Caroline Magne : cumul d'emplois, détournement de fonds ? Affaire encombrante pour Eric Ciotti
Le parquet national financier enquête toujours sur le cumul d'emplois de Caroline Magne, ex-épouse et ancienne collaboratrice d'Eric Ciotti. L'affaire pourrait gêner le député niçois nouvellement élu président des Républicains.
[Mis à jour le 12 décembre à 13h] Caroline Magne comme Eric Ciotti sont restés muets sur l'enquête du parquet national financier (PNF). Mais alors que le député des Alpes-Maritimes a été élu président des Républicains le 11 décembre 2022, son nouveau rôle pourrait être terni par d'éventuelles nouvelles révélations. Le PNF poursuit les investigations sur l'enquête préliminaire ouverte le 22 novembre pour "détournement de fonds public", "abus de confiance" et "recel". La juridiction entend aussi "vérifier le bien-fondé des éléments parus dans la presse", notamment des informations du Canard Enchaîné sur le cumul d'emplois par Caroline Magne, ex-femme du leader LR. Les nombreux postes occupés par l'ancienne épouse d'Eric Ciotti ont depuis été énumérés par les médias comme Le Monde et Libération, lequel a indiqué que Caroline Magne avait exercé plusieurs emplois pendant dix ans alors qu'elle était l'assistante parlementaire d'Eric Ciotti.
Le député des Alpes-Maritimes alors en campagne pour être élu à la présidence des Républicains au moment des révélations s'est dit "bassement attaqué" et s'est défendu dans un communiqué publié le 15 novembre en assurant que son ex-femme avait travaillé à ses côtés "comme collaboratrice parlementaire en circonscription [...] à temps très partiel". L'élu a détaillé ses arguments en précisant que Caroline Magne travaillait "pour une durée de 5h25 par semaine" et qu'au même moment le cumul des activités de son ex-femme en "dépass[ait] pas 44 heures par semaine". Eric Ciotti va suivre l'affaire Caroline Magne de près conscient des difficultés qu'elle pourrait entraîner pour lui, nouveau président de la droite. Le politique et son ancienne compagne peuvent aussi compter sur d'autres poids des Républicains, notamment le président du groupe LR à l'Assemblée nationale Olivier Marleix qui a critiqué l'ouverture d'une enquête par le PNF dénonçant la pratique d'un "deux poids deux mesures" et d'une "juridiction d'exception pour Les Républicains", note Le Monde.
De quels emplois et argent public parle-t-on ?
D'abord attachée de presse de Christian Estrosi, alors maire de Nice, Caroline Magne devient attachée parlementaire d'Éric Ciotti en 2007, lorsque celui-ci est élu député. Selon Le Canard Enchaîné, la jeune femme était aussi cette année-là employée du Conseil départemental des Alpes maritimes. Le Canard indique que lorsque Éric Ciotti en a pris la présidence, à la suite des élections départementales de 2008, elle s'est vue confier un plus large périmètre, avec des "compétences étendues".
Caroline Magne est nommée directrice adjointe du maire de Nice à cette période, puis occupe un poste à responsabilité au sein de la communauté urbaine de l'agglomération, jusqu'en 2011. Elle quitte le cabinet du maire de Nice en 2012, suite aux différents survenus cette année entre Christian Estrosi et Éric Ciotti. Par ailleurs, entre 2012 et 2014, elle aurait été employée par le diocèse de Nice, puis, entre 2014 et 2016, par la commune de La Colle-sur-Loup, comme directrice générale des services (DGS).
Selon les informations de Libération, Caroligne Magne a été rémunérée près de 20 000 euros par an pour son poste d'assistante parlementaire auprès de son époux, les premières années de son mandat, à mi-temps. Elle a cumulé plusieurs emplois publics sans avoir obtenu d'autorisation de cumul, ce qui est pourtant exigé par la loi. Autre montant communiqué par Libération : la municipalité de La Colle-sur-Loup lui versait un salaire de 67 000 euros bruts par an.
Que répond Caroline Magne ?
Son ex-époux, Éric Ciotti, a réagi en publiant un communiqué, s'estimant directement ciblé et "bassement attaqué". Le député des Alpes-Maritimes a indiqué avoir employé son épouse comme collaboratrice parlementaire "dans le strict respect des lois et des règlements". Selon ses calculs, les fonctions d'attachée parlementaire, "en circonscription", pour lesquelles elle a été rétribuée, atteignaient "5h25 par semaine". Employée à la municipalité de La Colle-sur-Loup, elle occupait un poste sur 5h25 par semaine", a-t-il aussi précisé.
Caroline Magne a, quant à elle, transmis un document à Libération, qui s'est intéressé au cumul de ses emplois, pour donner des éléments de justification. L'ancienne épouse d'Éric Ciotti a fourni une attestation, signée par Jean-Philippe Chauvin, ex-adjoint aux finances de La Colle-sur-Loup, assurant que Caroline Magne a "pris ses fonctions dans le cadre du temps non complet convenu, à savoir à concurrence de 40 %, étant précisé que l'intéressée a choisi par ailleurs, en accord avec le maire de la commune de la Colle-sur-Loup, d'exercer notamment, en cumul d'emploi, un emploi de collaboratrice parlementaire occasionnelle". Mais Libération rapporte que "ce qui est décrit ne correspond pas à la réalité", spécifiant que "Caroline Magne n'a jamais occupé de poste de 'collaboratrice de cabinet' du maire ni travaillé à 40 %". Et "elle n'a pas davantage obtenu d'autorisation de cumul avec son poste de collaboratrice parlementaire". Comme l'indique par ailleurs Libération, les agents non titulaires de droit public, comme ceux occupants les postes de DGS, ne sont pas autorisés, depuis un décret de 2007, à exercer des postes politiques comme celui de collaborateur parlementaire.