Remaniement : un calendrier serré pour Emmanuel Macron
La composition du gouvernement pourrait être largement chamboulée d'ici au 18 juillet prochain. Tout comprendre sur les jours qui arrivent et la marge de manoeuvre dont disposent Emmanuel Macron et son équipe gouvernementale.
Conformément à la tradition républicaine, Emmanuel Macron doit nommer un Premier ministre issu du parti majoritaire aux dernières élections législatives dans les prochains jours, à savoir, le Nouveau Front populaire. Dans les faits, rien ne l'oblige à le faire. En vertu de l'article 8 de la Constitution française, le président de la République est la seule personne habilitée à nommer le nouveau Premier ministre. Il s'agit d'un choix discrétionnaire du chef de l'Etat, sans conditions particulières. La logique veut que la personnalité choisie rassemble un soutien parlementaire suffisant pour éviter une motion de censure. Si une motion de censure est adoptée par la majorité des membres de l'Assemblée nationale contre ce nouveau Premier ministre, le gouvernement est alors renversé. Reste désormais à connaître le nom du nouveau premier ministre, et la date à laquelle il sera nommé, au même titre que les autres membre d'un potentiel nouveau gouvernement.
Quelle date pour le remaniement ?
Le Président de la République peut décider de procéder à un remaniement pour diverses raisons, comme pour redonner de l'élan à un gouvernement ou répondre à des crises politiques. En l'occurrence, il s'imposera à lui pour une raison : sans majorité relative ou sans soutien des députés, le gouvernement tombera. Le Président nommera le Premier ministre et, sur proposition de celui-ci, nommera les autres membres du gouvernement.
Quand le gouvernement pourrait-il changer ? Voilà la question principale à laquelle va devoir répondre Emmanuel Macron. Une fois la démission de Gabriel Attal refusée pour "assurer la stabilité du pays", le gouvernement en place conserve l'ensemble de ses devoirs. Si le plus jeune Premier ministre de la Ve République restera en place "aussi longtemps que le devoir l'exigera", ses heures sont comptées à Matignon. Notamment car, en raison de la situation actuelle dans laquelle le gouvernement n'est pas démissionnaire, les ministres élus à l'Assemblée nationale après les élections législatives anticipés ne pourront pas participer aux votes-clés dans l'hémicycle la semaine prochaine.
Voilà pourquoi, le scénario d'une prolongation à moyen terme de Gabriel Attal a peu de chances de voir le jour. Si Emmanuel Macron venait à accepter la démission de son Premier ministre, les ministres en place deviendraient démissionnaires jusqu'à la désignation d'une nouvelle équipe gouvernementale. Dans le même temps, pour les ministres élus qui souhaitent être députés et peser à l'Assemblée, en s'inscrivant notamment dans les commissions à des postes-clés, la date limite pour la constitution des groupes est fixée au 18 juillet 2024 ! Sous réserve de l'acceptation de leur démission par Emmanuel Macron. Désormais, le temps presse et les voix de ces fameux ministres élus pourraient bien compter au moment de voter des textes contestés.
L'annonce d'un remaniement pourrait donc intervenir dans les prochains jours, au même titre que la proposition d'un Premier ministre de gauche par le Nouveau Front populaire. L'alliance vainqueur des élections législatives anticipées ne s'est toujours pas positionnée pour faire émerger un leader. Si les noms de François Ruffin, Clémentine Autain, Clémence Guetté ou encore Marine Tondelier circulent, aucune décision n'a été prise.
Darmanin, Riester, Fesneau... Ces ministres élus députés
Arrivés en deuxième position dans leur circonscription lors du premier tour, le sort de Gérald Darmanin (ministre de l'Intérieur), Thomas Cazenave (ministre délégué aux Comptes publics de France), Stéphane Séjourné (ministre des Affaires étrangères), Prisca Thevenot (porte-parole du gouvernement), Olivia Grégoire (ministre déléguée des Petites et Moyennes Entreprises), Jean-Noël Barrot (ministre délégué chargé de l'Europe), Aurore Bergé (ministre chargée de l'Egalité), Marie Lebec (ministre déléguée chargée des relations avec le Parlement), Hervé Berville (secrétaire d'État chargé de la Mer et de la Biodiversité) et Roland Lescure (ministre délégué à l'industrie et à l'énergie), Franck Riester (ministre délégué chargé du Commerce extérieur), Frédéric Valletoux (ministre de la Santé), Agnès Pannier-Runacher (ministre déléguée auprès du ministre de l'agriculture), Marc Fesneau (ministre de l'Agriculture), Marina Ferrari (secrétaire d'État chargée du numérique) et Guillaume Kasbarian (ministre délégué au Logement) était suspendu au vote des électeurs au second tour. Tous ont été élus comme députés.
Stanislas Guérini et Sarah El Haïry défaits au second tour
Pour Marie Guévenoux (ministre déléguée chargée des Outre-mer), Sabrina Agresti-Roubache (secrétaire d'État chargée de la Ville de France), Fadila Khattabi (ministre chargée des Personnes handicapées), Patricia Mirallès (secrétaire d'État auprès du ministre des Armées) et Dominique Faure (ministre déléguée chargée de la Ruralité), la partie était perdue avant même le second tour des élections législatives. Les cinq candidates avaient décidé de se désister dans leur circonscription à l'issue des résultats du premier tour, répondant favorablement à l'appel d'un barrage face au RN de la part de Gabriel Attal.
En revanche, Stanislas Guérini (ministre de la Transformation numérique) et Sarah El Haïry (ministre déléguée chargée de l'Enfance, de la Jeunesse et des Familles) ont tous deux été battus au second tour par le NFP.