens répondent aux mêmes principes fondamentaux rappelant que "l'Europe n'est pas un guichet dans lequel on accepte de choisir les principes". Dans l'optique de partager les mêmes valeurs, Emmanuel Macron a rappelé son combat pour "inscrire le droit à l'IVG dans la Charte des droits fondamentaux de l'UE" après l'entrée du texte dans la Constitution française.
Qui dit culture, dit éducation. Et sur ce sujet Emmanuel Macron a dit vouloir décupler "l'Eramus de l'apprentissage et de la formation professionnelle, avec un objectif d'au moins 15% des apprentis en mobilité professionnelle d'ici 2030". Il met aussi en avant la création "d'alliances entre les musées européens" ainsi que de "bibliothèques européennes" et la volonté de placer Arte comme "plateforme de référence" audiovisuelle. Plusieurs mesures à l'adresse des jeunes qui doivent être mieux protégés sur Internent, selon le chef de l'Etat qui exige la mise en place de la majorité numérique à 15 ans pour empêcher les jeunes de circuler librement sur Internet à un âge jugé bien trop jeune.
Des tacles politiques au RN et aux oppositions
Le discours d'Emmanuel Macron a aussi été l'occasion de lâcher quelques piques à l'adresse des oppositions. Le Rassemblement national a été particulièrement visé lorsque le chef de l'Etat a déclaré que "plus personne n'ose proposer des sorties de l'Europe et de l'Euro", pas même les nationalistes. Un dénonciation réitérée à la fin de son discours.
Un autre tacle a été formulé plus tard au moment d'évoquer les accords de libre-échange. S'il a appelé à être plus exigeant avec les produits importés, Emmanuel Macron refuse de renoncer aux accords de libre-échange et il a taxé de "démagogie" toutes les positions qui consistent à dénoncer les accords de libre-échange, comme le Ceta avec le Canada qui a été rejeté par l'opposition au Parlement. Un message de fait adressé à certains partis de l'opposition qui se disent contre ces accords.